Pour un cerveau en bonne santé, pas besoin d’avoir huit heures de sommeil, une étude qui divise

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La plus vaste analyse de scanners cérébraux jamais effectuée remet en cause cette idée reçue. Tout le monde sait que se coucher trop tard peut rendre moins alerte le lendemain.

Mais des affirmations récentes sont allées plus loin, véhiculant l’idée que dormir régulièrement trop peu pourrait causer le rétrécissement de notre cerveau. Cette idée a été remise en question par l’une des analyses de scanners cérébraux les plus complètes réalisées à ce jour, affirme New Scientist. Les organismes de santé publique, notamment ceux des États-Unis et du Royaume-Uni, conseillent aux adultes de dormir entre sept et neuf heures par nuit. Anders Fjell, de l’Université d’Oslo, et son équipe, ont tenté d’approfondir la question en menant une étude qui a utilisé le volume cérébral comme indicateur de la santé du cerveau.

Chacun a sa propre durée de sommeil idéale

En premier lieu, les chercheurs ont étudié la relation entre le volume cérébral et la durée de sommeil, en utilisant des données existantes d’environ 47.000 personnes. L’équipe a ensuite effectué une autre analyse en suivant environ 4.000 personnes sur une période allant jusqu’à onze ans. Dans ce cas, il n’y avait pas de corrélation entre la durée du sommeil au début de l’étude et le rétrécissement du cerveau au cours de cette période. Cela pourrait s’expliquer par le fait que le rétrécissement du cerveau entraîne des troubles du sommeil, et non l’inverse. Fjell et son équipe ont également effectué un troisième type d’analyse, en utilisant les données génétiques d’environ 30.000 personnes. Cette analyse a révélé que les personnes génétiquement prédisposées à dormir peu ou beaucoup n’ont pas un volume cérébral plus petit que les dormeurs plus modérés. «L’ensemble de ces résultats remet en cause l’idée selon laquelle le manque de sommeil entraîne un rétrécissement du cerveau», conclut Anders Fjell. Bien qu’il ne conseille à personne de modifier délibérément ses habitudes de sommeil à la suite de ces résultats, il pense que les besoins innés en sommeil varient considérablement d’une personne à l’autre. Sauf si certaines circonstances l’en empêchent, le cerveau fera en sorte d’obtenir la quantité de sommeil nécessaire à notre bien-être. «Tant que vous vous sentez bien pendant la journée, je ne m’inquiéterai pas de savoir si vous dormez six, sept ou huit heures», assure le scientifique. Les conclusions de l’équipe ne vont pas convaincre tout le monde. Matthew Walker, de l’Université de Californie à Berkeley, auteur d’un livre intitulé Why We Sleep, qui conseille aux gens de dormir huit heures par nuit, affirme que la mesure principale de la santé du cerveau est la densité des neurones, et non le volume total du cerveau. Walker ajoute que la mesure essentielle de la qualité du sommeil est le temps passé en sommeil profond –lorsque les ondes cérébrales deviennent plus lentes– plutôt que la quantité totale de sommeil. Fjell et son équipe n’ont pas examiné la durée du sommeil profond dans leur étude. En effet, la collecte de ces données à cette échelle serait une tâche herculéenne, car elle exige que les personnes passent la nuit dans un laboratoire du sommeil, reliées à des électrodes sur leur cuir chevelu, détaille New Scientist. L’étude reste cependant importante car elle suggère vous n’avez peut-être pas à vous inquiéter de ne pas dormir au moins huit heures par nuit. «Vous ne devriez pas rester au lit à vous retourner pour atteindre cet objectif», déclare Michael Chee, de l’Université nationale de Singapour, qui estime que les résultats sont crédibles en raison de l’énorme quantité de données analysées.