Je tiens à féliciter les organisateurs de cette heureuse initiative car pour relever les nombreux défis qui l’attendent l’Algérie a besoin qu’un regard critique et juste soit posé sur sa situation sur ce qui a déjà été accompli et sur ce qu’il s’agit d’accomplir encore au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d’un même projet, d’une même ambition et d’une même espérance concilier la sécurité nationale , l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale et c’est à quoi me semble-t-il répond l’objectif de cette importante rencontre.
Sur la situation et les perspectives de l’économie algérienne Dans cette présente contribution, dont je tiens à remercier les organisateurs de leur aimable invitation, j’articulerai mon intervention sur la stratégie gazière mondiale et la place de l’Algérie face aux nouvelles mutations énergétiques gazières mondiales avant de terminer rapidement sur les perspectives de l’économie algérienne largement tributaire des futures recettes de Sonatrach
1.-Quelle est la place et perspectives du gaz au sein de l’économie mondiale ?
Les réserves se calculent par rapport au coût et à l’évolution du prix international, pouvant avoir des milliers de milliards de mètres cubes gazeux de réserves mais dont une fraction n’est pas rentable. Le mix énergétique est amené à évoluer et le gaz naturel, comme les autres énergies «historiques», sera amené à cohabiter avec des énergies renouvelables . -La structuration du Mix énergétique mondial au 01 janvier 2023 est composée du pétrole 32 , du gaz naturel 24%, du charbon 27% ,du nucléaire 3% , du renouvelable 14%. Selon les données internationales entre 2035/2040/2050 environ 60 à 65% de la consommation mondiale d’énergie sera constituée de la combinaison du gaz naturel, des énergies renouvelables l’Énergie hydraulique. l’’Énergie éolienne, l’Énergie solaire, la Biomasse , la Géothermie et le développement de l’hydrogène vert , bleu et blanc . On ne doit pas confondre les réserves de gaz tant avec la production que les exportations. A titre d’exemple pour l’Algérie, 15/20/% doivent être réinjectés dans les puits pour éviter leur dessèchement, 55% étant les exportations et 45% la consommation intérieure.. Le Centre international d’information sur le gaz naturel, Cedigaz, évalue les réserves prouvées mondiales de gaz naturel à 205 507 milliards de mètres cubes au 31 décembre 2022. Sefe Energy.fr donne par ordre pour les réserves commerciales de gaz : Russie 32 740 milliards de mètres cubes gazeux, l’Iran 32 100, le Qatar 24 700, le Turkménistan 13 600, les USA 12 300, la Chine 8400, le Venezuela 6300, l’Arabie Saoudite 6000, les Emirats 5900, le Nigeria 5500, l’Irak 3500, l’Algérie 2500 et le Canad 2400. Les réserves gazières sont très largement concentrées dans les pays du Proche-Orient (40%) et en Europe (33%), dont 23% pour la seule Russie. 31 décembre 2022, le ratio mondial des réserves sur la production commercialisée représente environ 50 années, au rythme de la production de l’année 2022. Il faut distinguer la production commercialisée par canalisation où actuellement contrairement au marché du pétrole qui est un marché mondial coté heure par heure, journée par journée à la bourse selon la loi de l’offre et de la demande , , la prédominance sont les canalisations environ 65%, étant prévu 50% en 2030 , étant donc un marché segmenté géographiquement et la production commercialisée par GNL qui demande de investissements à la fois pour les complexes et des terminaux pourrait atteindre 50% entre 2030/2040. Quant à l’évolution