Le développement de l’énergie nucléaire en Algérie s’inscrit dans le cadre des huit axes de son MIX énergétique

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Afin d’éviter des supputations hasardeuses comme  la signature  du mémorandum  entre le ministère de l’Energie et des Mines algérien et la société russe d’énergie nucléaire Rosatom  en accord avec l’AIEA, cela  rentre dans le cadre du MIX énergétique de l’Algérie articulé autour huit axes.

Le premier axe est l’amélioration de l’efficacité énergétique avec la révision des méthodes de construction, car les anciennes normes induisent une forte consommation d’énergie, alors que les techniques modernes économisent de 40 à 50% de la consommation (étude réalisée sous notre direction assisté par le bureau d ‘études américain Ernst&Young 2008, une nouvelle politique de subventions des carburants  (ministère de  l’Energie 2008, 7 volumes 680 pages) . Une nouvelle politique des prix s’impose renvoyant à une nouvelle politique des subventions ciblées, les subventions généralisées, injustes, occasionnant un gaspillage des ressources. Le deuxième axe est relatif à l’investissement en amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, tant en Algérie, seulement 50% de la  superficie ayant été exploitée, étant  prévu d’importants partenariats gagnant-gagnant avec des  firmes  étrangères, entre 30/40 milliards de dollars d’investissement pour  les cinq prochaines années, que dans d’autres contrées du monde, Sonatrach ayant une expérience internationale   Le troisième axe est lié au développement des énergies renouvelables devant combiner le thermique et le photovoltaïque, le coût de production mondial ayant diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir. Avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire. Mais le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW, dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation, d’ici à 2030, l’objectif étant de produire 40% des besoins internes en électricité à partir des énergies renouvelables alors qu’en 2021, cela représente seulement 1% donc cela nécessite d’importants financements et une nette volonté politique de développer cette filière. Le quatrième axe, selon les études américaines, l’Algérie possède le troisième réservoir mondial de pétrole-gaz de schiste, environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais cela nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies et des partenariats avec des firmes de renom ( voir étude réalisée sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres de Sonatrach : gaz de schiste, opportunités et risques et la nécessaire transition énergétique 8 volume 780 pages premier ministère 2015). L’Algérie est un pays semi-aride, le problème de l’eau étant un enjeu stratégique, doit être opéré  un arbitrage entre la protection de l’environnement et la consommation d’eau douce, 1 milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d’eau douce. Par ailleurs, l’on doit forer plusieurs centaines de puits pour un milliard de mètres cubes gazeux en tenant compte de la durée courte de la vie du puits, 5 années maximum et la nécessaire entente avec des pays riverains se partageant les nappes phréatiques non renouvelables.  Le cinquième  axe consiste en la redynamisation du projet GALSI  (Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie), qui devait également relier à la Corse et qui devait être mis en service en 2012, d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux d’un coût estimation de 2010 de 3 milliards de dollars, (voir conférence du Pr Mebtoul à la Chambre de commerce en Corse reproduite par la télévision française France 3 où j’avais lors d’un déplacement en Sardaigne défendu ce projet. Le sixième  axe est la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via Niger l’Algérie. Les réserves du Nigeria avoisinant 5000 milliards de mètres cubes gazeux, le gazoduc est d’une capacité de 33 milliards de mètres cubes gazeux d’un coût estimé par une étude de 2020 de l’Union européenne, à 20 milliards de dollars. La rentabilité du projet Nigeria-Europe suppose quatre conditions : la première concerne la mobilisation du financement ; la deuxième concerne l’évolution du prix de cession du gaz ; la troisième condition est liée à la sécurité; la quatrième condition est l’accord de l’Europe principal client qui selon une récente déclaration, début janvier 2023 de la commission européenne, ce dossier n’est pas à l’ordre du jour pour l’Europe dont la demande future sera déterminante ainsi que la concurrence qui influe sur la rentabilité de ce projet.

