Romanciers à vendre

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Notre élite littéraire est-elle attirée par les ors du parisianisme et la reconnaissance des grandes maisons d’édition? Le dernier écrivain en date, le jeune Kamel Daoud (il n’a que 46 ans) soulève présentement une grosse polémique sur des positions plutôt ambigües vis-à-vis des grandes questions de l’heure telles le conflit palestinien ou la montée des extrémismes dans le monde. Dans le Quotidien d’Oran où il émargeait avant de connaître la gloire, il avait commis une chronique où il avait fustigé ce soutien à la cause palestinienne, à ses yeux, trop calculé pour être sincère et réellement engagé. Plus tard, il s’en prendra à un groupe d’Arabes qui auraient violé des jeunes filles allemandes à Cologne la veille du jour de l’an. L’enquête révélera que ces Arabes étaient innocents en tous points de vue, mais le chroniqueur n’aura jamais l’humilité de s’excuser. Au contraire, il persistera dans sa position et maintiendra que l’Arabo-Musulman est de nature frustré et enclin à l’agressivité. Propulsé sur le devant de la scène médiatique hexagonale au lendemain de la parution de son roman Meursault contre-enquête, une lecture critique de L’Etranger» d’Albert Camus, le jeune Daoud sera sollicité par les plus grands journaux du monde et signera des chroniques au prestigieux New York Times. La consécration d’un Arabe (lui-même conteste cette appellation et se dit Algérien), n’est jamais dénuée de calculs et l’on en arrive à se poser des questions dont celle de savoir pourquoi des éminents romanciers de la trempe de Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Rachid Mimouni ou encore Rachid Boudjedra n’ont jamais connu de tels honneurs? Pourquoi un écrivain comme Yasmina Khadra a bénéficié d’un accueil sans précédent dans le monde très fermé de l’édition parisienne? Son roman Ce que le jour doit à la nuit disculpe presque la France coloniale de toutes les horreurs qu’elle a commises en présentant les deux communautés, pieds-noirs et indigènes, comme victimes de violences d’extrémistes des deux parts! C’est ce genre de thèses que l’intelligentsia parisienne aime entendre. Juste un rappel : Kamel Daoud est aujourd’hui chroniqueur au magazine Le Point là où émarge un certain Bernard Henry Lévy, sioniste notoire, criminel de guerre et ennemi juré de l’Algérie…