La création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et son travail diplomatique pour l’indépendance de l’Algérie, était au cœur d’une table ronde, organisée jeudi à Alger, en présence d’historiens algériens et étrangers.
Organisée par le Salon international du livre d’Alger (Sila), ouvert mardi, cette table ronde a été animée par l’historien Abdelmadjid Merdaci, l’ancien diplomate Mohamed Khelladi, l’historien chinois Xin Deyong, et l’historien américain Mattew Connelly. Abdelmadjid Merdaci, auteur du livre « GPRA un mandat historique » est revenu sur la genèse du GPRA, crée en 1958, qu’il considère comme une « émanation des orientations politiques » du congrès de la Soummam de 1956, à partir de la proposition de Hocine Aït Ahmed (une des six personnalités du Fln historique) en 1957 et des différentes réunions et qui ont donné une organisation structurée en départements, chargés de préparer ce gouvernement, affirme-t-il. L’historien algérien est également revenu sur le choix de Ferhat Abbas comme président du GPRA, précisant que d’autres noms avaient été proposés: Mohamed Lamine Debaghine « refusé » par les leaders de la révolution emprisonnés en France, et le nom de Krim Belkacem « rejeté » par Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Bentobal (tous deux membres du Comité de coordination et d’exécution, Cee), avant que le nom de Ferhat Abbas ne s’impose comme « personnalité modéré et apte à la négociation ». L’ancien Moudjahid et ex-diplomate Mohamed Khelladi a estimé, de son côté, que la création du GPRA est le fruit de l’ « adhésion massive de l’élite politique et intellectuelle » algérienne à la cause de l’indépendance portée par un Front de libération national (Fln) qui venait d’atteindre sa « maturité » après le congrès de la Soummam. Pour lui, la création du GPRA, qualifiée de « forte résonnance » du congrès de la Soummam, était la « seule issue politique » pour faire sortir l’Algérie de l’isolement dans lequel elle vivait », en raison d’un voisinage immédiat entièrement occupé par la France coloniale, a-t-il analysé. Abordant le travail diplomatique du GPRA, l’historien américain Mattew Connelly, chercheur en histoire de la décolonisation, a expliqué la stratégie diplomatique de Hocine Aït Ahmed, adoptée par le GPRA. Celle-ci, dit-il, consistait à trouver un « équilibre » entre les pays socialistes et l’occident, tout en exploitant la place que pourrait occuper l’Algérie indépendante dans un contexte de guerre froide. L’historien a également évoqué le refus des Etats Unis d’apporter un appui militaire à la France par crainte, dit-il, d’une « débâcle semblable à celle de l’Indochine ». Ce refus, estime-t-il, est à l’origine de la « tension significative » dans les relations entre ces deux pays. Il a également expliqué que les actions menées en Algérie, comme la « Bataille d’Alger », étaient destinées à renforcer le travail des représentants algériens pour remporter la bataille aux Nations Unies. Outre qu’il ait « beaucoup affaibli » la diplomatie française à l’Onu, ce travail a permis de briser le tête-à-tête entre la France occupante et le Fln dans sa guerre pour l’indépendance de l’Algérie, devenue de fait une question prise en charge par la communauté internationale. Ouvert au public depuis mardi, le 23e Sila, ouvert jusqu’au 10 novembre à la Safex (Palais des expositions des Pins-maritimes), organise des rencontres thématiques en marge de l’exposition rassemblant des éditeurs de 47 pays.
Benadel M