L’Algérie pourrait-elle suppléer au déficit en gaz de l’Europe à court terme après que les livraisons de gaz russe à l’Europe via l’Ukraine aient définitivement cessé le 01 janvier 2025, après l’expiration d’un contrat signé entre les deux parties fin 2019, les exportations de gaz russe vers l’Europe via le territoire ukrainien s’élevaient à un peu plus de 14 milliards de mètres cubes par an.
Dans un communiqué en date du 06 janvier 2025, selon la commission européenne la situation en Europe est « stable », à l’exception de la Moldavie avec tous les États membres (de l’UE) ayant recours à la fois à du stockage d’hiver et des importations en provenance de pays tiers, encore que le mégawattheure ait franchi depuis le 02 janvier 2025 la barre des 50 dollars, le prix du gaz PEG pour une livraison en février 2025 étant actuellement de 51,480 dollars ayant atteint son plus haut niveau le 05/01/2025, à 52,111 dollars (cours 1,04 dollar un euro contre 1,06 courant décembre 2024 ) et le prix du baril Brent la matinée du 06/014/2025 76, 89 dollars avec un mois de janvier particulièrement froid. Dans ce contexte l’Algérie qui axe sa stratégie horizon 2028/20320 sur un PIB de 400 milliards de dollars et un doublement de ses exportations de gaz qui ont été d’environs 50 milliards de mètres cubes gazeux à 100 supposant une production avec le taux de réinjection de 220 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2028/2030.
Malgré un PIB que le gouvernement algérien en 2023 ait été augmenté d’environ 33% en incluant une part de la sphère informelle, de 243 milliards de dollars qui devrait passer en 2024 à 268 milliards de dollars à 293 milliards de dollars en 2025, à 318 milliards de dollars en 2026 et à 370 milliards de dollars en 2028, mais essentiellement tiré par la dépense publique via la rente des hydrocarbures , un bon cadre macro-financier de 70 milliards de dollars de réserves de change fin 2023, le gouvernement algérien devant éclairer l’opinion publique, le stock d’or de 174 tonnes est-il inclus ou pas , 1,6% du PIB de dette extérieure mais un endettement de la dette publique brute en croissance plus de 60% du PIB en 2024 selon le FMI, le cadre macro économique est instable avec un taux d’inflation de 9/10% entre 2022/2023, et 6/7% en 2024 et un taux de chômage dépassant les 14% incluant les emplois rente et .pour la majorité des institutions internationales, l’objectif d’attendre 400 milliards de dollars horizon 2029/2030 dépendra de profondes réformes. Les exportations hors hydrocarbures ont baissé de 15%, passant de 5,9 milliards en 2022 ( les statistiques douanières donnant un autre montant, 6,9 milliards de dollars en 2022) à 5,05 milliards de dollars pendant l’exercice 2023 et selon les données de l’ONS organe officiel de la statistique pour le premier semestres 2024, le montant au même rythme devrait tourner entre 4,2 et 4,5 milliards de dollars fin 2024 dont 67% préviendraient de dérivées d’hydrocarbures , démentant ainsi les pronostics de certaines experts organiques. Le nombre de projets inscrits au niveau de l’Agence algérienne de la promotion de l’investissement (AAPI) aurait été de 4000 projets enregistrés à cette Agence, 57 étant des projets structurants, dont 47 d’investissement étrangers directs sans préciser le montant et la nature des projets et leurs impacts Mais il l faut éviter les erreurs du passé, l’ANDI sous la période 2000/2019 avaient annoncé plus de 10.000 projets déposés mais à peine 5% ont vu leur réalisation effective Car , pour bien situer les enjeux des exportations hors hydrocarbures dans le temps et non se fier aux facteurs conjoncturels, il faudrait pour un bilan serein dresser la balance devises nette et donc répondre aux questions fondamentales suivantes. Quelle est la part des entreprises publiques et privées et leurs formes d’organisation, entreprises par actions, SARL ou unités uni personnelles.; le taux d’intégration des unités exportatrices devant retirer toute les matières premières et services importées en devises qui ont un impact sur la balance des paiements et enfin quantifier toutes les subventions dont les bonifications des taux d’intérêt et pour les unités fortes consommatrices d’énergie, aligner le prix du gaz sur celui du prix international pour calculer leur rentabilité réelle. Pour atteindre 10/15 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures entre 2028/ 2030, il faut être réaliste, l’on devra tenir compte de la concurrence vivace au niveau mondial, car les exportations hors hydrocarbures supposent des entreprises publiques et privées concurrentielles où quelques firmes contrôlent bon nombre de filières sans compter les rivalités géopolitiques des grandes puissances, pour le contrôle des parts de marché notamment en Afrique.
