Les programmes AADL ont connu ces derniers mois une avancée considérable en termes de réalisation après plusieurs années de stagnation, liées à des difficultés financières et foncières.
Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelwahid Temmar a attesté, ce lundi, lors d’une réunion avec la commission des affaires sociales, de l’habitat et des équipements de l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée à l’examen de l’évolution des programmes de son secteur, de la poursuite des réalisations pour atteindre les objectifs du programme quinquennal 2015-2019. Il a en ce sens fait état de la livraison prévue de «714 000 unités de logement de différentes formules durant 2018 et 2019». «366 000 unités de logement devraient être livrés au titre de l’exercice 2018 et 348 000 autres unités au titre de l’exercice 2019», a-t-il précisé. Il est également prévu la réception de 85 000 unités en 2018 et 86 000 autres en 2019 de la formule AADL. Le nombre des logements réalisés annuellement est de 296 000 unités alors que l’objectif voulu est de 1 891 016 unités. Le chiffre semble ahurissant en effet, et difficile à atteindre en raison des nombreuses difficultés ayant entravé la réalisation des unités précédentes durant les quinze années d’attente. Selon les chiffres avancés par le ministre, la réalisation a connu une avancée considérable durant les trois dernières années (2015-2017). Cette période avait enregistré la «livraison de 886 736 unités (47%) alors que 1 724 140 unités (44%) ont été lancés». Il reste encore 837 404 en cours de réalisation et 166 876 unités à être lancés ultérieurement. La formule LPA, a connu la réception de «72 872 unités et le lancement de 182 851 unités et la réalisation en cours de 109 979 unités». Le programme LPP qui représente 2% de l’offre publique a vu le lancement de «39 499 unités et la réception de 13 916 autres». Concernant l’avancement des travaux de réalisation, selon les formules, le programme public locatif a enregistré le lancement de «686 562 unités» et l’achèvement de «328 906 unités». S’agissant de la formule location vente «64 963 unités ont été achevées, 258 709 unités sont en cours de réalisation et 26 298 unités non encore lancées». Effectivement la cadence des travaux de réalisation a enregistré une courbe ascendante. Une action qui a tardé à venir, mais qui reste saluée. La volonté reste de rigueur pour achever la réalisation des unités non lancées. Selon les détails apportés par le ministre, les programmes en question restent tributaires de la disponibilité du foncier. D’entre les programmes concernés figure l’habitat rural qui représente une partie importante du parc foncier (33% de l’offre publique). Le nombre d’unités s’élève à 491 526 unités pour les programmes lancés et 406 049 unités pour les programmes achevés (68%), outre 85 477 unités (14%) en cours de réalisation.
Préservation de la santé financière
Outre le souci du foncier, le département ministériel avait relevé la lenteur de certains entrepreneurs, notamment étrangers. Des mesures ont été adoptées en ce sens comme indiqué auparavant par le ministre. Il s’agit entre autres de l’élaboration d’un calendrier avec l’ensemble des maîtres d’œuvre qui devront présenter des rapports trimestriels jusqu’à la livraison de tous les projets programmés. «De nouveaux plannings des travaux seront également arrêtés pour fixer l’achèvement des différentes tranches et les délais de leur livraison», avait déclaré le ministre précédemment. Par ailleurs, les entreprises accusant un retard dans la réalisation ont été appelé à augmenter la cadence sous peine de voir leur contrat résilié aussi de présenter des rapports détaillés sur des motifs éventuels de retard. «Dorénavant, les entrepreneurs concernés par le retard seront mis devant leurs responsabilités à travers la publication de leurs noms sur la page Facebook du ministère et à travers les médias», avait dit à ce propos le ministre ajoutant que les «services de son département veilleront à rendre public les véritables taux d’avancement des travaux des différents projets, pour permettre aux souscripteurs de suivre l’état d’avancement des travaux de réalisation de leurs logements». La menace a été exécutée en effet. Le ministère a procédé, au terme de la réunion qu’il a tenu avec les maîtres d’œuvre en charge de la réalisation du programme «AADL», le mois dernier à la résiliation de contrats de trois maîtres d’œuvre et a envoyé 17 mises en demeure à d’autres. Les trois maîtres d’œuvre sont ceux chargés de la réalisation de «2550 unités de logement dont 809 à Tissemsilt, 400 à Ouled Zenati et 750 à Mascara» alors que les 17 autres concernés par les mises en demeure sont ceux chargés de la réalisation de «28 100 unités de logement». Le ministère s’engage de son côté à soutenir les entreprises réalisatrices et de faciliter leurs missions. Rappelons que des actions ont été engagées pour améliorer le cadre organisationnel relatif au paiement des redevances des entrepreneurs pour éviter les retards. Le ministère entend en effet, soutenir les entreprises réalisatrices en veillant toutefois à la préservation des ressources financières de l’Etat et celle du secteur, en raison de la situation difficile que traverse le pays. Intervenant à la mi-janvier devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN) dans le cadre de l’examen du projet de loi portant règlement budgétaire de 2015, Temmar avait rappelé «l’interdiction de la remise des enveloppes budgétaires allouées aux différents projets aux maîtres d’œuvre avant la finalisation et l’approbation de l’étude de réalisation, en sus de la réduction du financement intégral par l’Etat de certaines formules de logements». Pour ce qui est du secteur, des mesures ont été précédemment annoncés dans le cadre de la maîtrise des dépenses. Parmi ces mesures «l’interdiction d’utilisation des matériaux de construction importés sauf le ciment et le rond à béton» ainsi que la «suppression du financement des opérations complémentaires dans les projets de logement et des structures publiques». Le ministère de l’Habitat a également procédé à la signature d’une convention financière de près de «330 milliards» au mois de novembre dernier avec le Crédit populaire d’Algérie (CPA), l’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement (AADL) et la Caisse nationale du logement (CNL). Cette convention a pour objectif de financer le programme de 120 000 logements de type location vente. Elle intervient après la signature de trois autres accords relatifs au financement de réalisation de 300 000 logements dont 120 000 en juin 2017.
Qu’en est-il des prix de la location ?
L’ancien ministre Abdelmajid Tebboune avait prévu une baisse sensible des prix de location sur le marché immobilier, en 2017, à la faveur des opérations de livraison des programmes de type de locationvente (AADL) et promotionnel public. « Avec l’achèvement du dossier AADL I en mars 2017, nous prévoyons une baisse sensible des prix de location particulièrement dans les grandes villes, une fois que le parc immobilier doté de milliers de nouveaux logements», avait-il dit à ce propos. Une année plus tard nous constatons que rien n’a changé en faveur des classes sociales. Les nombreuses unités livrées de part et autres dans le pays n’ont pas permis la baisse des prix de location. Au même titre que les véhicules, les logements se louent encore plus chers. Ce qui pose problème à de nombreux citoyens à la recherche de logement, d’attendre la concrétisation du projet de l’Etat portant réalisation de logements entièrement consacrés à la location. «L’élaboration de nouveaux mécanismes de partenariat entre les secteurs public et privé en matière de logement a été entamée à l’effet de réaliser des projets destinés à la location» avait déclaré l’ancien ministre Youcef Chorfa lors d’une rencontre d’évaluation du bilan de son secteur au mois de juillet 2017.