Visite du Président Abdelmadjid Tebboune du 14 au 16 juin 2023: Intensifier la coopération économique entre l’Algérie et la Russie ?

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Étant liés de longue date par des intérêts stratégiques, le président de la République entame une visite officielle de trois jours en Russie, qui durera du 14 au 16 juin afin notamment de renforcer la coopération économique.

Préambule

La Russie est l’État le plus étendu au monde (plus de 17 millions de km²) et comptait au 1er janvier 2022, 145,5 millions selon l’agence de statistiques russe Rosstat. Son PIB était de 1779 milliards de dollars en 2021 avec une structure qui a certainement évolué entre 2022/2023 du fait de l’effort de guerre : agriculture 5%, industrie 33% mais avec une dépendance au prix des hydrocarbures de 39/40 % et les services 62/63%. La Fédération de Russie en 2022 est la 11e puissance économique au monde selon la Banque mondiale et selon le FMI la 9e avec des ressources naturelles importantes.

Ce pays possède des compétences scientifiques et techniques les plus avancées dans le monde, n’oublions pas qu’il a été le premier pays à lancer le 4 octobre 1957, le premier satellite artificiel Spoutnik 1. L’économie russe se caractérise selon les rapports internationaux repose essentiellement sur cinq facteurs : premièrement, c’est une économie en transition héritant encore du lourd héritage soviétique ; deuxièmement, c’est une économie de rente dont les entrées en devises repose sur les hydrocarbures (pétrole/gaz) et différents métaux rares et au niveau de la structure interne du PIB fondée sur la production où plus de la moitié de la richesse calculée provient des secteurs suivants : fabrication-construction-mine, en 2021, les importations représentant 17,10% du PIB et les exportations 27,80 ; troisièmement, avec plus de 200 millions d’hectares de terres cultivables, la Russie est un des principaux producteurs mondiaux de céréales dans le monde la Russie ne connaissant plus les pénuries alimentaires de l’époque soviétique ; quatrièmement, c’est une économie qui souffre du vieillissement démographique depuis la fin de l’ère soviétique ; cinquièmement, c’est une économie où l’Etat joue un rôle stratégique.

1 – L es délégations des deux pays devront ainsi signer des mémorandums d’entente notamment dans les domaines économique, scientifique, juridique, de l’industrie pharmaceutique, de la communication, du nucléaire civil et de la culture. Se tiendra durant cette visite la 26e édition du forum économique de Saint-Pétersbourg et rassemblera plus de 1700 participants dont des patrons d’entreprises internationales issus de 33 pays. Seront évoquées les questions énergétiques du fait que l’Algérie autant que la Russie entendent, privilégier leurs intérêts propres. La Russie, pour contourner les sanctions occidentales, sa part dans le marché européen étant passé de 45/47% en 2019 à moins de 25% en 2022, le GNL d’autres pays, les USA étant devenus le premier fournisseur, ayant connu une augmentation de plus de 60% en 2022 par rapport à 2021, s’orientant vers l’’Asie à travers le gazoduc «Power of Siberia» en direction de la Chine inauguré, le 02 décembre 2019, près de 2000 kilomètres de tuyaux qui vont acheminer du gaz depuis les gisements de Sibérie orientale jusqu’à la frontière chinoise et à terme, le gazoduc ralliera Shanghaï, à quelque 3000 kilomètres de la frontière, d’ici à 2022-2023 de plus de 33 milliards de mètres cubes gazeux. Plus récemment, la date du début de la construction étant fixée à 2024, nous avons eu l’inauguration du gazoduc Force de Sibérie 2, d’environ 55 milliards de mètres cubes gazeux (1100 milliards de roubles au cours actuel contre une prévision de 800 milliards de roubles ) longueur de 6700 km dont 2400 km sur le territoire de la Russie devant se connecter avec le gazoduc Ouest-Est. Quant à l’Algérie, elle entend élargir ses approvisionnements de gaz vers l’Europ étant passée de 10/% /à 12% de part de marché en 2022, la consommation intérieure ayant représenté plus de 45% de la production , ambitionnant de doubler les capacités horizon 2025/2026 sous réserve de l’attrait d’IDE et d’une politique de rationalisation de la consommation intérieure, en privilégiant également les énergies renouvelables et l’hydrogène vert. Les deux pays fortement dépendant pour leur budget des recettes d’hydrocarbures, avec la baisse actuelle du cours du pétrole (cotation la matinée du 14 juin 2023, 74, 19 dollars le Brent et 69,20 dollars le Wit et entre 30/35 dollars le mégawattheure pour le gaz une baisse de plus de 70% par rapport la même période 2022) jouent un rôle important au sein de l’OPEP+ et au sein des forums gaziers pour la stabilisation des prix du pétrole et du gaz. Concernant les dossiers internationaux, les deux pays militent pour un monde multipolaire, où la Russie et la Chine ont décidé d’appuyer l’adhésion de l’Algérie aux BRICS. L’Algérie venant d’être admise comme membre non permanent au Conseil de sécurité, seront certainement évoqués les dossiers de Ukraine, l’Algérie ayant une position de neutralité conforme à sa politique étrangère, ceux du Proche-Orient et dans la région du Sahel, l’Algérie étant préoccupée face aux tensions à ses frontières.

