Mohamed Boudiaf, le combat inachevé        

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Il y a vingt-cinq ans jour pour jour, Mohamed Boudiaf, président du Haut-Comité d’Etat, était assassiné en direct au moment où il prononçait son discours dans le palais de la culture à Annaba. Son dernier mot fut «Islam» comme une funeste prémonition sur les années sanglantes qui allaient suivre sa mort. Cet illustre inconnu par la jeune génération d’alors, entra vite dans le cœur des Algériens par son langage simple, son projet empreint d’une profonde justice et sa farouche détermination à lutter contre le mal qui gangrenait déjà le pays, la corruption pratiquée parce qu’il appelait la mafia politico-financière. Aujourd’hui, un quart de siècle après l’acte horrible qui traumatisa tout le peuple, la vérité sur son « élimination» demeure énigmatique au point où son propre fils a renoncé à toute quête sur les auteurs de l’acte ignoble. Il n’empêche! Ce vieillard droit comme un I, avait remué un marigot qui se révéla dangereux au point de décider de son «exécution» dans les pures traditions de la cosa nostra. Mais l’homme avait semé l’espoir au sein d’une jeunesse qui rêvait d’Australie. Aujourd’hui les « hittistes» (gardiens des murs) sont devenus les «harraga» et beaucoup d’eau a coulé depuis. Beaucoup de jeunes ont aussi coulé dans les flots de la mer cruelle. Il faut juste rappeler qu’ils sont nombreux à tenter la mortelle traversée et il convient de se poser la question sur le profond mal-être qui s’est emparé de toute une frange de la jeunesse coincée dans une société où le moisir est en passe de devenir un acte d’impiété. Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette bigoterie nationale qui veut qu’un jeune de vingt ans ne connaisse que le cybercafé ou la mosquée de son quartier.  Ce n’est pas le chômage qui grossit les rangs des boat-people mais la mal-vie, l’ennui mortel, les horizons bouchés par les nouveaux gourous pour qui en dehors d’une profonde dévotion qui frise l’intégrisme, point de salut. C’est ce que Mohamed Boudiaf a voulu combattre.