L’inauguration d’un hôtel haut de gamme à Annaba relancera-t-elle le tourisme? A voir l’enthousiasme qui a marqué l’ouverture de ce mastodonte de verre et de béton situé en plein centre-ville, nous sommes tentés d’y croire. Sauf que les tarifs sont inabordables pour le commun des touristes et, vu son emplacement en zone urbaine, il sera difficile d’en faire un lieu de villégiature. Pour dire que ce genre de palaces est surtout destiné aux délégations étrangères ainsi qu’à des colloques et autres rencontres économiques ou scientifiques. En tous les cas, ce n’est pas avec ces hôtels étoilés, aux labels prestigieux que nous relancerons le tourisme, mais avec des infrastructures plus modestes, mieux adaptées à la réalité locale. A titre d’exemple, il existe à Annaba de nombreux lieux-dits de toutes les évasions et qui sont hélas sous-exploités, livrés à de prétendus investisseurs qui en ont fait les carrefours de toutes les dépravations. Ces endroits sont pompeusement appelés «complexes touristiques» et l’on y croise toute la faune d’affairistes de tout acabit, qui viennent des alentours, se griser au son du mauvais raï. D’ailleurs, à Annaba ou ailleurs, des camps de toile et des centres de vacances qui recevaient jadis de nombreuses familles, ont disparu pour céder la place à ces boui-boui qui prétendent s’inscrire dans le développement touristique. En réalité, le tourisme –qui soit dit en passant est l’un des secteurs-clés susceptibles de remplacer les hydrocarbures- manque cruellement de concepteurs et nous en sommes à édifier des hôtels haut de gamme et à compter le nombre de lits, convaincus qu’on pourra ainsi attirer le chaland. C’est méconnaître profondément le profil du touriste du XXIe siècle, prompt à dormir chez l’habitant ou dans un relais de montagne que dans un palace du type Sheraton. Voilà ce qui nous manque, des relais montagnards, des chambres d’hôtes, des camps de toile équipés, des campings…