Le septième axe est le développement le  développement de  l’hydrogène vert,  bleu et l’hydrogène blanc souvent oublié.  Le ministère de l’Energie, prévoyant  d’investir 20 à 25 milliards de dollars à l’horizon 2040 : ce programme serait divisé en trois grands phases : le démarrage via des projets pilotes (2023 à 2030), l’expansion et la création de marchés (2030 à 2040) et l’industrialisation et la compétitivité du marché (2040 à 2050). À horizon 2040, l’Algérie prévoit de produire et d’exporter 30 à 40 TWh d’hydrogène gazeux et liquide, avec un mix à la fois composé d’hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d’hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l’Europe 10 % de ses besoins en hydrogène vert, d’ici à 2040. Il ne faudrait pas oublier également le développement de l’hydrogène blanc qui  ne résulte pas d’un procédé «humain» comme l’électrolyse où une transformation issue du gaz, sa  formation est dite «naturelle» et peut résulter de différents mécanismes : Une réaction d’oxydoréduction qui altère des métaux qui contiennent du fer au niveau hydrothermal et entraîne la production d’hydrogène; une eau à forte teneur en éléments tels que du plutonium ou de l’uranium subit une radiolyse et un rayonnement ionisant peut alors causer la rupture des molécules d’eau (H2O), scission qui peut provoquer à son tour la libération d’hydrogène naturel. l’hydrogène blanc présente deux avantages de taille par rapport aux autres types d’hydrogène : contrairement à certaines méthodes de fabrication telles que le vapore formage, sa production ne s’accompagne d’aucune émission de dioxyde de carbone, car il est généré naturellement par la Terre. Le huitième  axe est la  production de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. L’énergie nucléaire dépend d’un combustible fissile, l’uranium, dont le minerai est contenu dans le sous-sol de la Terre  permettant  de produire de l’électricité, dans les centrales nucléaires, appelées centrales électronucléaires, grâce à la chaleur dégagée par la fission d’atomes d’uranium, la fission nucléaire étant  une réaction où le noyau d’un atome se divise en deux ou plusieurs noyaux plus petits, libérant ainsi de l’énergie. Cette  forme d’énergie libérée par le noyau, cœur des atomes, composé de protons et de neutrons, pouvant être produite de deux manières, par la fission – division du noyau de l’atome en plusieurs parties – ou par la fusion de plusieurs noyaux. Par exemple, le noyau d’un atome d’uranium 235 percuté par un neutron se divise en deux noyaux plus petits, par exemple un noyau de baryum et un noyau de krypton, et deux ou trois neutrons. Ces neutrons vont alors percuter d’autres atomes d’uranium 235, qui vont se diviser à leur tour en produisant d’autres neutrons suivant un effet multiplicateur, provoquant ainsi une réaction en chaîne en une fraction de seconde. Les réacteurs produisent une réaction en chaîne contrôlée afin de produire de la chaleur au moyen de la fission, cette chaleur, produisant de la vapeur qui  est acheminée vers les turbines qui, en tournant, actionnent un générateur électrique pour produire de l’électricité bas carbone. L’Algérie, selon plusieurs déclarations de maitres de l’énergie entre 2008/2022(source APS) avec des   accords d’entente notamment avec la Russie et la Chine, compte construire sa première centrale nucléaire dans quatre cinq années  après l’accord définitif pour ce dossier  sensible qui nécessite un important savoir faire,  à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité galopante.  Les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d’une capacité de 1000 mégawatts chacune pour une durée de 60 ans. Cela rentre dans le cadre de la forte  consommation intérieure qui approche les exportations actuelles près de 45% de la production actuelle du gaz en 2023. Rappelons que le Commissariat à l’Energie atomique a été créé par le décret N°96-436 du 1er décembre 1996, modifié et complété, le COMENA constituant, au plan national et à travers l’Organe réglementaire, l’autorité de contrôle réglementaire en matière de sûreté radiologique et de sûreté nucléaire a été placé auprès du ministre de l’Energie en mai 2006 ayant  pour mission de développer les compétences, les connaissances et les infrastructures spécialisées requises pour la maitrise et le développement :du cycle du combustible nucléaire; de la technologie des installations nucléaires  et des applications des sciences et techniques nucléaires dans les domaines de l’énergie, la santé, l’industrie, l’agriculture, l’environnement La mise en œuvre du programme du COMENA est assurée par ses entités opérationnelles d’études et de recherche et de formation  dont le  Centre de recherche nucléaire d’Alger (CRNA), chargé du développement de programmes de recherche dans les domaines de la physique, des techniques nucléaires, des applications nucléaires, de la physique radiologique, de l’environnement, de la sûreté nucléaire et des déchets radioactifs, le  Centre de recherche nucléaire de Birine (CRNB-Djelfa), chargé du développement de programmes de recherche scientifique et technique dans les domaines de la physique et de la technologie des réacteurs, de l’instrumentation et du contrôle des installations nucléaires, des techniques et processus de production de radio-isotopes, des applications neutroniques, de la sûreté nucléaire, de l’environnement, de la gestion et du traitement des déchets radioactifs et de l’exploitation sûre du réacteur Es-Salam et des installations associées, du Centre de recherche nucléaire de Draria (CRND), Alger chargé du développement de programmes de recherche dans les domaines de la valorisation des matériaux liés à la fabrication de combustible nucléaire, la physique, les techniques et le génie nucléaires,  de  l’exploitation sûre du réacteur NUR,  du  Centre de recherche nucléaire de Tamanrasset (CRNT), de l’Institut algérien de formation en génie nucléaire (IAGN), Alger qui  a pour  mission la prise en charge de la formation spécialisée en génie nucléaire, notamment la formation spécialisée dans les différents domaines d’activité du COMENA,  du  Centre de formation et d’appui à la sécurité nucléaire (CSN), Alger  qui a pour mission   la mise en œuvre de la politique de formation pour le développement d’une ressource humaine hautement qualifiée dans le domaine de la réglementation et de la gestion de la sécurité nucléaire, l’appui scientifique & technique aux autorités en matière de conception et de mise en œuvre des politiques nationales de sécurité nucléaire et de l’Unité de recherche et développement en ingénierie nucléaire (URDIN), Alger qui  a pour mission le développement des outils d’ingénierie nucléaire et plateformes technologiques, la conduite d’études d’ingénierie d’équipements et installations nucléaires, le suivi de la réalisation des équipements et installations nucléaires et la valorisation des produits de la recherche-développement. En résumé, c’est dans ce cadre à l’instar d’autres pays comme récemment l’Arabie  aoudite (voir interview internationale en langue arabe du Pr  Abderrahmane Mebtoul   www.trtarabi.com 24/03/2024  et Tv/presse Algérie 27/03/2024)  que le ministère de l’Energie et des Mines et la société russe d’énergie nucléaire Rosatom ont signé le 26 mars 2024  à Sotchi (Russie), un mémorandum d’entente de coopération dans le domaine de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Ce mémorandum  comprend  une feuille de route pour les activités de coopération conjointe pour les années 2024 et 2025, qui englobent l’utilisation des applications nucléaires dans le domaine de la santé, du traitement par rayonnement, des réacteurs de recherche, des produits pharmaceutiques nucléaires, de la formation scientifique et technique, ainsi que le développement de technologies et d’applications nucléaires à des fins pacifiques.

A. M.

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