Gestion des risques liés aux catastrophes naturelles: Le gouvernement adopte pour une nouvelle stratégie

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Les participants à la conférence nationale sur la gestion des risques de catastrophes ont mis en avant, hier à l’issue des travaux de cette rencontre, la nécessité de poser les jalons d´une stratégie nationale et des plans d’actions multisectoriels pour la période 2019-2030.

Ils ont plaidé pour le renforcement de la gouvernance des risques de catastrophes aux niveaux national et local, estimant que cela doit se faire à travers le renforcement de la base juridique et institutionnelle, en décentralisant la gestion des risques de catastrophe en les transférant vers les collectivités locales. Il a été également souligné l´impératif de mettre à niveau les textes juridiques et les adapter aux normes et standards internationaux. Les intervenants ont indiqué que la gestion des risques de catastrophe doit être basée sur la compréhension du risque dans toutes ses dimensions (vulnérabilité, capacités et exposition des personnes et des biens, caractéristiques des aléas et environnement). L’élaboration et la mise en œuvre des dispositifs appropriés de préparation et d’intervention en cas de catastrophe doivent tenir compte des spécificités locales et des bonnes pratiques ancestrales, a-t-on fait valoir, ajoutant que le renforcement des connaissances des risques de catastrophe est une étape préliminaire à tout programme d’action. D’autres intervenants ont insisté sur le partage de la connaissance théorique et pratique des risques à tous les niveaux de la société par le biais de l’éducation et de la formation. les recommandations portant sur l´importance de l’investissement public et privé dans la prévention et la réduction des risques ont relevé que cet investissement se fera au moyen de mesures structurelles et non structurelles, ce qui revêt une importance essentielle dans le renforcement de la résilience économique, sociale, sanitaire et culturelle des personnes, des collectivités et du pays ainsi que la préservation de l’environnement. Il a été aussi relevé la nécessité d’un meilleur état de préparation aux diverses interventions en cas de catastrophe, de prendre les mesures prévisionnelles et de veiller à ce que les moyens soient en place aux fins des opérations de secours et de relèvement à tous les niveaux. La stratégie de lutte contre les inondations a permis l´identification de près de 700 sites à risques à travers le territoire national, avait indiqué Mme Nora Frioui-Ziani, responsable au ministère des Ressources en eau. Relevant que l´Algérie est confrontée, ces dernières années, « aux effets dévastateurs des inondations qui affectent aussi bien le nord que le sud du pays », elle a fait savoir que le secteur des ressources en eau a pris en charge ce phénomène par l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie de lutte contre les inondations portant sur la mise en sécurité des populations à risque, la réduction des dommages et maîtrise des coûts d’investissement et d’entretien et la réduction du délai de retour à la normale ». Elle a mis en avant les actions prioritaires de cette stratégie visant l´installation de systèmes « efficaces et souples » pour la prévision et l’alerte, la délimitation de chaque zone à risque, la réalisation de barrages excréteurs, l´aménagement hydraulique et le renforcement de l’assainissement pluvial. « Cette stratégie nationale de lutte contre les inondations constitue un cadre partagé qui affiche les priorités et oriente la politique de gestion des risques d’inondations », a-t-elle ajouté.De son côté, l´expert hydrologue Behlouli Larbi a recommandé la mise en place de systèmes d’alerte et de prévision au niveau de certaines agglomérations à risque telles qu´El Harrach (Alger), Sidi Bel Abbes et Annaba. Cette prévention des risques d´inondation doit être entreprise en veillant à sa continuité dans le temps à travers des programmes mis en œuvre par les différents secteurs comme le curage des oueds, le curage et le traitement des avaloirs et des regards d’assainissement, et la protection des berges notamment, a-t-il proposé. L´expert a plaidé en faveur de la mise en œuvre de mesures structurales plus importantes pour réduire de manière plus significative le risque d´inondation comme l’aménagement des bassins, la dérivation des eaux, réalisation de diguettes, barrages ou seuils pour stoker et laminer les crues à l’amont des zones menacées. Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui avait affirmé, quant à lui, qu’il était temps de revoir et d’améliorer les axes de la politique nationale de prévention des risques majeurs et de gérer les catastrophes dans le cadre du développement durable. M. Bedoui a indiqué qu' »il faut, lors de cette conférence, rappeler que le renforcement et l’actualisation des programmes d’action dans ce domaine impliquent toutes les institutions nationales, les collectivités locales et toutes les parties concernées, car il s’agit là d’une question d’une extrême sensibilité ainsi que de la préparation morale, matérielle et opérationnelle d’un bon accompagnement lors de la survenue d’un grave incident aux conséquences désastreuses, en raison d’une négligence, d’un comportement inapproprié ou d’un manque de préparation ».  