Réduction des importations: Des explications fournies par l’Algérie à ses partenaires économiques

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Photo Fatah Guidoum@L'Echo d'Algérie

L’Algérie a donné des explications à ses partenaires économiques sur les mesures prises pour réduire ses importations et se dit prête «à dialoguer avec ses partenaires dans cette transition économique».

Les déclarations récentes de la Commissaire européenne du Commerce, Cécilia Malmstrom, devant la Commission des affaires économiques et des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française sur le dispositif algérien de sauvegarde de l’économie nationale, ont fait des réactions. Le ministre du Commerce, Saïd Djellab a indiqué, hier, à Alger, que des explications ont été données aux partenaires européens et a considéré que «le principe de partenariat implique qu’il y ait une compréhension». «Nous avons bien expliqué à nos partenaires de l’Union européenne, avec qui nous avons une relation stratégique, que nous traversons une période très difficile sur le plan financier et particulièrement au niveau de la balance commerciale et celle des paiements, et qu’il s’agit aussi d’une période transitoire», a dit Djellab en réponse à une question de la presse en marge d’une réunion sur les exportations hors hydrocarbures. «Il a été expliqué à l’UE qu’il s’agissait d’une période difficile et que nous sommes, donc, obligés de regarder de très près nos importations», a-t-il déclaré.

Il s’agissait d’une «période transitoire qui permettra à l’Algérie de diversifier son économie et de ne pas dépendre uniquement des hydrocarbures», a-t-il soutenu ajoutant que l’Algérie est prête à dialoguer. «Nous espérons que nos partenaires participent avec nous dans cette transition économique», a-t-il souligné. Le FCE et l’UGTA avaient déjà exprimé leur «préoccupation» à la suite aux déclarations de Cécilia Malmstrom en relevant que ces mesures de protection ne remettent nullement en cause la volonté de l’Algérie de consolider sa coopération économique avec ses partenaires stratégiques dont l’UE fait partie. De son côté, le viceprésident du Conseil national économique et social (CNES), Mustapha Mekideche, a considéré que la réaction de l’UE était «contradictoire» et «paradoxale» puisque des partenariats entre des entreprises européennes et algériennes se sont noués dans le secteur de l’automobile avec des importations de CKD/SKD auprès de pays européens, sans compter la levée des restrictions à l’importation de certains intrants nécessaires à l’économie algérienne, tandis que des accords importants dans le domaine des hydrocarbures ont été conclus récemment entre l’Algérie et l’Italie.

Pour sa part, le Conseil national de concertation pour le développement de la PME «a réprouvé la vision d’une Algérie réduite à un simple marché accessible et réservé aux Etats membres de l’Union européenne». En outre, il s’est étonné de la «réaction disproportionnée» de Malmstrom «au moment où nous assistons à la montée du protectionnisme dans les pays qui se réclament les plus libéraux». Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait appelé, lors du forum d’affaires algéro-espagnol tenu en début avril à Alger en présence de son homologue espagnol, Mariano Rajoy Brey, à la «compréhension» des fournisseurs traditionnels de l’Algérie quant aux mesures de sauvegarde commerciales prises par le gouvernement algérien pour rééquilibrer la balance des paiements. «Je me dois de vous dire que l’Algérie traverse une période difficile financièrement du fait de la chute des prix des hydrocarbures qui ont gravement affecté sa balance des paiements», avait-il expliqué.

Devant cette situation, «le gouvernement, qui a décidé de préserver la dynamique de croissance économique et de développement social et culturel, a pris les mesures qui s’imposaient, notamment des dispositions transitoires de sauvegarde en matière de commerce extérieur», avait soutenu Ouyahia qui avait espéré la «compréhension» des fournisseurs traditionnels, et ce, «dans le cadre de la solidarité».

Vers l’introduction de droits additionnels provisoires

Une réflexion est engagée au niveau du ministère de Commerce pour l’élaboration d’un nouvel instrument de protection de la production nationale qui pourrait porter, entre autres, sur l’introduction «de droits additionnels provisoires et nous sommes en train de réfléchir sur leur conception», a avancé Djellab, en réponse à une question de la presse sur l’éventualité de suppression de la liste des produits suspendus temporairement à l’importation et son remplacement par d’autres mesures.

Djellab a affirmé qu’il y avait une mise à jour à faire de la liste des produits suspendus temporairement à l’importation. Le rééquilibrage de la balance commerciale, l’octroi d’une marge de manœuvre aux opérateurs économiques pour augmenter leurs capacités de production et encourager l’investissement dans certaines filières, sont les principaux objectifs de la suspension provisoire d’importations de 851 produits sont a-t-il expliqué. «Nous avons réuni les opérateurs opérant dans de différentes filières. Ils se sont engagés et il y a déjà des contacts avec des investisseurs étrangers pour la délocalisation de la valeur ajoutée des pays fournisseurs vers l’Algérie», a fait savoir le ministre.

Une partie de la valeur ajoutée doit être réalisée en Algérie

Relevant que l’Algérie est considérée, jusqu’à maintenant, comme un «marché des produits finis» par certains pays, Djellab a expliqué que le message envoyé, à travers les mesures de sauvegarde commerciale, est qu’une partie de la valeur ajoutée, à savoir la croissance et la création de postes d’emploi, doit être réalisée en Algérie. Par ailleurs, il a fait savoir que son ministère était en train de recenser tous les intervenants dans la commercialisation des véhicules, et ce, pour constituer une base de données en matière des prix appliqués. Après la finalisation de ce recensement, le ministère du Commerce «donnera son avis».