L’ambition est grande. Faire d’Alger une capitale incontournable dans le bassin méditerranéen, tel est le vœu, l’instruction sommes-nous tentés d’écrire, du wali. A ce sujet, lors d’une réunion avec les présidents d’APC, il a passé au crible les besoins de la capitale afin qu’elle soit attractive. L’environnement, les espaces récréatifs, la facilité de circulation… et d’autres critères qui hélas, n’existent pas encore. Alger est triste. Qu’il pleuve, elle s’enferme dans une mélancolie qui fait les passants furtifs à peine visibles. Que le soleil resplendisse, les retraités sortent sur les quelques rares bans publics qui restent et les gens sont plus gais, mais cela c’est grâce au ciel et non à l’initiative de quelque élu. Surtout si vous allez à Alger en provenance de votre banlieue, prenez soin d’aller aux toilettes auparavant, car vous aurez beau chercher dans les avenues de la métropole, il n’y en a point saufs quelques très rares latrines. Pour le reste, se restaurer dans la capitale donne le choix entre une pizzeria et une autre sagement rangées les unes après les autres dans les rues, donnant à voir leur chawarma, ce plat en passe d’être national. Il vaut mieux donc faire toutes ses courses et rentrer dare-dare dans sa banlieue afin d’éviter le gros encombrement de fin de journée. Quand descend le soir, la capitale retrouve ses quartiers et sa tristesse et il n’y a plus que les enfants qui retrouvent leur espace libéré par les squatters de l’informel. Alors commence la longue nuit ennuyeuse à mourir pour le visiteur qui fera vite de rejoindre son hôtel, parce que de cinéma, de théâtre, de soirée musicale, foin du tout. Même les grands cafés jadis ouverts jusqu’à une heure tardive de la nuit, ont désappris à veiller faute de clientèle. La nuit, tous les chats sortent se disputer les sacspoubelles. Alger s’endort dans le silence