Un monde polarisé et incertain dues tant à la gouvernance mondiale qu’aux dérèglements climatiques

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Deux rapports internationaux viennent de paraître  le premier en date du 13 mars  2024 celui du  Programme des Nations   sur le Développement Humain 2023-2024, intitulé « sortir de l’impasse : repenser la coopération dans un monde polarisé », le second  de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en date du 19 mars 2024 intitulé «l’état du climat mondial en 2023», montre que les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses, les feux incontrôlés et l’intensification rapide des cyclones tropicaux ont semé la misère et le chaos, bouleversant la vie quotidienne de millions de personnes et infligeant des pertes économiques  milliards de dollars.

1.-Le rapport du PNUD sur l’Indice du Développement Humain  du 13 mars 2024 : « sortir de l’impasse et repenser la coopération dans un monde polarisé »

. Distinguant  l’Indice faible  24 pays sur 30, l’Indice moyen 25 sur 32, l’Indice élevé 24/40  et Indice très élevé 39/59, sur  la base des derniers chiffres de 2022, les dix pays ayant les scores de développement humain les plus élevés sont la Suisse, la Norvège, l’Islande, Hong Kong, le Danemark, la Suède, l’Allemagne et l’Irlande, ex aequo à la septième place, , tandis que la France ne se porte qu’au 28e rang, soit une place Singapour, ainsi que l’Australie et les Pays-Bas, ex aequo à la dixième place. Les États-Unis sont à égalité avec le Luxembourg à la 20e place. L ‘indice de développement humain de la Chine pour 2022 est passé à 0,788, ce qui la place au 75e rang mondial, alors qu’elle était au 79e rang en 2021 Les dix pays dont le développement humain est le plus faible sont la Sierra Leone, le Burkina Faso, le Yémen, le Burundi, le Mali, le Tchad, le Niger, la République centrafricaine, le Sud-Soudan et la Somalie, tous  ces pays, à l’exception du Yémen, se trouvant en Afrique . Le rapport note qu »un groupe extrême » de pays comme le Soudan, l’Afghanistan ou la Birmanie que « la combinaison de la pandémie, de crises fiscales et de conflits, parfois de guerres civiles explique cette  une situation  où l’Afghanistan a par exemple perdu 10 ans en termes de développement humain, tandis qu’en Ukraine, l’indice est à son plus bas depuis 2004. Le rapport du PNUD mentionne  que les pays ayant des gouvernements populistes affichent des taux de croissance du PIB plus faibles que les autres pays où  quinze ans  après la prise de fonctions d’un tel gouvernement, le PIB par habitant est inférieur de 10 % à ce qu’il serait dans un scénario de bonne gouvernance. Bien qu’après avoir fortement baissé en 2020 et 2021, selon ce rapport , l’IDH devrait en effet atteindre des sommets record en 2023 Ce rapport , met en lumière, un paradoxe.  Premièrement, les  problèmes sont interdépendants exigeant  des solutions qui le sont tout autant et  que la démondialisation n’est ni possible ni réaliste dans le monde d’aujourd’hui  L’interdépendance économique reste forte, car aucune région n’est proche de l’autosuffisance, car toutes dépendent des importations d’autres régions pour 25 % ou plus pour au moins un type de biens et services essentiel  Les  approches protectionnistes ne peuvent pas répondre aux défis complexes et interconnectés auxquels le monde est confronté, notamment la prévention des pandémies, la lutte contre les changements climatiques et la réglementation numérique. Deuxièmement, une réalité inquiétante  avec les progrès inégaux en matière de développement qui laissent de côté les plus pauvres, exacerbant les inégalités et alimentant la polarisation politique à l’échelle mondiale où  près de 40 % des échanges mondiaux de biens sont concentrées dans trois pays  et la capitalisation boursière de chacune des trois plus grandes entreprises technologiques du monde est  supérieure au produit intérieur brut (PIB) de plus de 90 % des pays. En 2023, les 38 pays membres de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) ont tous enregistré un indice de développement humain (IDH) plus élevé qu’en 2019.   Parmi les 35 pays les moins avancés (PMA) qui affichaient une baisse de l’IDH en 2020 et/ou 2021, plus de la moitié (18 pays) n’ont pas encore retrouvé leur niveau de développement humain de 2019. Toutes les régions en développement n’ont pas atteint leurs niveaux d’IDH prévus compte tenu de la tendance observée avant 2019. Il semble que la progression de leur IDH soit plus faible, ce qui laisse présager un recul irréversible des progrès en matière de développement humain.   Les pertes observées en matière de développement humain ont des effets particulièrement visibles dans le pays en conflits internes  ou externes. L’échec de l’action collective pour réaliser des progrès en matière de lutte contre les changements climatiques, numérisation ou lutte contre la pauvreté et les inégalités entrave non seulement le développement humain, mais aggrave également la polarisation qui se situe au niveau du champs politique  dont  la participation citoyenne à la gestion de la Cité. La moitié des personnes interrogées dans le monde déclarent n’avoir aucun ou peu de contrôle sur leur vie, et plus des deux tiers estiment qu’elles n’ont que peu d’influence sur les décisions de leur gouvernement, cette  polarisation politique  alimentant  les démarches politiques de repli identitaire, ce qui va à l’encontre de la coopération mondiale pour résoudre les problèmes urgents tels que la décarbonisation de nos économies, l’utilisation inappropriée des technologies numériques et les conflits.  Aussi, une action collective pour faire face à la crise climatique et  de l’émergence de l’intelligence artificielle comme nouvelle frontière technologique en évolution rapide, qui n’est guère assortie de garde-fous réglementaires.

