Bedoui l’a réaffirmé hier: « La conjoncture sensible que traverse l’Algérie exige la mobilisation de tous »

0
939

 Le Premier ministre, Noureddine Bedoui a affirmé hier que « la conjoncture sensible » que traverse l’Algérie « exige de se mobiliser tel un seul homme afin d’assurer les besoins des citoyens et le bon fonctionnement des services et des institutions ».

Dans une allocution à l’occasion de l’installation de M. Salaheddine Dahmoune à la tête du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire, M. Bedoui a indiqué que « cette conjoncture sensible exige de se mobiliser tel un seul homme afin d’assurer le bon fonctionnement des services et de mieux répondre aux besoins des citoyens, tout en veillant à la sécurité et à la sérénité », « Notre mission principale, en cette période historique, est de servir les citoyens, placés toujours au cœur de tous les projets », a-t-il ajouté. Saluant « la force du peuple algérien dans la préservation des acquis, des institutions et de l’esprit de complémentarité entre lui (peuple) et les institutions de l’Etat », le Premier ministre a mis en avant « la sagesse et le haut sens de responsabilité dont a fait preuve le peuple algérien pour entrer dans une nouvelle phase ». Après avoir rappelé que le pays s’apprêtait à accueillir « d’importantes échéances intéressant le citoyens, à l’instar des examens scolaires », Bedoui a mis l’accent sur « la nécessité de poursuivre le travail avec autant de détermination pour édifier une Algérie nouvelle qui réponde aux aspiration du peuple algérien », soulignant que « le ministère de l’Intérieur jouera un rôle important pour mener le pays à bon port dans le cadre des valeurs constitutionnelles nationales ». A cette occasion, le Premier ministre a salué le « patriotisme dont ont fait montre les employés de tous les corps ». Bedoui qui avait précisé que le travail de cette équipe gouvernementale consiste à mettre tous les moyens pour permettre le bon fonctionnement des différents services et institutions du pays, estime également que le nouveau gouvernement œuvrera à instaurer un climat de « confiance » et de « sérénité », appelant l’opposition politique et tous les partenaires au dialogue et à placer les intérêts de l’Algérie au-dessus de toute autre considération. « Nous lançons un appel à tous les partenaires politiques, notamment ceux qui sont dans l’opposition, au dialogue et à nous écouter les uns les autres afin de pouvoir dépasser la conjoncture difficile que traverse notre pays », avait souligné M. Bedoui, estimant que « les défis sont tels qu’aucune partie ne peut prétendre les relever seule ». Pour de nombreux acteurs politiques, l’Algérie traverse une étape particulière de son histoire et les Algériens sont dans l’attente de la concrétisation de leurs aspirations, exprimées lors des marches pacifiques à travers l’ensemble du territoire national, ajoutant que le temps et la confiance sont nécessaires pour la concrétisation de toutes les aspirations exprimées par le peuple algérien, toutes catégories confondues, dont les jeunes. Le nouveau chef de l’exécutif s’est, en outre, engagé à « œuvrer avec sérieux et dévouement à l’accompagnement de des réformes et à leur concrétisation sur le terrain et à être à l’écoute du peuple algérien, à son service et proche de lui, notamment pour répondre aux appels que nous avons entendus ces dernières semaines.» Il faut dire que la conjoncture actuelle, marquée par de nombreux défis, implique l’adhésion de toutes les composantes de la société autour de ces aspirations qui ont fait l’objet d’une feuille de route et de réformes profondes que connaitra la nouvelle Algérie. En réponse aux différentes remarques et positions des partis politiques envers la proposition du Général de Corps d’Armée, vice-ministre de la défense nationale, Chef d’Etat-Major de l’ANP relative à L’activation de l’article 102 de la Constitution comme solution à la crise politique que traverse le pays, ce dernier a proposé samedi dernier L’application de deux autres articles de la loi fondamentale du pays. Outre l’article 102 déjà proposé, il s’agit des articles 7, 8 de la Constitution. L’article 7 stipule que « le peuple est la source de tout pouvoir », alors que l’article 8 réaffirme « le peuple exerce sa souveraineté par l’intermédiaire des institutions qu’il se donne » et aussi par voie de référendum et par l’intermédiaire de ses représentants élus ». Le Mouvement de la société de la paix (MSP) a estimé dans ce cadre que l’application de l’article 102 de la Constitution, enclenchant la procédure de déclaration de l’état d’empêchement du président de la République, est une issue à la crise, relevant, toutefois, qu’elle « ne permet pas à elle seule la concrétisation des réformes, la transition démocratique et l’organisation d’élections crédibles et transparentes ». Situant le rôle de l’armée dans cette conjoncture, il a indiqué qu’il lui revient « d’accompagner » l’aboutissement d’un règlement politique de consensus à la crise politique et la préservation du caractère civil de l’Etat algérien, réitérant son appel pour la création d’une instance indépendante d’organisation des élections. Abondant dans le même sens, le parti Talaie El-Hourriyate de l’ancien chef du gouvernement Ali