de la consommation et de la production mondiale de gaz, la demande mondiale de devrait augmenter de façon constante dans les 20 prochaines années, dans un contexte de réserves abondantes et d’une utilisation accrue du gaz pour produire de l’énergie, une hausse d’au moins 2% par an, pendant plusieurs décennies, ce qui devrait porter cette demande à 4500 milliards de mètres cubes de gaz par an d’ici à 2030 contre 3861 en 2020 et 4036 en 2021 et 4050 entre 2022 et 2023. Pour la production au niveau mondial en 2022, nous avons par ordre décroissant : USA 21 027 milliards de mètres cubes gazeux, la Russie 699, l’Iran 244, la Chine 219, le Canada 205, le Qatar 170, l’Australie 162, la Norvège 128, l’Arabie Saoudite 105, l’Algérie 102, mais possédant la troisième réserve mondiale de gaz de schiste environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, la Malaisie 76 et l’Egypte 68. Pour le GNL, nous avons la structure suivante au 1er janvier 2023 : USA 40,2% ; Russie 13,2% ; Qatar 13,1% ; Algérie 6,7% ; Norvège 6,6%. Concernant l’Afrique, (source APS), l’Algérie a exporté, en 2023, 13 millions de tonnes de GNL contre 10,2 en 2022, occupant la première place en tant qu’exportateur de GNL pour la première fois depuis 2010, dépassant ainsi le Nigeria. A fin 2023, nous avons la structure suivante de l’approvisionnement du marché européen par canalisation : Norvège 54%, Algérie 19% Russie à 17% contre 45% , avant les évènements de l’Ukraine, l’Algérie courant près de 40% de la consommation italienne et étant devenue pour l’Espagne, fin 2023 le premier client avant les USA et la Russie. Mais n’oublions pas la percée de l’Afrique où traditionnellement, ce sont au Nigéria, l’Algérie , l’ Égypte et la Libye où se trouvent les réserves et les sites de production de gaz les plus prouvés. Selon les données de Gloal Energy Monitor de 2022 la pré production se situe chez de nouveaux entrants sur le marché du gaz africain , environ 85% des nouvelles réserves de gaz naturel en phase de préproduction en Afrique se trouvent dans des pays qui jusqu’ici n’exploitent pas les combustibles fossiles. Nous avons le Mozambique abritant 44,9% de ces réserves prouvées, le Sénégal (15,1%), la Mauritanie (11,2%) et la Tanzanie (10%), l’Afrique du Sud (1,9%) , l’Éthiopie (0,8%) et devant inclure la Guinée équatoriale. Les réserves cumulées de ces pays étant évaluées à plus de 5200 milliards de mètres cubes gazeux et si les 79 projets en phase de pré production répertoriés en Afrique sont réalisés, la production gazière du continent augmentera d’environ 33% d’ici 2030. La carte gazière de l’Afrique devrait se modifier progressivement avec les nouveaux entrants sur le marché du gaz naturel les anciens producteurs cités ayant qui avaient accaparé 92% de la production du continent entre 1970 et 2022, les futurs hubs gaziers africains représenteront plus de 50% de la production gazière du continent entre 2030/2035. Mais la mise en exploitation concernant les infrastructures d’exportation, y compris dans les pays producteurs traditionnels, nécessiterait des investissements sur site vierge estimés à 329 milliards-de dollars. Les dépenses d’investissement dans les terminaux de GNL programmés sont estimées à environ 103 milliards de dollars, dont 92 % financeraient les terminaux d’exportation de GNL et les cinq principaux pays africains qui développeront des terminaux d’exportation sont la Tanzanie, le Mozambique, le Nigéria, la Mauritanie et le Sénégal.
2-Quelle est la place de l’Algérie dans l’approvisionnement en gaz de l’Europe ?