2.- Le rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en date du 19 mars 2024  : le dérèglement climatique, une   menace pour  la sécurité mondiale

Le rapport de l’OMM confirme que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne à la surface du globe de 1,45 °C (marge d’incertitude de ± 0,12 °C) au-dessus du niveau de référence de l’ère préindustrielle,  s’agissant  de la décennie la plus chaude jamais observée avec  le réchauffement sans précédent des océans, le recul des glaciers et la perte de banquise en Antarctique   (voir le débat Pr Abderrahmane Mebtoul Radio Beur/Fm Paris le 30/10/2022  sur les enjeux géostratégiques et TV- LCP chaîne parlementaire sur le réchauffement climatique et la sécurité mondiale 31 octobre 2022 Paris France en présence de plusieurs experts internationaux) . Le rapport du PNUD proposent quatre domaines d’action immédiate : la fourniture de biens publics planétaires, pour la stabilité du climat, compte tenu des défis sans précédent de l’Anthropocène auxquels nous sommes confrontés ;  la fourniture de biens publics mondiaux numériques, afin d’assurer une plus grande équité dans l’exploitation des nouvelles technologies au service d’un développement humain équitable; la mise en place de mécanismes financiers nouveaux et élargis, y compris un nouveau volet de la coopération internationale qui viendrait compléter l’aide humanitaire et l’aide au développement traditionnelle en faveur des pays à faible revenu; la réduction de la polarisation politique grâce à de nouvelles approches de gouvernance visant à mieux faire entendre la voix des citoyens dans les délibérations et à lutter contre la désinformation et ce afin de limiter. sept impacts  négatifs Premièrement, pour la hausse du niveau des mers, le constat est la hausse moyenne des températures qui provoque une fonte des glaces continentales (glaciers, icebergs, etc.). Le volume de glace fondue vient s’ajouter à celui de l’océan, ce qui entraîne une élévation du niveau des mers. Près de 30% de cette élévation est due à la dilatation causée par l’augmentation de la température de l’eau. Le taux moyen d’élévation du niveau marin s’accélère, était de près d’1,3 mm par an entre 1901 et 1971, d’environ d’1,9 mm par an entre 1971 et 2006, et il atteint près de 3,7 mm par an entre 2006 et 2020, le GIEC estimant que le niveau des mers pourrait augmenter de 1,1 m d’ici 2100. Comme impact, les zones côtières seront confrontées à des inondations dans les zones de faible altitude plus fréquentes et plus violentes et à l’augmentation de l’érosion du littoral. Deuxièmement, la modification des océans qui absorbent naturellement du gaz carbonique, en excès dans les océans, acidifie le milieu sous-marin, ce qui provoque la disparition de certaines espèces, notamment des végétaux et des animaux tels que les huîtres ou les coraux. En plus de son acidification, la modification des océans entraîne une baisse de sa teneur en oxygène, réchauffement et augmentation de la fréquence des vagues de chaleur, affectant les écosystèmes marins et les populations qui en dépendent.  Troisièmement, l’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes provoque l’évaporation de l’eau, ce qui modifie le régime des pluies plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent dans certaines régions, et des sécheresses plus intenses et plus fréquentes dans de nombreuses autres régions. En effet, lors de pluies violentes, les sols ne peuvent pas fixer l’eau, s’écoulant alors directement vers les cours d’eau plutôt que de s’infiltrer, les nappes d’eau souterraines ne pouvant se reconstituer. Le réchauffement planétaire entraîne le dérèglement des saisons et le déplacement des masses d’air qui pourraient, à long terme, accroître le nombre d’événements climatiques extrêmes: tempêtes, ouragans, cyclones, inondations, vagues de chaleur, sécheresses, incendies.  