Benflis, a considéré que l’appel du général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), portant sur l’application de l’article 102 de la Constitution, « illustre la volonté de l’ANP à contribuer à trouver une issue rapide à la crise actuelle à même d’éviter que la situation ne se complique davantage ». Néanmoins, l’application de l’article 102 à elle seule « ne suffit pas comme base de règlement de la crise politique », selon ce parti qui juge nécessaire d’assurer les « conditions de transparence » pour permettre au peuple algérien d’exprimer son choix « librement et sans aucune tutelle ». Le Rassemblement national démocratique (RND), l’un des principaux partis de l’alliance présidentielle, a préconisé de former « rapidement » un gouvernement afin d’éviter tout vide constitutionnel. Son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, a salué la proposition du général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, relative à l’application de l’article 102 de la Constitution, estimant que cela « évitera au pays une situation de blocage », rendant hommage à l’ANP qui « veille à la sécurité de l’Algérie et au respect de la Constitution ». Ouyahia a indiqué avoir exhorté, il y a quelques jours, le pouvoir à consentir « davantage de concessions » en vue d’appliquer la politique annoncée dans les messages du président de la République en date du 3 et 11 mars. Cependant, a-t-il ajouté, les évènements enregistrés au quotidien démontrent que cette démarche politique se confronte à une impasse ». Il a invité, dans le même temps, M. Bouteflika à « présenter sa démission conformément à l’article 102 de la Constitution ». A l’opposé de cette vision, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui considère que l’application de l’article 102 de la Constitution intervient « tard », propose une mise à plat de l’édifice institutionnel. Pour ce faire, il a préconisé la démission du chef de l’Etat et la dissolution des deux chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel. Le premier pas consiste ensuite à créer une « haute instance de transition, dotée de tous les moyens » pour piloter une phase de transition « la plus courte possible ». Dans la foulée, le parti, présidé par Mohcine Belabbas, se prononce en faveur de l’élaboration d’un projet de la nouvelle Constitution et de nouvelle loi électorale. Il a proposé également la création d’une instance nationale indépendante pour l’organisation des élections, dans le cadre de ce processus devant aboutir l’élection du président de la République « avant fin octobre 2019 ». Le Front des forces socialistes (FFS), qui a toujours revendiqué l’élection d’une assemblée constituante, a adopté une position tranchée, estimant que l’application de l’article 102 « ne répond pas aux revendications du peuple algérien qui demande le changement du système et non un changement dans le système ». Pour le plus vieux parti d’opposition, le changement « doit être l’émanation de la volonté populaire par l’élection d’une assemblée constituante souveraine et l’avènement de la 2ème république, c’est-à-dire la consécration de l’Etat de droit, l’alternative démocratique et sociale ». Le Parti des travailleurs (PT) a noté, de son côté, que l’application de cet article implique le « maintien » du gouvernement actuel et les deux chambres du Parlement, dont « le départ est réclamé par l’écrasante majorité du peuple ». Pour cette formation, la seule issue réside dans une « assemblée constituante nationale souveraine », par le biais de laquelle le peuple définira la nature du régime et des institutions à mettre en place pour « la satisfaction de toutes ses aspirations démocratiques, économiques, sociales, et culturelles ». Avant que le chef d’état-major ne rende publique, le 26 mars, sa proposition d’application de l’article 102 de la Constitution, le parti du Front de libération nationale (FLN) avait appelé l’ensemble des forces politiques à adhérer à la feuille de route (Conférence nationale inclusive) à laquelle avait appelé le président Bouteflika, affirmant que toutes les propositions qui « tentent de créer des cas de vacance au sein des institutions de l’Etat peuvent conduire à l’anarchie ». Cette formation a rejeté la proposition de mise en place d’une « instance présidentielle », estimant qu’elle va « recréer le scénario de 1992 à travers les tentations d’implication de l’armée dans le processus ». Des partis d’opposition, des représentants de syndicats autonomes et des personnalités nationales, réunies le 23 mars au siège du Front algérien pour le développement, la liberté et la justice (FADLJ), avaient proposé « une feuille de route pour une solution politique dans le cadre de la légitimité populaire, à mettre en œuvre au terme de l’actuel mandat présidentiel ». Cette feuille de route prévoit « l’institution d’une courte période de transition au cours de laquelle les prérogatives du président sortant seront transférées à une instance présidentielle composée de personnalités nationales connues pour leur crédibilité, probité et compétence. L’Instance aura pour mission de prendre en charge les revendications du peuple et ses membres s’abstiendront de toute candidature ou proposition de candidature lors des prochaines échéances électorales ».