L’Algérie est avant tout un pays gazier, les réserves de pétrole selon le conseil des ministres de fin 2021 l’ayant estimé à 10 milliards de barils , la production avoisinant 1 million de barils/j dont 50% destinée à la consommation intérieure., dont je tiens à rappeler l’importante rencontre tenue à Alger du 29 février au 02 mars 2024 du sommet des pays exportateurs de pétrole et de gaz, le FPEG, constitué de 12 membres permanents (Algérie, Bolivie, Égypte, Guinée Équatoriale, Iran, Libye, Nigeria, Qatar, Russie, Trinité-et-Tobago, Émirats arabes unis, Venezuela) et 7 membres observateurs (Angola, Azerbaïdjan, Irak, Malaisie, Mauritanie, Mozambique, Pérou),ayant été rejoint par le Sénégal au cours de cette rencontre , les USA ne faisant pas partie de ce forum , cela a été un succès montrant la cohésion des pays membres, où la déclaration finale a mis en relief l’importance du gaz dans le cadre de la transition énergétique, son importance pour la croissance économique mondiale, l’énergie étant au cœur de la sécurité des Etats et donc un juste prix conciliant les intérêts des pays producteurs et des pays consommateurs afin de dynamiser l‘investissement du Biogaz Entre fin 2022 et fin 2023, nous avons la structure suivante de l’approvisionnement du marché européen par canalisation : Norvège 2022, 46,1% et fin 2023 54%- Russie 2022 17,4% et en 2023 à 17%- Algérie 2022 13,4% et en 2023 à 19%, deuxième exportateur en direction de l’Europe par canalisation , couvrant près de de 40% de la consommation italienne et étant devenu pour l’Espagne fin 2023 le premier fournisseur avant les USA et la Russie. L ‘Algérie est devenu le premier exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) en Afrique devant le Nigeria en 2023, qui a exporté 12,8 millions de tonnes de GNL en 2023, un volume en baisse de 9,9% comparativement à 2022 , les principaux pays importateurs de GNL algérien étant la Turquie (4,3 millions de tonnes), la France (3,2 millions), l’Italie (1,8 million), l’Espagne (1,4 million) et la Chine (0,4 million). Au niveau mondial, pour le GNL, nous avons la structure suivante au 01 janvier 2023 :USA 40,2% ; Russie 13,2% ; Qatar 13,1% ; Algérie 6,7% ; Norvège 6,6%. -. Ainsi, l’Algérie est devenu un acteur majeur dans l’approvisionnement en gaz de l‘Europe avec 35 milliards de mètres cubes gazeux le Transmed dont la capacité est de 33 milliards de mètres cubes gazeux, exportation environ 24,5 milliards de mètres cubes gazeux, la plus grande canalisation d’une capacité de 33 milliards de mètres cubes gazeux vers l’Italie via la Tunisie fonctionnant en sous capacités et Medgaz Algérie Espagne début étude 2001 fin 2002/203 opérationnelle 01 mars 2011 pour 8,5 milliards de mètres cubes gazeux et depuis septembre 2021 est passé après extension à 10,5 milliards de mètres cubes gazeux.
3.- Quelles sont les six axes de la stratégie énergétique de l’Algérie 2025/2030/2035 ?
Le premier axe est une politique maîtrisée de la transition énergétique maîtrisée dans la lutte contre le réchauffement climatique , étant .un pays semi-aride du fait qu’elle a connu, au cours siècle dernier, une augmentation de température de 0,3°C par décennie ainsi qu’un déficit de pluie de 15%, avec un stress hydrique avec des risques d’incendies, de pénuries d’eau douce et donc des impacts sur sa sécurité alimentaire. . Sonatrach dans le cadre du Mix énergétique entend axer sa politique sur la diminution des gaz torchés, la réduction de l’empreinte carbone, être un acteur efficace au sein de la chaîne des valeur internationales de l’ensemble des énergies Cela explique sa stratégie de réduire de 10 à 20% les effets de serre horizon 2030 , le projet du barrage vert, et les unités de dessalement d’eau de mer utilisant les énergies renouvelables, tout en utilisant d’autres techniques économisant l’eau dans l’agriculture comme le goutte à goutte. Le deuxième axe lié au précédent est l’amélioration de l’efficacité énergétique avec la révision des méthodes de construction, de l’utilisation raisonnée de l’énergie pour les secteurs énergivores par une nouvelle politique des tarifs car les anciennes normes induisent une forte consommation d’énergie, alors que les techniques modernes économisent de 40 à 50% de la consommation. , ainsi qu’une politique de subventions ciblées pour les ménages (étude réalisée sous notre direction assisté par le bureau d ‘études américain Ernst & Young 2008, une nouvelle politique de subventions des carburants Ministère de ’l’énergie 2008, 7 volumes 680 pages) Le troisième axe , est relatif à l’investissement en amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, la superficie exploitée étant d’environ 45% , pouvant découvrir d’importants autres gisements en favorisant avec les grandes compagnies un partenariat gagnant -gagnant. Sonatrach prévoit d’investir environ 40 milliards de dollars durant les cinq prochaines années. .
A suivre …