2 – Pour pouvoir comparer les deux économies en référence à l’année 2021, selon les données des ambassades, les importations russes ont été de 194 milliards de dollars dont 146 pour les produits manufacturés et 27,5 pour les produits agricoles et les exportations ont été de 340 milliards de dollars dont 230 pour le pétrole et les produits pétroliers et 27,1 pour les produits agricoles. Les importations en 2022 ont diminué de 15,01% par rapport à 2021, et les exportations ont reculé de 8,7%. Pour l’Algérie en 2021, les importations ont été de 51,50 milliards de dollars dont 10,7 de produits agricoles, 37,6 de produits manufacturés et les exportations de 37,8 milliards de dollars dont 33,4 pour le pétrole et les produits pétroliers. Du point de vue de la coopération entre l’Algérie et la Russie, selon les données officielles russes, hors achats militaires, (selon l’Institut de Stockholm plus de 60/70% de l’armement provient de la Russie) où l’Algérie a un partenariat stratégique de longue date, mais selon les experts militaires s’orientant vers la diversification des fournisseurs, les exportations russes vers l’Algérie en 2021, se sont élevées à 2,9 milliards de dollars et les importations russes en provenance de l’Algérie se sont élevées à 1,8 milliards de dollars, total de volume d’change de 4,7 milliards de dollars contre 2 milliards de dollars en 2010. La part de l’Algérie (importation et exportation) dans le volume des changes en 2021 représente 2,16%. La part de l‘Algérie dans le chiffre d’affaires du commerce extérieur de la Russie s’est élevée à 0,4% et la part de volume l’Algérie occupe la 43e place contre la 35e en 2020. La part de l’Algérie dans les exportations russes s’est élevée toujours en 2021 à 0,6% contre 0,8% en 2020 et en termes de part dans les exportations russes, l’Algérie occupe la 35e place contre la 25e place en 2020 et la part dans les importations la 115e place en 2021 contre la 123e place en 2020.

En résumé, les échanges économiques, pouvant facilement être doubléser comme cela a été mentionné en 2022, lors de différentes rencontres bilatérales pour les porter entre 8/10 milliards de dollars, mais marginaux entre 2021/2022 s’expliquent fondamentalement par la similitude des structures économiques des deux pays et donc loin des potentialités. Elles peuvent être développées, pas seulement dans le domaine militaire où l’apport russe pour une intégration plus poussée est souhaitable , mais surtout économique, mais ne devant jamais oublier que dans la pratique des relations internationales n’existent pas de sentiments mais que des intérêts.

A. M.