Des ensembles musicaux d’Algérie, de France, du Japon et de Tunisie ont animé samedi soir à Alger, la scène du 12e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes (FestivAlgérie), dans une fresque multicolore, qui a permis au public relativement nombreux de prendre part à un voyage à plusieurs escales.
L’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïh, où le 12e FestivAlgérie a élu domicile depuis son ouverture le 20 décembre dernier, a accueilli un programme diversifié qui a permis au public d’apprécier la rigueur de la musique classique universelle, proposée par un duo français, la tradition andalouse, rendue par un orchestre de la diaspora algérienne à Paris, la culture ancestrale japonaise et le chant malouf tunisien. Le « Duo Hemiolia » représentant la France, animé par la violoncelliste Claire Lamquet et la violoniste russe Alfia Bakieva, a étalé huit pièces du XVIIe siècle, écrites par de grands noms de la musique classique, brillamment exécutées dans un ton solennel, devant un public recueilli, qui a apprécié le rendu du duo dans un silence religieux. Les Sonates de Cima, de Castillo et de Francoeur, la Fantaisie de Telemann, la Follia de Corelli et le Caprice d’Alabaco, ont constitué l’essentiel du programme interprété par le duo avec une maîtrise technique de haute facture, avant de conclure avec « Al Khir Ino », chanson célèbre d’Idir, icône de la chanson algérienne d’expression kabyle, que le public a repris en chœurs, applaudissant longtemps les musiciennes. L’Ensemble andalou de Paris et ses 18 musiciens de la diaspora algérienne en France, dirigé par Abdelkrim Bensid a présenté un répertoire varié d’inqilabes et de hwaza, d’une dizaine de pièces, enchantant le public qui a donné du répondant aux musiciens de l’ensemble créé en 2010 avec pour objectif principal d’exporter le patrimoine musical algérien. Respectant la parité hommes-femmes, l’Ensemble andalou de Paris a exécuté, dans les modes Zidène et Araq, son programme en chorale, avec « beaucoup de professionnalisme », a tenu de relever le président de l’association, Chawki Chaoui Boudghane, précisant que les musiciens de l’ensemble, « Très honorés » de participer à un « évènement de référence », se sont formé « dans différentes écoles de musique en Algérie », Tlemcen, Alger et Constantine entre autres. « Futari Bayachi », un autre duo chantant la tradition de plusieurs régions du Japon, est composé par la chanteuse au Taïko (tambour japonais) Emiko Ota et le musicien au Shamisen (luth à trois cordes) Hideaki Tsuji, tous deux présents dans des accoutrements traditionnels (Kimono et « frisodé » kimono féminin) devant un public attentionné, qui a eu droit aux explications du luthiste pour aider à comprendre la dizaine de pièces interprétées. Les contenus, très applaudis, du rendu japonais traitent essentiellement de la beauté de la nature, la valeur du travail, le quotidien des gens, l’histoire, ainsi que des humeurs qui distinguent la singularité du caractère nippon, à l’instar de la « chanson de la mariée laide » ou celle qui célèbre le son émis par la faucille lors de la récolte de blé, que le public a chanté, répondant aux sollicitations du duo. La Tunisie, présente avec 14 musiciens de l’Orchestre de l’association de jeunes pour la musique arabe de Monastir, dirigé par Mahmoud Frih, a enchanté l’assistance avec un programme de chansons dans les genres malouf et populaire.
Entre autres pièces interprétées par l’ensemble tunisien, « Semmaï isbaïn », » Ya la qawmi dhayyaouni », » Noubet raml ekl maya »et « Wasla Mezmoum » dans le malouf, ainsi que « Hobbi yetbaddel, yet’djedded », « Kiy dik bik eddah’r ya meziana » et « Jari ya Hammouda » dans le registre de la chanson populaire, au plaisir d’un public conquis qui a cédé au relâchement et longtemps applaudi les artistes. Le 12e FestivAlgérie s’est poursuivit, avec au programme d’hier des ensembles d’Algérie, de Turquie et du Maroc.