Après une trentaine d’années, l’ANP renoue avec les défilés dans les avenues de la capitale. Comme un défi jeté au sort qui a muselé toute activité dans cette belle et brûlante Algérie qui a arraché son indépendance au prix de lourds sacrifices. Aussi, en ces temps d’incertitudes, quoi de mieux qu’une démonstration de l’Armée nationale pour dire que ce pays est toujours debout et qu’il continuera à l’être par la grâce de ses soldats qui, jour et nuit, veillent aux frontières et aussi grâce aux patriotes qui nagent à contre-courant des tenants des compromissions et des trahisons, ceux-là qui fustigent le colonisateur et possèdent de superbes résidences dans les quartiers chics de Paris, Lyon et ailleurs. Il n’y a pas de patrie de rechange et c’est dans cette contrée blessée que nos souvenirs d’enfants nous renvoient à ces manifestations populaires de juillet 62 quand nos villes et nos villages vibraient le jour comme la nuit au son des youyous et des cris de joie des Algériens et Algériennes qui avaient retrouvé leur pays après le long et séculaire joug colonial. En ce juillet caniculaire de l’an 1962, la fête dura longtemps et à l’automne le peuple retroussa les manches et l’année suivante fut marquée par une récolte record de céréales. C’est dire les immenses capacités de la population à relever tous les défis. Depuis, elle ne cessera de résister à tous les assauts donnés sournoisement pour abattre ce pays qui a résisté à tous les envahisseurs, des Phéniciens aux Français en passant par les Turcs, conquérants à la tête d’armées suréquipées et qui ont dû tous déchanter et retourner chez eux l’illusion en berne. Aujourd’hui, de vieux caciques s’en prennent à la jeunesse et lui reprochent son manque de patriotisme. Faux ! Les jeunes ne détestent pas leur patrie, mais détestent ceux qui leur ont confisqué leurs rêves. Que ce soit les dépositaires du nationalisme ou les autres, ceux qui se prétendent gardiens des valeurs…