Etant une économie qui repose essentiellement pour les recettes en devises des hydrocarbures avec les dérivées pour 98% puisque le taux d’intégration entre 2023/2024 ne dépasse pas 15% tant pour les entreprises publiques que privées, (importation de matières premières et équipements) est posé le problème du financement. Car outre la partie dinar nous assistons à un l’important déficit budgétaire qui est passé de 30 en 2023, à plus de 45 en 2024 et les prévisions de la loi de finances 2025 donnent environ 62 milliards de dollars, l’équilibre budgétaire nécessitant un baril pour les lois de finances 2023/2024 d’environ 140 dollars selon le FMI, qui sera source d’inflation affecté aux activités non productives. Selon les données officielles de la banque d’Algérie (source APS) les exportations en 2023 d’hydrocarbures ont été 50,4 milliards de dollars d’hydrocarbures (contre 59,7 milliards en 2022), soit une « baisse de 16,9 % , étant prévu 43/44 milliards de dollars en 2024. Quant aux IDE, il sont pour l‘instant relativement faible. Selon le rapport publié le 20 juin 2024 par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Intitulé « World Investment report 2024 », le continent africain a reçu des investissements étrangers en 2023 d’un montant global de 52,63 milliards de dollars en 2023, en baisse de 3 % par rapport à 2022 dont l’Algérie 1,2 milliard de dollars mais plus de 70% orientés vers le secteur des hydrocarbures. Aussi les objectifs tant de 400 milliards de dollars de PIB que de doubler les exportations d’hydrocarbures notamment en direction de l’Europe , seront tributaires de nouvelles découvertes, de la maîtrise de la forte consommation intérieure, des politiques de substitution aux énergies traditionnelles, du coût d’exploitation et de l’évolution du prix international , fonction des tensions géostratégiques, de l’évolution de la croissance de l’économie mondiale et du nouveau modèle de consommation énergétique mondial, qui déterminent l’évolution de la quantité exportable, pétrole et gaz, l’évolution des prix. C’est dans ce cadre que le ministre algérien de l’Energie et des Mines et le PDG de Sonatrach ont annoncé courant mai 2024 que l’Algérie pourrait produire,( étant la sommation de la consommation intérieure et des exportations) dans les cinq prochaines années (2029/2030) , 200 milliards de mètres cubes gazeux dont 100 milliards de mètres cubes gazeux d’exportation , 80 pour la consommation intérieure et environ 20 qu’il faudra injecter dans les puits pour éviter leur dessèchement. Ces objectifs de 100 milliards d’exportation de gaz ( actuellement 67% GN et 33ù GNL) , l’Algérie étant avant tout un pays gazier, 2400 milliards de mètres cubes gazeux de réserves pour le gaz traditionnel , et entre 10/12 milliards de barils de pétrole de réserves, sont réalisables sous réserve de grandes découvertes et d’ une nouvelle politique des subventions ciblées. (Étude réalisée sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres de Sonatrach et du bureau d’études américain Ernst & Young 8 volume 890 pages, MEM Alger, 2008-pour une nouvelle politique des carburants, dossier présenté dossier aux députés APN axée sur une politique des subventions ciblées pour les carburants). Dans cette perspective Sonatrach dans le cadre du Mix énergétique entend axer sa politique sur la diminution des gaz torchés, la réduction de l’empreinte carbone, être un acteur efficace au sein de la chaîne de valeur des énergies renouvelables, ainsi que de l’hydrogène vert bleu et blanc et donc devenir un acteur majeur d’approvisionnement en énergie de l’ Europe( 2ème fournisseur avec 19% en 2023) et d‘autres marchés en développant le GNL, grâce à un partenariat gagnant – gagnant . Avec le développement des énergies renouvelables dont le solaire ( 3000 heures de soleil par an) , l’objectif est d’ atteindre 35/40% de la couverture des besoins intérieurs 2030/2035 avec une partie exportable de 10.000/11.000 MW ( source Ministère Énergie ).
Le déficit de l’Europe sera de 14 milliards de mètres cubes gazeux en provenance de la Russie, après la suspension du transit via l’Ukraine. En 2023,selon l’Economics and Financial Analysis du 21 février 2024, sur une consommation mondiale de gaz de 4010,2 milliards de mètres cubes gazeux en 2023, la consommation de gaz en Europe (UE + Royaume-Uni, Norvège et Turquie) est tombée à son plus bas niveau en dix ans à 452 milliards de mètres cube, soit en dessous de la consommation de 2014 qui était de 472 milliards de mètres cube. Uniquement pour l’Union européenne entre 1998 et 2023, mesurée en milliards de mètres cubes, la consommation de gaz naturel avait atteint un pic de 423,2 milliards de mètres cubes en 2010, mais en 2023, elle était retombée à environ 319,4 milliards de mètres cubes. C’est que l’Europe a mis en œuvre une stratégie 2025/2030 sur l’efficacité énergétique, pour le développement du nucléaire, du renouvelable, dont le solaire et l’hydrogène. A court terme pour combler le déficit en gaz suite à la suspension de l’Ukraine 4/5% de la consommation, l’Europe peut importer de plusieurs pays dont en premier lieu des USA suite aux ententes entre le président Trump et l’Europe, afin d’éviter les taxes douanières, des pays du Golfe dont le Qatar et avec la mise en exploitation récente de gisements en Afrique dont du Sénégal/Mauritanie à partir de l’Ille de la Tortue bientôt opérationnel.. Pour l’Algérie il faut être réaliste , du fait de la forte consommation intérieure presque équivalent aux exportations actuelles, de la nécessité d’importants investissements pour accroitre sa production, selon la majorité des experts sérieux connaissant le dossier la quantité sera très faible à court terme. Mais horion 2030, sous réserve de l’attrait d’investissements étrangers porteurs, l’Algérie peut devenir un acteur majeur de l’approvisionnement de l’Europe en Énergie sous toutes ses formes.
En conclusion, d’une manière générale, le monde avec la révolution des nouvelles technologies d’information étant devenu une maison en verre, devrait connaître – 2025/2030/2040- un bouleversement géostratégique sans précédent , devant s’attendre à une nouvelle reconfiguration économique, militaire et sécuritaire, dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments mais que des intérêts, l’objectif stratégique pour l’Algérie mais également pour l’Afrique, est une stratégie d’adaptation orientée vers une économie diversifiée dans le cadre des nouvelles mutations technologiques mondiales, ce qui suppose une nouvelle gouvernance et la valorisation du travail et du savoir.