Des experts internationaux ont insisté, hier, à Alger, sur l’importance d’une mise en œuvre «rigoureuse» du Mémorandum d’Alger dans la lutte contre les prises d’otages contre rançon, tout en saluant les efforts consentis par le gouvernement algérien dans la lutte antiterroriste.
Ces spécialistes des questions sécuritaires s’exprimaient lors d’un atelier consacré aux meilleures pratiques internationales en matière de prise en charge et de prévention des enlèvements contre rançon, organisé conjointement par le Centre des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme (UNCCT) et le Centre africain d’études et des recherches sur le terrorisme (CAERT). Ils ont estimé qu’une «mise en œuvre effective» du Mémorandum d’Alger sur les bonnes pratiques en matière de pré- vention des enlèvements contre rançon et d’élimination des avantages qui en découlent, confortera fortement les efforts des gouvernements dans l’amélioration de l’efficacité de leurs actions dans la lutte contre les prises d’otages et, par ricochet, la lutte antiterroriste. La prévention contre les enlè- vements contre rançon représente une partie importante de la lutte antiterroriste, vu que ces sommes d’argent versées pour la libération des otages aident «grandement au financement des organisations terroristes et de leurs actes», a indiqué le coordinateur-résident des Nations unies en Algérie, Eric Overvest. Faisant référence au Mémorandum d’Alger, le représentant des Nations unies a insisté sur sa mise en pratique en vue de mettre un frein aux enlèvements contre ran- çon. «Il y a une recrudescence des enlèvements contre rançon au Sahel, ces derniers années. Les groupes terroristes tels Daech et Al Qaïda ont de plus en plus recours à ce type d’opérations comme moyen de collecter des fonds», a-t-il relevé, notant qu’outre les journalistes, diplomates, représentants d’ONG et les touristes, la grande majorité de ces prises d’otages touchent les populations locales. «L’Algérie a une longue expérience en matière de lutte antiterroriste, en particulier la lutte contre l’enlèvement avec demande de rançon et c’est cette expérience que d’autres pays voudraient partager dans le cadre de ce projet», a déclaré Overvest. Le représentant du CAERT, Kutoati Adjemoda, a, pour sa part, indiqué que l’Algérie reste un «modèle» dans cette lutte et possède une «grande expérience» qui s’est, notamment, concrétisée par le Mémorandum d’Alger, appelant à «son application de façon rigoureuse». L’ambassadeur du Japon, Masaya Fujiwara, a, de son côté, félicité l’Algérie pour les efforts consentis en vue de partager son expérience dans la lutte antiterroriste, saluant l’organisation en juillet dernier de l’atelier par le ministère des Affaires étrangères portant sur le rôle de la réconciliation nationale dans la prévention et la lutte contre le radicalisme et le terrorisme. Le Mémorandum d’Alger sur les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre rançon et d’élimination des avantages qui en découlent, adopté en décembre 2012 par le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, recommande en particulier, l’émission aux voyageurs d’avis et d’autres informations à jour permettant d’identifier les zones présentant un risque élevé. Il préconise également l’identification et la protection de cibles d’enlèvement potentielles et la communication avec les employeurs et employés concernés dans le secteur privé en matière de risque d’enlèvement contre rançon. Le document prescrit aussi aux gouvernements la sensibilisation du public aux poursuites judiciaires dans les affaires d’enlèvement contre rançon. L’atelier d’Alger qui a réuni pour deux jours des représentants de plusieurs pays et des experts des questions sécuritaires, poursuit ses travaux à huis clos.
«Les dimensions de la lutte internationale antiterroriste restent insuffisantes»
L’Algérie estime que l’architecture internationale actuelle de lutte contre le financement du terrorisme dans ses différentes dimensions reste insuffisante pour lutter efficacement contre ce fléau, a indiqué, hier, à Alger, l’ambassadeur conseiller près du cabinet du ministre des Affaires étrangères, El Houas Riache. Le responsable s’exprimait à l’ouverture d’un atelier de deux jours consacré aux meilleures pratiques internationales en matière de prise en charge et de prévention des enlèvements contre rançon, organisé conjointement par le Centre des nations unies pour la lutte contre le terrorisme (UNCCT), le Centre africain d’études et des recherches sur le terrorisme (CAERT). Le responsable a indiqué qu’en vue de pallier ces insuffisances dans la lutte contre le financement du terrorisme, l’Algérie «milite pour la criminalisation par l’ONU (Organisation des Nations unies) du paiement des rançons». L’Algérie a, d’ailleurs, offert d’abriter une conférence de l’Union Africaine consacrée à la problématique, et ce, en vue d’obtenir l’élaboration d’un protocole additionnel à la convention de 1999 sur la répression du financement du terrorisme criminalisant les paiements de rançons, a expliqué Riache. «La criminalisation du paiement des rançons ainsi que l’arrêt des flux de financement du terrorisme provenant de l’extérieur du continent restent des priorités de l’action africaine en matière de lutte contre le financement du terrorisme», a-t-il poursuivi. Le même responsable a fait savoir que l’Algérie a constamment veillé à mettre sa législation en matière de lutte contre le financement du terrorisme en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et les dernières recommandations du Groupe d’action financière (Gafi). Il a également précisé que cet effort a été attesté par les efforts du Gafi dont l’Algérie est un membre actif ainsi que par les rapports périodiques de l’ONU. Selon le même responsable, «la prise d’otages représente, à elle seule, un grand gisement que les groupes terroristes exploitent encore extensivement». Par ailleurs, Houas a tenu à féliciter l’UNCCT et le CAERT pour l’initiative de cet atelier «tant opportun dans le contexte international actuel de la lutte antiterroriste», les encourageant à poursuivre et à approfondir cette coopération nécessaire à l’Afrique, en vue de renforcer ses capacités institutionnelles de lutte contre le terrorisme dans ses différentes manifestations.