«Nous sommes exposés au risque de la propagation du sida ainsi que d’autres maladies sexuellement transmissibles à cause de la présence de ces migrants ». Celui qui a fait cette déclaration n’est autre que le préposé officiel aux Droits de l’Homme. Ainsi, il a résolu plus vite et mieux que les chercheurs et les praticiens la grande énigme de ce virus mortel puisqu’il nous suffit de renvoyer tous les Subsahariens et de fermer les frontières du Sud pour enfin éradiquer cette terrible maladie. Comment donc n’y avons pas pensé avant? Cette déclaration imprégnée de racisme ordinaire ne reflète pas du tout l’esprit de solidarité et de compassion de l’Algérien toujours prompt à tendre la main. Parce qu’il a souffert lui-même d’une longue guerre qui l’a obligé à de constants déplacements et même à l’exil. Paradoxalement, la compassion vient d’un imam, celui de Djamaâ El Kebir à Alger, qui a, lors d’une rencontre sur le sida, fait une remarquable intervention pleine de solidarité et de générosité en appelant «à la compassion et à la miséricorde à l’égard de ces personnes atteintes dans leur corps»! Vraisemblablement, les messages se sont inversés et c’est du préposé des Droits de l’Homme qu’on attendait de telles paroles d’apaisement, mais la générosité est venue d’un homme du culte et, franchement si celui-ci avait tenu de tels propos, cela n’aurait étonné personne tant nous sommes habitués à des prêches prônant l’intolérance, notamment à l’endroit des personnes atteintes de maladies sexuellement transmissibles. Mais cet imam nous donne là une leçon magistrale et Monsieur Ksentini devrait méditer ces paroles d’amour et de paix au lieu de se décharger sur des groupes de pauvres réfugiés qui ont fui la misère pour venir dans cette Algérie, terre d’accueil, où des patrons sans foi ni loi boivent leur sueur contre un salaire de subsistance. Imaginons un instant qu’un responsable européen des Droits de l’Homme ait fait cette déclaration foncièrement raciste à l’égard d’une communauté maghrébine: elle aurait soulevé un tollé indescriptible. Alors un peu de retenue! Ces Subsahariens sont des hommes et ils ont des droits.