Un problème d’éducation

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Sommes-nous en passe de développer une relation franchement hostile à notre environnement ? A l’espace vital que nous accaparons au mépris total que nous affichons à l’endroit des autres ? Cette mentalité de s’approprier l’espace public n’est pas spécifique aux gardiens autoproclamés des parkings sauvages, ni aux bandes de voyous qui squattent les plages en rackettant les familles, mais a tendance à toucher toutes les strates de la société. Le commerçant qui pose un cageot ou une chaise sur la rue, signifiant ainsi que cet espace lui appartient et que personne ne peut y stationner, le groupe de personnes qui discutent en toute quiétude sur le trottoir, obligeant les passants à emprunter l’asphalte avec les risques encourus, l’automobiliste qui s’arrête et qui descend faire ses courses en laissant claironner toute la file de voitures derrière, le cortège nuptial qui bouche la route pour prendre des photos, ignorant superbement tous ceux qui sont derrière et devant… Autant de comportements antisociaux, irrespectueux de l’espace public, des règles les plus élémentaires du vivre-ensemble. Ces attitudes sont pourtant récentes et traduisent la profonde déliquescence d’une société qui a visiblement perdu ses repères. N’importe quel dépassement, n’importe quel geste déplacé, n’importe quelle anomalie, tout est devenu «normal», mot-clé de la déshérence et de la démission collective. Il faut quand même une sacrée dose de mépris voire de haine à l’égard de son propre environnement pour le salir de la sorte. Les rues, les alentours des bâtiments, les routes, les trottoirs, les plages, les forêts… sont devenues des poubelles à ciel ouvert et il est déplorable de voir ces mains criminelles jeter la bouteille vide de la vitre de véhicules de luxe. Le chemin est long et l’école a du pain sur la planche, si toutefois on la laisse jouer son rôle, celui d’éduquer. Car c’est un problème d’éducation.