Rapport de la Banque d’Algérie : Les impacts sur l’économie algérienne  des  mutations énergétiques mondiales  et  la baisse des recettes de Sonatrach

0
1003

Pr des universités – Expert international- Dr d’Etat 1974 Abderrahmane Mebtoul

La Banque d’Algérie vient de dresser  un bilan  relativement objectif sur  le bilan  de Sonatrach pour 2024  . Selon les données officielles  du  dernier forum du gaz tenu à Alger  et de plusieurs conseils des ministres ( source APS) les réserves de pétrole de l’Algérie sont estimées entre 11/12 milliards de barils, celui  du gaz transitionnel environ 25OO milliards de mètres cubes gazeux, l’Algérie possédant la troisième réservoir mondial de pétrole et de gaz de schiste mais également  d’importantes potentialités  dans le solaire et l’hydrogène, mais  devant également miser sur l’efficacité énergétique   et revoir son modèle de consommation énergétique.

1.-Les données de la Banque d’Algérie dans le rapport qui vient de paraître  cette fin septembre 2025   les exportations globales des hydrocarbures en 2024 ont été caractérisées par une baisse de 5% en volume et 10% en valeur pour se stabiliser à 45,2 milliards de dollars  contre 50,4 milliards en 2023 et 6O milliards de dollars en 2022.  A ce montant du chiffre d’affaires,  pas le profit net devant déduire les charges, il faut déduire le  transfert de bénéfices pour les entreprises étrangères opérant dans le secteur des hydrocarbures où  en 2024, En 2024, le montant total des bénéfices transférés a atteint 3,08 milliards de dollars. réparti entre le pétrole brut (2,18 milliards de dollars), le gaz naturel (381 millions de dollars), le GPL (273 millions de dollars) et les condensats (241 millions de dollars).  Cette baisse des exportations  selon le rapport de la Banque  d’Algérie s’explique, par le ralentissement de la demande mondiale, la baisse des prix  qui se sont contractées de 8,1% et de 1,5% pour les hydrocarbures liquides mais également par je cite le rapport par  « le recul de l’activité d’extraction des hydrocarbures et des activités annexes , une contraction de la valeur ajoutée de 2,9 % en 2024 contre une croissance de 4,9 % en 2023 .  Les prix pour Sonatrach au niveau international  2024  ont atteint  selon la BA  82,0 dollars le baril, le prix du gaz naturel liquéfié (GNL) ayant  diminué en 2024, passant de 14,3 dollars le million de BTU (MMBtu) en 2022 à  12 dollars en 2O23   et  à 10,5 dollars en 2024,( pour le gaz par canalisation plus de  7O% des exportations, il  faut encore soustraire  environ 2 à 3 dollars moins cher ) . 

Si, selon l’AIE , la moyenne du cours du pétrole  serait entre 66/67 dollars le Brent  pour 2025  et pour le gaz 3O dollars le mégawatt heure et si Sontatrach maintient le même volume  d’exportation   qu’en 2024, les recettes de Sonatrach seront  inférieures à 4O milliards de dollars fin 2025. Alors que  le  déficit budgétaire dépasse selon la loi des finances 2025   63 milliards de dollars .   Plus précis le rapport de la banque d’Algérie mentionne  qu’en 2024, en volume les  exportation de pétrole brut de l’Algérie en 2024 ont été estimées à  145 millions de barils par an et les  exportations de gaz naturel  à  34 à 39 milliards de mètres cubes par an.  Les exportations algériennes en gaz naturel durant les années 2023 et 2024 sont presque  équivalente mais la valeur des exportations ont été de  13,O4 milliards de dollars en 2024  contre 16,4 milliards pour  2023, représentant 28,8 %, cette baisse de la valeur des exportations étant dû à  la  baisse  des prix sur le marché international. Idem pour les exportations du pétrole brut avec  un montant  de  11,89 milliards de dollars  en 2024  contre 12,15 milliards de dollars en 2023 soit 26,3% des recettes totales . Pour les autres catégories nous avons  les produits raffinés  d’un montant de 9,17 milliards de dollars, les exportations de gaz de pétrole liquéfié (GPL) 3,31 milliards de dollars et  les exportations de condensats 1,72 milliard de dollars.. Mais ce que l’on ne doit jamais oublier  c’est la forte consommation intérieure  tant du pétrole que du gaz, sans compter qu’il faut injecter 15 à 2O% de la production  dans les puits pour éviter leur épuisement,   près de 45/5O% est la consommation intérieure  liée aux subventions des produits énergétiques( voir étude réalisée sous la  direction du  professeur Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres dirigeants de Sonatrach et du bureau d’’‘études américain Ernst & Young 8 volume 68O pages devant  députés à l’APN en 2008  pour solutionner ce problème, dossier gelé à ce jour)  Ainsi, en 2024, la consommation intérieure d’énergie en Algérie a atteint 55 millions de tonnes équivalent pétrole  avec une consommation de gaz naturel s’élevant à près de 55 milliards de mètres cubes, absorbée majoritairement par la production électrique et la demande interne, cette forte consommation, bien que stratégique pour la stabilité et le coût abordable de l’énergie pour les Algériens, sacrifie la partie exportation du pays.

