Selon un rapport du Premier ministère, de 2020, près de 30% des entreprises créées entre 1997/2020 dans le cadre de dispositif de l’Ansej opèrent dans les services et sur 386 280 projets financés par cet organisme exactement 28%, le secteur Agriculture et Transport de marchandises qui est dominant représente 15%, suivi par les artisans 11%, le BTP en 4e position avec 9%, l’industrie seulement 7% et 5% pour le transport des voyageurs, la maintenance, le transport réfrigéré et les activités libérales 3% chacun et de loin la pèche 0,3% et l’irrigation 0,1%.
Par Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités, expert international, docteur d’Etat en sciences économiques -1974 –
La zone Nord s’accapare 68% du financement pour 261 826 entreprises, les Hauts-Plateaux 86 618 soit 22% et le Sud 37 836 projets 10%. Quant au mode de financement, 96% des projets ont opté pour un financement triangulaire soit 371 528 projets, (apport personnel, banques, Anade), et pour les 4% restants d’un financement mixte (apport personnel-Anade) soit 14 752 projets. Depuis octobre 2018 est apparu un troisième financement, à savoir l’autofinancement, mais cela concerne seulement 101 projets créés. Jusqu’au 30 juin 2020, selon ce rapport, 26% des projets ont eu un financement entre 1 et 2 millions de dinars, 13% entre 3 et 4 millions de dinars , 0,1% environ 10 millions de dinars, 4% entre 9/10 millions de dinars et 2% entre 8/9 millions de dinars. Concernant les entreprises en difficultés, seuls 2214 entrepreneurs ont remboursé leurs créances pour un montant de 2,8 milliards de dinars alors que 77 520 entreprises ont déposé au Fonds de garantie des risques de crédit d’un montant de 116,5 milliards de dinars, le Fonds ayant régularisé 22 576 dossiers pour 27,5 milliards de dinars, 3017, dossiers ayant été rejetés.
Pour l’année 2021 à titre d’exemple lors de la 21e séance de travail, ont été examinés 500 dossiers d’entreprises en difficulté sur un total de 10 599 présentés par les représentants des banques des wilayas de Tizi-Ouzou, Alger et El Tarf dont 146 ont été acceptés avec un montant de remboursement dépassant les 25 milliards de centimes pour la prise en charge des microentreprises en difficulté à travers le remboursement de leurs dettes ou la relance de leurs activités, selon le cas. Selon un communiqué du 10 janvier 2022, l’Agence nationale d’appui au développement de l’entrepreneuriat «Anade» (ex-Ansej) a validé 138 dossiers supplémentaires pour le paiement des dettes des entreprises en difficulté. À la 33e séance de travail de la commission de garantie composée des représentants du Fonds de caution mutuelle de garantie risques/crédit jeune promoteur accordés aux porteurs de projets et de l’Anade, en charge de l’examen de ces dossiers, a été tenue dans le cadre de la mise en oeuvre des axes de la nouvelle stratégie de relance du dispositif de l’Anade et de prise en charge des micro-entreprises en difficulté, à travers le remboursement de leurs dettes ou la relance de leurs activités, au cas par cas.
Le nombre global des micros entreprises en difficulté, dont les dossiers ont été examinées durant les trois séances de 2022, s’élève à 1523 dossiers. Rappelons que sur rapport conjoint de ministre les Finances et du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l’économie de la connaissance et les start-up, un décret a été publié afin de fixer les modalités de fonctionnement de fonds d’appui et de développement de l’écosystème, les start-up, ainsi que les modes de financement possibles. Cependant tous ces communiqués disparates montrent le manque de visibilité, plusieurs ministères se télescopant, un ministère de l’Industrie, un ministère des PMI/PME, les Mines étant rattachées au ministère de l’Énergie alors que face à la crise s’impose pour plus d’efficacité et de cohérence une autre organisation institutionnelle autour de grands ministères dont un grand ministère de l’Economie.
Pour le cas précis des PMI/PME et sur la nature des projets soumis à examen avec le risque de reproduire les mêmes échecs de l’ex-Ansej bon nombre de ces entreprises n’ayant aucun avenir dans un environnement concurrentiel et sans la relance de l’économie nationale, les start-up, étant avant tout des prestataires de services, risquent de dépérir malgré toutes les compétences.
Pour rappel, les dernières statistiques officielles de 2020/2021 indiquent que 70% des sociétés créées dans le cadre du dispositif de l’ex-Ansej connaissent des difficultés et risquent de mettre la clé sous le paillasson Pour preuve, pour les projets défaillants, dans une déclaration début 2021, le directeur de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (Anade, ex-Ansej) a annoncé avoir financé 386 000 projets depuis sa création, dont 140 000 entre 1997 et 2010 et 245 000 entre 2011 et 2020 existant 172 milliards de dinars d’impayés par les jeunes entrepreneurs du dispositif auprès des banques que depuis 2011, les emprunteurs ont un différé de 3 ans pour commencer le remboursement ; en outre, la banque doit attendre 3 semestres après l’arrêt du remboursement pour déposer le dossier auprès du Fonds de garantie, ces procédures ralentissant la récupération des crédits par les banques, ce qui a amené à la hausse des impayés, un montant très conséquent durant les huit dernières années. Ainsi, le Fonds de caution mutuelle de garantie risques/crédits jeunes promoteurs, dans le cadre du dispositif d’aide à l’emploi Ansej, a procédé au remboursement de l’équivalent de 27 milliards de dinars pour près de 22 500 projets et que ce même fonds, qui garantit les crédits des jeunes entrepreneurs auprès des banques publiques, est en train d’étudier près de 50 000 dossiers de crédit représentant un montant de 82 milliards de dinars.
