Des poètes algériens ont animé, samedi soir, dans l' »espace de Ghaza » au Salon international du livre d’Alger (SILA), une soirée poétique lors de laquelle ils ont exprimé leur solidarité avec la cause palestinienne et les habitants de Ghaza face aux agressions sionistes.
Réunis au niveau de « l’espace de Ghaza », spécialement aménagé par le commissariat du SILA, une pléiade de poètes algériens ont exprimé leur soutien absolu et leur entière solidarité avec la cause palestinienne, tout en condamnant les agressions sionistes incessantes contre le peuple palestinien notamment les Ghazaouis.A cet effet, le poète Slimane Djouadi a récité un florilège de ses poèmes composés dans les années 70 et 80 en soutien à la cause palestinienne. Des poèmes qui n’ont pas pris une ride et traitent de sujets toujours d’actualité notamment la situation critique en Palestine et les souffrances endurées par son peuple. La poétesse Zahra Khelouat, connue sous le pseudonyme de « Faten Amazigh » a, quant à elle, lancé un cri en faveur de la terre de Palestine et de son peuple, à travers un poème en Tamazight et un autre de la poésie populaire, pour exprimer sa position à l’égard des événements douloureux que vit le peuple palestinien, empruntant des images très expressives et fortes de sens, ayant été hautement appréciées par l’audience.Plusieurs poètes se sont succédé sur la scène, déclamant leurs vers en langue arabe classique, en dialecte populaire, en Tamazight, et même en Français. De son côté, le poète Azouz Akila a tenu à travers son poème « Sounboula » (Epi de blé), à rendre un hommage aux martyrs de Ghaza, dans lequel il dépeint la souffrance palestinienne tout au long des 75 années de la Nakba.Le poète Brahim Kara Ali a récité, quant à lui, un long texte intitulé « La danse des lamentations », composé en plein cœur de ces événements tragiques dans lequel il met en avant la bravoure du Palestinien résistant face à l’ennemi sioniste.La soirée a également été marquée par la participation des poètes Abdelmalek Grine et Omar Bardaoui.En présence d’un public nombreux qui a interagi avec les poètes et leurs œuvres poétiques, la soirée a été clôturée par la distribution de « keffiehs » palestiniens aux participants, tandis que certains ont saisi cette occasion pour discuter avec les poètes autour de leur approche poétique pour traiter la cause palestinienne et la tragédie de Ghaza.
Rencontre sur la présence dans le monde de la littérature africaine
« Afrique, conscience et empreintes », une rencontre focalisée sur la présence de la littérature africaine dans le monde, a été animée, samedi à Alger dans le cadre du 26e Sila, par des académiciens universitaires qui ont mis en valeur l’affirmation du discours autochtone africain devant le regard réducteur et colonialiste de ses prédateurs.Organisée à l’Espace africain, cette rencontre a vu l’intervention du professeur de littérature comparée à l’Université de Annaba, Abdelmadjid Hanoun, de l’enseignant universitaire à Alger II, Wahid Benbouaziz et de l’académicien et enseignant à l’Université « Mohand-Oulhadj » de Bouira, Mustapha Ould Youcef.Faisant remarquer d’entrée qu’il existe « plusieurs littératures africaines » de par la « diversité culturelle et linguistique » que recèle ce grand continent, le professeur de littérature comparée, Abdelmadjid Hanoun a relevé l' »inadaptation des méthodes d’étude appliquée jusque là », basées sur une vision purement colonialiste qui « ne voyait la littérature africaine que par le véhicule linguistique de l’occupant », ajoutant qu’il convenait de « changer d’approche académique » qui devrait se porter sur la notion de « pluralité littéraire africaine ».Le professeur à l’Université de Annaba a appuyé son propos en donnant l’exemple de l' »étude et l’analyse de la mémoire », un des nombreux aspects révélateurs, s’ouvrant sur une étude comparative pertinente qui établi clairement la pluralité culturelle en Afrique, car se déclinant « en plusieurs champs d’études: mémoires plurielles, familial, tribale, nationale et humaine ».Dans une intervention tournée sur l’histoire de l’Afrique sous le joug colonial, l’universitaire Wahid Benbouaziz est d’abord brièvement revenu sur la perception de l’africain de sa condition d’être colonisé et esclavagé, et l’évolution de son rapport à ses bourreaux, jusqu’à l’apparition de la Négritude, mouvement littéraire qui avait alors, décidé d’assumer entièrement cette vision péjorative et réductrice du conquérant occidental, dès lors qu’elle établissait clairement la différence entre l' »homme nègre » et l »‘homme occidental ».Le conférencier a ensuite enchainé en mettant à nu les stratégies d’alliance datant du XIXe siècle, du capitalisme avec le sionisme pour la création d’une force prédatrice politico-économique qui allait permettre, pendant longtemps l’exploitation, en toute impunité, des richesses et des réserves naturelles de l’Afrique. Wahid Benbouaziz a ensuite fait remarquer qu’il était « nécessaire de connaitre les relations géopolitiques d’antan, pour mieux comprendre les enjeux d’une écriture littéraire africaine pro-capitaliste », évoquant quelques auteurs qui ont dénoncé ces stratégies de circonstances, à l’instar du Kényan Ali Al’amin Mazrui, du Camerounais, Achylle Mbembe, ou encore du Congolais Alain Mabanckou.L’académicien et universitaire Mustapha Ould Youcef a d’abord rappelé que le regard de l’Europe à l’Afrique a « de tous temps été anthropologique et non culturel » et que les écrivains africains qui s’expriment dans les parlers locaux, « ne pouvaient pas atteindre l’universalité », contrairement à ceux qui « choisissent la langue de l’occupant comme véhicule linguistique à leurs oeuvres ».L’intervenant a également relevé que la littérature africaine s’exprimant dans la langue de l’autre, avait accès à l' »impression, aux distinctions et à un lectorat plus large », faisant remarquer enfin, que la littérature africaine contemporaine a réussi à s’extraire du sentiment d’infériorité qui l’habitait, au regard de tous les prix Nobel africains, qui, malgré leur choix de s’exprimer dans les langues occidentales, tenaient dans les contenus de leurs oeuvres un discours autochtone tourné vers l’Afrique, vers sa culture et donc vers ses littératures.Le 26e Sila réunira des exposants, des écrivains et des intellectuels de 18 pays africains, qui mettent en lumière, sous le slogan « L’Afrique écrit son avenir », les acquis historiques et culturels de ce grand continent, berceau de l’humanité et invité d’honneur de cette 26e édition.Jusqu’au 2 novembre prochain, les conférences et les rencontres de l’Espace africain se poursuivront autour de différentes thématiques, notamment sur le leader sud-africain Nelson Mandela (1918-2013) à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition, et « L’héritage de Frantz Fanon (1925-1961) dans le monde ».
M.Toumi / Ag