Quatrièmement, le réchauffement climatique est une menace sur les plantes et les animaux car les cycles de croissance des végétaux sauvages et cultivés sont modifiés: gelées tardives, fruits précoces, chute des feuilles tardives, etc. Beaucoup d’espèces ne supporteront pas les nouvelles conditions climatiques et l’agriculture devra s’adapter en choisissant des espèces précoces.. Les comportements de nombreuses espèces animales sont perturbés et devront migrer ou s’adapter sous menace d’extinction. Cinquièmement, l’impact du réchauffement climatique bouleverse les conditions de vie humaine. Certains de ces effets sont irréversibles , environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des habitats très vulnérables au changement climatique. Si le niveau des mers augmente d’1,1 m d’ici 2100, près de 100 millions de personnes seront contraintes de changer de lieu d’habitation, et certaines terres côtières ne seront plus cultivables et en plus , le changement climatique accroît les risques sanitaires: vagues de chaleur, cyclones, inondations, sécheresses, propagation facilitée de maladies. Sixièmement, les dérèglements climatiques perturbent la distribution des ressources naturelles, leur quantité et leur qualité. De plus, les rendements agricoles et des activités de pêche sont impactés. Les rendements agricoles pourraient baisser d’environ 2% tous les 10 ans tout au long du XXIe siècle, avec des fluctuations chaque année. Septièmement, les impacts sur les coûts où selon  l’AIE les engagements gouvernementaux actuels ne permettraient d’atteindre que 20% des réductions d’émissions d’ici 2030 et devant investir chaque année jusqu’à 4000 milliards de dollars /an au cours de la prochaine décennie. La priorité est de diriger la majorité de ces investissements vers les économies en voie développement, et vers de nouveaux investissements : les véhicules électriques, l’hydrogène, le captage / stockage du carbone et biocarburants,, sur l’efficacité énergétique dont le transport de l’énergie, le Btph, l’industrie sans compter d’autres secteurs comme la santé , l’agriculture et les loisirs avec un nouveau mode du tourisme ce qui nécessite la réforme du système financier mondial du fait que les obligations vertes représentent en 2021 seulement 2% de la valeur du marché obligataire mondial. Sans changement de trajectoire, les prévisions du Nges, qui s’appuient sur la simple mise en place des politiques actuelles, envisagent une perte de production équivalant à environ 5% du PIB mondial d’ici 2050, et jusqu’à 13% d’ici 2100. ( voir contribution Pr A. Mebtoul Financial Afrik  18/03/2024) .C’est que   le monde est appelé à changer de modèle de consommation pour aller vers une économie de l’énergie fossile classique et des biens consommables économisant  l’eau qui sera un enjeu stratégique au XXIème siècle.  Lors d’une conférence de bailleurs de fonds à New York le 24 mai 2023, le secrétaire général de l’ONU a annoncé que l’Afrique aura besoin de 7 milliards de dollars par an  pour palier à la menace qui pèse sur des millions de personnes en  l’Afrique durement touchée par les impacts du réchauffement climatique qui n’est responsable que de 3,8 % des émissions totales de gaz à effet de serre   prévoyant  une sécheresse sans pareille entre 2025/2030 avec une pénurie d’eau douce et donc une  menace sur  une crise alimentaire. Fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui sera menacée, car le climat mondial est un vaste système interconnecté

En résumé ,tant  les  rapports  de l’OMM  que celui du PNUD montrent clairement que nous sommes face à un monde polarisé et incertain avec de profonds bouleversements  géostratégiques, économiques ,dont la percée des BRICS, plus de 33% du PIB mondial en 2023 et plus de 40% de la population mondiale   nous orientant vers un monde multipolaire, , sociales ,  culturelles  et sécuritaires  entre 2024/2030/2050, chaque Nation devant avoir des stratégies d’adaptation pour éviter sa marginalisation Et l’Algérie est interpellée car il y va de sa sécurité nationale.

A.M

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