La librairie Média-plus de Constantine a organisé une rencontre-débat avec la moudjahida Hadjira Kessali Benazzouz, rescapée d’un des plus importants centre de torture mis en place par l’armée coloniale durant la guerre de libération « la ferme Ameziane ».
Quelques jours seulement après la parution aux éditions médias-plus du nouvel ouvrage de l’historienne Claire Mauss-Copeaux « Hadjira : La ferme Ameziane et au-delà… » s’appuyant sur le témoignage de Hadjira pour décrire l’enfer de la torture coloniale et l’atroce ferme Ameziane, Hadjira Kessali Benazzouz est venue parler de son histoire et de ses douleurs gardées secrètes pendant près de soixante ans maintenant mais également de sa rencontre et du travail d’écriture accompli avec Claire Mauss-Copeaux. Pendant près de deux heures, cette ancienne militante, aujourd’hui âgée de 81 ans, est revenue, lors d’une rencontre tenue samedi après-midi, sur son passé parmi les fidaines et sur ses douloureux séjours au Centre de renseignement et d’action (CRA) de Hamma Bouziane et à la ferme Ameziane, répondant avec courage et beaucoup d’humilité aux questions de l’assistance sans jamais se poser en victime. « J’étais encore une jeune fille frêle de 21 ans quand j’étais embarquée par les paras vers la ferme Ameziane », se souvient-elle. « Je me trouvais dans une grande pièce où tous les instruments de torture m’entouraient. (…) Aucun répit, tous les jours de la semaine, soit le matin, soit l’après-midi, je suis passée par ces instruments de torture », se souvient-elle encore. Et d’ajouter : « Mon histoire est aussi celle de milliers de mes compatriotes qui ont subi les mêmes atrocités que moi, noyade électricité morsures de chiens, humiliations en tout genre’’. La militante a tenu à souligner qu’en exhumant son récit autobiographique, elle rappelle « l’horreur de la torture coloniale occultée par la France ». Cette rescapée de l’horreur et tout le public venu rendre part à cette rencontre littéraire ont émis le souhait de voir la ferme Ameziane transformée en un haut lieu de mémoire pour que la « génération montante sache le prix de la liberté et de l’indépendance », a-t-elle dit. Avant « Hadjira : La ferme Ameziane et au-delà.. », l’historienne Claire Mauss-Copeaux a publié plusieurs ouvrages sur les mémoires des conflits. Pour ce faire, elle a croisé des récits puisés des archives, se basant sur des investigations menées sur les deux rives de la Méditerranée. Elle est notamment l’auteure de « La Source, Mémoires d’un massacre : Oudjehane 11 mai 1956 » (Payot, 2013 et éditions Média-Plus, 2015) et « Algérie, 20 août 1955. Insurrection, répression, massacres » (Payot et Rivages, 2011 et Média-Plus, 2012).
Benadel M