Une nouvelle étude montre que, au-delà du temps passé devant les écrans, la façon de les consommer joue aussi un rôle majeur sur le développement cognitif des enfants. Votre enfant passe beaucoup de temps devant la télévision, notamment pendant les repas ? Cela pourrait avoir un impact sur son développement.
C’est ce que prouve une étude menée, notamment auprès de près de 14 000 enfants de leurs 2 ans à leurs 5 ans et demi, publiée dans The Journal of Child Psychology and Psychiatry. Tout d’abord, les temps d’écrans quotidiens des enfants ont été rapportés par leurs parents. Des indicateurs du développement cognitif ont ensuite été évalués, comme le développement du langage ou le raisonnement. Un lien entre l’exposition aux écrans et le développement cognitif a ainsi été une nouvelle fois observé : à «3,5 et 5,5 ans, le temps d’exposition aux écrans était associé à de moins bons scores de développement cognitif global, en particulier dans les domaines de la motricité fine, du langage et de l’autonomie», indique l’Inserm, qui a notamment mené l’étude, dans un communiqué. Ensuite, les parents devaient indiquer si la télévision était allumée lors des repas. C’était le cas pour 41% des enfants de 2 ans. Les résultats sont sans appel : les enfants qui regardaient les écrans à table ont montré «de moins bons scores de développement du langage au même âge. Ces enfants présentaient également un moins bon développement cognitif global à 3 ans et demi», indique l’Inserm. Si l’effet néfaste du temps passé devant les écrans est connu et encore une fois prouvé, cette nouvelle étude montre que le fait de regarder la télévision à table aurait un impact 10 fois supérieur sur le développement cognitif. Les premières années de vie sont décisives pour le développement cognitif, mais aussi dans la mise en place des habitudes de vie. Lorsqu’un enfant utilise un écran excessivement, il le fait au détriment d’autres activités ou interactions sociales essentielles pour son développement. Jonathan Bernard, chercheur à l’Inserm et auteur de l’étude (communiqué). «La télévision, en captant l’attention des membres de la famille, interfère avec la qualité et la quantité des interactions entre les parents et l’enfant. Or, celle-ci est cruciale à cet âge pour l’acquisition du langage. De plus, la télévision ajoute un fond sonore qui, lorsqu’il se superpose aux discussions familiales, va rendre difficile le déchiffrage des sons pour l’enfant et limiter la compréhension et l’expression verbales», explique Shuai Yang, auteur principal de l’étude. «Si nos résultats suggèrent que les effets délétères de l’utilisation des écrans dans la petite enfance présentent un faible impact sur le développement cognitif au niveau individuel et peuvent être compensés dans les années suivantes, rassure Jonathan Bernard, ils justifient cependant de rester vigilants à l’échelle de la population».