Au moins 200 personnes ont été tuées et 25 000 autres arrêtées dans des opérations sécuritaires depuis deux mois pour lutter contre la drogue au Bangladesh, a rapporté, ce mardi, une organisation locale de défense des Droits de l’Homme.
Le pays pauvre d’Asie du Sud de 160 millions d’habitants peine à contenir un afflux de drogues, particulièrement les pilules de méthamphétamine appelées «yaba» en provenance d’Asie du Sud-Est voisine, qui se répandent dans les villes et villages. «C’est sans précédent au Bangladesh. Tant de personnes tuées dans un laps de temps si court», a déclaré Sheepa Hafiza, directrice exécutive de l’ONG bangladaise Aïn o Salish Kendra. «C’est extrêmement malheureux. Nous condamnons ces exécutions extra-judiciaires et demandons des enquêtes équitables pour chacune des morts», a-t-elle ajouté. Le gouvernement bangladais prévoit de faire durer cette «guerre», qui rappelle une campagne similaire aux Philippines, le temps nécessaire pour maîtriser les réseaux de drogues. Les autorités assurent que les présumés trafiquants tués sont impliqués dans au moins 10 crimes liés aux stupéfiants. Les défenseurs des Droits de l’Homme soutiennent que nombre de victimes sont abattues volontairement par la police dans des exécutions maquillées en fusillades et que cette opération sert aussi de couverture à des règlements de comptes. La mort d’un conseiller municipal dans un raid antidrogue a causé un tollé national début juin lorsque sa femme a publié des enregistrements audio contredisant la version officielle. Le mois dernier, l’ONU s’est dite «inquiète» du grand nombre de personnes tuées dans cette campagne et a appelé les autorités au respect de la règle de la loi. Des quantités faramineuses et en nette augmentation de pilules de «yaba» sont entrées clandestinement au Bangladesh depuis la Birmanie, producteur majeur de cette drogue de synthèse. Dacca a saisi un nombre record de 40 millions de pilules l’année dernière et estime qu’environ 250-300 millions ont malgré tout pénétré sur son territoire.