Il s’agit également « de réunir tous les responsables et toutes les parties concernées à cette conférence pour relever le niveau de prise de conscience et de mobilisation afin d’être au diapason, de définir les responsabilités et emprunter une voie claire afin de consolider les capacités de résilience de notre pays face aux catastrophes », a-t-il ajouté. L’Algérie, qui a participé à toutes les conférences régionales et internationales, a adopté toutes les décisions et engagements et a veillé à leur mise en œuvre, « œuvre à consolider le cadre législatif et règlementaire et mettre en place une base institutionnelle élargie au niveau local. Cela intervient parallèlement aux campagnes de sensibilisation et d’autres actions ayant conforté les capacités de notre pays en matière d’études et de recherches et consolider la relation entre les experts et les décideurs à tous les niveaux, outre les moyens d’observation assurés, la décentralisation de la gestion des risques de catastrophes, la numérisation des plans d’intervention et les programmes inscrits dans le cadre du renforcement de la capacité de résilience », a-t-il dit. Pour ce qui est de la phase actuelle, M. Bedoui a indiqué que « toutes les institutions concernées par l’action sur le terrain œuvrent à l’insertion de la gestion des risques des catastrophes dans le code des collectivités territoriales en tant que mission principale à même de bénéficier d’un financement permanent, en vue de gérer les risques de catastrophes. Il s’agit également, a-t-il poursuivi, de renforcer la cohésion et la coordination sectorielle, de définir les responsabilités au double plan national et local et d’introduire le contrôle dans le financement de la gestion des risques ». En dépit des réalisations et programmes élaborés dans ce domaine, le ministre a soutenu que les « développements qui surviennent sur tous les plans et dans tous les domaines nous incitent activement à renforcer, à actualiser notre législation et à l’adapter en permanence aux normes en vigueur à l’échelle mondiale », exprimant « sa disposition à mener cette action avec détermination, car notre pays qui a connu beaucoup de difficultés, crises et catastrophes dans plusieurs domaines, en est sorti, comme à chaque fois, indemne grâce à la sagesse du président de la République, ainsi qu’aux capacités morales et moyens matériels et humains du pays notamment scientifiques ». M. Bedoui a mis en exergue les « efforts consentis en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme à travers la mobilisation de l’Armée nationale populaire (ANP), des corps de sécurité et de tout le peuple algérien pour éradiquer le terrorisme et faire face à l’extrémisme, notamment à la faveur de la politique de réconciliation nationale ». Il a dans ce contexte salué le « rôle humanitaire important accompli lors des catastrophes par l’ANP et les éléments du corps de la Sûreté nationale et de la Protection civile qui font preuve d’un grand professionnalisme sur le terrain avec la reconnaissance du monde entier ». S’agissant de cette rencontre, première du genre, le ministre a affirmé qu’elle se veut « une halte importante et un terreau fertile pour cristalliser la nouvelle vision de la politique nationale de prévention des risques majeurs, au regard des nouveaux défis », rappelant que « la multiplication des catastrophes dans les années 80 avait incité les autorités publiques à prendre les premières mesures en vue de mettre en place et consolider, graduellement, le système national de prévention, à travers l’adoption de deux décrets qui constituent la base juridique et institutionnelle actuelle ». « Le président de la République avait, lors de la visite effectuée sur le terrain pour s’enquérir de la situation, suite au séisme de Boumerdes en 2003, donné des instructions en vue de mettre en place une politique nationale solide visant une protection plus efficace des citoyens et de leurs biens  » a rappelé M. Bedoui, mettant en avant la promulgation de la loi 04-20 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable et d’autres textes d’application. En dépit de la promulgation d’un nombre de textes règlementaires prévus par la loi 04-20 et d’autres mesures prises par les institutions nationales et certaines parties concernées, un grand retard est accusé en matière d’élaboration de textes règlementaires exécutifs, a relevé le ministre, soulignant l’importance de prendre des mesures urgentes et efficaces pour faire face à ce genre de situations notamment avec les prévisions des experts faisant état d’une accélération du rythme des changements climatiques ».

T.Benslimane