Préservation du patrimoine agricole algérien: L’Algérie et la FAO coopèrent

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L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a organisé, ce lundi, à Alger, un atelier sur les Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM) qui devrait aboutir à la création de la commission nationale SIPAM-Algérie.

Cet atelier a été organisé par cette agence onusienne en collaboration avec l’Institut national de recherche agronomique d’Alger (INRAA) en présence de plusieurs représentants d’organismes scientifiques et départements ministériels. Cet atelier de deux jours sera couronné par l’établissement d’une liste constitutive des membres de la commission nationale SIPAM-Algérie ainsi que par l’identification des éléments essentiels de ses termes de référence et de son plan d’action pour 2017-2018. Pour rappel, les SIPAM sont des systèmes agricoles et culturels traditionnels, fondés sur des savoirs-faire et des traditions locales qui ont assuré la sécurité alimentaire de certaines populations et qui sont parfois menacés de disparition par l’évolution des techniques et de l’économie mondiale. En 2002, la FAO avait pris une initiative en vue de la sauvegarde de ces systèmes traditionnels et d’en assurer la promotion comme éléments d’un patrimoine «agri-culturel», puisqu’ils revêtent également une dimension socio-culturelle. La FAO a, depuis, identifié plus de 200 systèmes agriculturaux ingénieux dans le monde qui méritent d’être sauvegardés et promus, a indiqué à la presse le coordinateur SIPAM en Algérie, Fateh Achour. Le système oasien d’exploitation des Ghouts en Algérie a été au Programme des SIPAM de la FAO depuis 2006, a indiqué le représentant de la FAO pour l’Afrique du Nord, Nourredine Nasr, en ajoutant que ce système avait été intégré au patrimoine agricole mondial en 2011. Les Ghouts constituent des zones de dépression dans les espaces sablonneux au fond desquels des palmiers ont été plantés, profitant de la proximité de la nappe phréatique de laquelle les plantes s’irriguent ellesmêmes naturellement et sans intervention humaine. Les agriculteurs d’El Oued ont créé ces dépressions au sein même des sables arides du désert en utilisant la direction du vent qui creuse naturellement des cuvettes dans le sable, a expliqué Nasr lors de sa présentation de ce site pilote SIPAM Algérie. Ainsi, le système fait montre d’ingéniosité, d’écologie et d’économie dès sa création et tout au long de son fonctionnement, donnant naissance à un écosystème sain à l’intérieur duquel d’autres cultures agricoles prennent place en plus des palmiers. La production agricole de ces systèmes est aussi caractérisée par l’absence totale d’engrais, vue que l’eau d’irrigation est invisible à la surface, a indiqué Nasr expliquant que certains engrais, tel le phosphate, nécessitent le contact de l’eau dans lequel il est soluble. L’exposant a également indiqué que plusieurs familles algériennes vivent dans les Ghouts qui sont pourtant aujourd’hui menacés par de multiples facteurs tels la remontée des nappes phréatiques, qui inonde et étouffe les palmiers, et la prolifération d’insectes ravageurs tout au long de l’année en passant d’une culture à une autre, profitant du microclimat qui se crée à l’intérieur du Ghout. Il est aujourd’hui nécessaire, a-t-il insisté, de mettre en place une commission nationale SIPAM-Algérie en vue de permettre la pérennisation et la sauvegarde de ce système particulier de survie. L’exposant a aussi préconisé la labélisation de la datte des Ghouts d’El Oued, «particulièrement savoureuse et 100% Bio», en vue de renforcer la sauvegarde de ces coins du désert sachant que les jeunes générations peuvent être amenées à se diriger vers les villes si leurs efforts d’agriculteurs ne payent pas. La Commission nationale SIPAM-Algérie procèdera, une fois mise en place et régie par arrêté ministériel, à l’évaluation des dossiers de proposition de SIPAM en Algérie, et procédera également aux démarches nécessaires en vue de la reconnaissance nationale et internationale des sites en questions. «Nous voulons que les SIPAM soient reconnus et protégés à l’instar des sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, d’autant plus que certains existent depuis des millénaires et sont à l’origine de la survie de plusieurs ethnies et populations mondiales», a-t-il ajouté.