Quelles solutions ? Premièrement, de créer une Agence de service aux petites entreprises de moins de 20 salariés. L’environnement juridique, administratif, fiscal et social est particulièrement complexe et instable pour une très petite entreprise. En qualité d’employeur, une TPE est aujourd’hui en relation avec plusieurs dizaines d’organismes. Pourquoi ne pas s’inspirer du Small Business Service, interlocuteur administratif unique pour les très petites entreprises créées par le gouvernement britannique. Deuxièmement, pour le délai de paiement, je propose imposer une loi si nécessaire ou un décret exécutif pour le paiement aux PME à moins de 30 jours à compter de la date de livraison. Une telle décision permettra aux PME de recouvrer les milliards de dinars de trésorerie pour toutes les livraisons aux grandes entreprises et pour tous les marchés passés avec les collectivités publiques, les longs retards accumulés dans le paiement devenant étouffant supposant de revoir les procédures des finances publiques. Troisièmement, il s’agira de réduire le délai de remboursement de la TVA aux PME à 15 jours maximum où devra être exigé que l’administration fiscale rembourse dans les 15 jours la TVA aux PME, sauf interrogation motivée sur un risque de fraude. En cas de dépassement, l’administration fiscale devra être pénalisée, selon les mêmes modalités que celles appliquées aux entreprises. Quatrièmement, il faudrait élargir les possibilités de financement des PME en introduisant le Leasing, le capital-développement afin de financer les petites et moyennes entreprises à un stade un peu avancé de leur expansion car la majorité des entreprises familiales rechigne à chercher du capital à l’extérieur, et plus encore à entrer en Bourse d’Alger qui est d’ailleurs en léthargie depuis des années. Cinquièmement, contraindre les grandes entreprises publiques dont Sonatrach, Sonelgaz, notamment à réaliser de la sous-traitance par un copartenariat. Il ne s’agit pas là de prendre des décisions administratives, mais d’en appeler à des changements de mentalité chez les dirigeants des grandes entreprises. Il s’agit d’éviter la vision bureaucratique et s’attaquer au fonctionnement de la société. Il existe une différence entre intentions contenues dans des textes et pratique sur le terrain. Sans une vision stratégique d’ensemble, ce nouveau texte de loi aura un impact mitigé. Combien d’organisations et de codes d’investissement depuis l’indépendance politique et l’Algérie en ce mois d’avril 2022 est toujours une économie rentière. Quel est le bilan final en termes d’avantages économiques, en toute objectivité, de toutes ces organisations dont la dernière en date est constituée par les groupes industriels et les assainissements financiers, pour ne prendre que les deux exemples les plus médiatisés El Hadjar et la Snvi de Rouiba ? Quel est le bilan ect.. par rapport aux avantages accordés (taux d’intérêts bonifiés, exonération de la TVA en termes de création de valeur ajoutée, d’emplois productifs et de la réduction de la facture d’importation, de ces entreprises créées par les différentes institutions Andi, Ansej, Anjem, Cnac ect -Evitons de dépenser sans compter, sans analyses des impacts de tous ces projets où en rappelant que selon les données du Premier ministère, l’assainissement des entreprises publiques durant les 20 dernières années a coûté au Trésor public environ 250 milliards de dollars et que durant les 10 dernières années les réévaluations, faute de maturation des projets, ont coûté 65 milliards de dollars : mauvaise gestion ou corruption ou les deux à la fois. C’est que les très petites entreprises (TPE, moins de 20 salariés) et les petites et moyennes entreprises (PME, moins de 250 salariés) sont un facteur clé de la croissance. Il faut un taux de croissance de 8/9% en termes réels pour absorber le flux additionnel de demandes d’emplois entre 350 000/400 000 emplois par an qui s’ajoute au taux de chômage actuel. Or, le constat est la faiblesse du taux de croissance inférieur à la pression démographique souvent oubliée (45 au 1er janvier 2021, plus de 50 millions d’habitants en 2030) et des destructions d’emplois du fait de la conjoncture qui seulement pour le Btph, selon les organisations patronales, a dépassé les 500 000 entre 2020/2021. Nous sommes en avril 2022 et l’économie est toujours en berne, existant un décalage entre les orientations du président de la République lors des différents Conseils des ministres de 2020 à ce jour, et la réalité sur le terrain, l’économie n’arrivant pas à redémarrer réellement, malgré une conjoncture pétrolière favorable et les potentialités du pays, s’attaquant aux apparences du blocage et non à l’essence, à savoir le terrorisme bureaucratique qui enfante la sphère informelle et la corruption.
Où l’Algérie réalise cette transition nécessaire entre 2022/2025, où elle ratera cette chance historique avec le risque de fortes tensions sociales où le taux de chômage en 2022 approchera les 15%, selon le FMI avec un taux d’inflation supérieur à 10% sinon plus. Or, l’objectif stratégique relevant de la Sécurité nationale est de réaliser la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.
A. M. (ademmebtoul@gmail.com)