2,- Ces données, en tendance,  corroborent celles de l’ONS institution de la statistique  du gouvernement pour qui  il y a creusement du déficit commercial. Pour le premier trimestre 2025 , le déficit a été de 269 milliards de dollars, s’expliquant  par une hausse de 19,4 % des importations et une chute de 5,8 % des exportations comparé à  la même période 2O23  et au même rythme le déficit commercial serait de.1076 milliards  de dinars  soit au cours de 13O dinars un dollar 8,27 milliards de dollars , montant auquel , il  faudra ajouter les importations de services  en devises ( renvoyant à l’exode massif de cerveaux) qui ont  été en 2024 d’environ 6 milliards de dollars  car le document le plus fiable ce n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements ;   C’est que nous avons   des  exportations d’hydrocarbures certes dominantes mais en diminution  et des exportations   hors-hydrocarbures marginales qui ont atteint 5,81 milliards de dollars en 2022, 4,77 milliards de dollars en 2023., en 2024 la baisse a continué avec 3,56 milliards en 2024 et durant le premier trimestre 2025, elles ont atteint 885 millions de dollars contre par rapport à la même période de 2023  où le montant était de 982 milliards de dollars, ce qui donnerait un montant en 2025 inférieure à celui de 2024    , une baisse des exportations hors hydrocarbures y compris les dérivés  d’hydrocarbures inclus  pour 67%  de près de 4O% par rapport à 2022 . Car  pour pouvoir exporter dans ce monde impitoyable où la concurrence est vivace,  il faut, loin des circuits  bureaucratiques, les décisions se prenant en temps réel, des entreprises compétitives en termes de coût et qualité.  Se pose cette question :  quel impact la situation de Sonatrach sur l’économie algérienne  comme vient de le rappeler le rapport du 30 juin 2025 du FMI qui  reste fortement dépendante des hydrocarbures, cette dépendance  exposant  le pays aux variations des prix internationaux , limitant  la stabilité financière qui assurent 4O% des recettes publiques et près de 95 % des exportations  et les 5% restant selon les statistiques officielles du gouvernement ( ONS et douanes) sont constituées à plus de 67% de dérivées d’hydrocarbures donnant hydrocarbures brut et dérivées plus de 98%. En cas de chute des recettes de Sonatrach il y a risque  des tensions budgétaires  une augmentation de la dette publique à moyen terme et ce accentué par l’incertitude mondiale persistante et la volatilité des cours des hydrocarbures qui devraient freiner les exportations et l’investissement, contribuant à creuser le déficit courant  .  La loi de finances 2025 prévoit, reflet de  la baisse des exportations et de l’accroissement des importations y compris les services souvent oubliés,  les recettes budgétaires ont été estimées à 8 523,06 milliards de DA et des dépenses de 16794,61 milliards de DA, ce qui résulte en un déficit budgétaire de 8 271,55 milliards de dinars donnant un déficit budgétaire au cours de 13O dinars un dollar  de  63,64 milliards de dollars. .  Bien que  pour 2025, le gouvernement  table sur un taux de croissance de 4,5% alors que pour la Banque mondiale pour 2025 ce taux devrait baisser pour s’établir à 3,3%.et pour le FMI 3,4%., que les réserves de change s’établissent à 67,8 milliards de dollars selon  le FMI qui ne mentionne pas si au sein de ce montant est comptabilisé les 173 tonnes d’or évaluées au cours de fin décembre 2024 selon les fluctuations entre 18/2O milliards de dollars) ainsi que les DTS déposés au FMI,  couvrant environ 14 mois d’importations fin 2024 il y a lieu d’analyser  les incidences sociales et sécuritaires, de la baisse des recettes de Sonatrach  : 

Premièrement, les litiges avec l’Europe principal partenaire de l’l’Algérie plus de 5O% des échanges commerciaux, qui accuse un déficit commercial avec ‘l’Algérie en incluant les  hydrocarbures ayant eu recours l’arbitrage international ,Selon les données tant de l’UE  en 2023, les échanges entre l’Algérie et l’UE  ont  été  de 35,37 milliards d’euros d’exportations algériennes et des importations de l’Europe  de 14,91 milliards d’euros, donnant un déficit en défaveur de ‘l’Europe de 2O,46 milliards de dollars avec presque le même niveau pour . Par ailleurs comme impact sur les exportations  énergétiques classiques de ‘l’Algérie expliquant sa stratégie de diversification du bouquet énergétique misant sur l’hydrogène vert, bleu et blanc,   l’Europe devrait globalement  diminuer selon les rapports de la commission de Bruxelles  horizon 2O3O ses importations de pétrole gaz du fait de sa politique  de transition énergétique à travers le plan  REPowerEU , s’orientant vers  efficacité énergétique et les énergies renouvelables et imposant des 2O27  des normes pour la protection de l’environnement,  les renouvelables ayant  représenté  en 2024 près de  47% de l’électricité européenne,

Deuxièmement, la taxe décidée  par  le président américain de 30% qui concerne les   hydrocarbures (bruts ou raffinés), les produits sidérurgiques,  les engrais azotés et les ciments, ayant certes impact relativement faible puisque  les   échanges commerciaux entre l’Algérie et  les USA sont en 2024  de  3,5 milliards de dollars , les exportations américaines vers l’Algérie  étant de 1 milliard de dollars, soit une baisse de 15,5% par rapport à 2023 et les  importations américaines de l’Algérie   de 2,5 milliards de dollars, en recul de 18,7%, une balance en faveur de l’Algérie.

Troisièmement   , l’accord ferme UE-États-Unis de juillet 2025 ayant  fixé un objectif de 250 milliards de dollars d’achats annuels d’énergie américaine, sur un volume de  75O milliards de mètres cubes gazeux sur trois ans, incluant le GNL  qui  est en hausse   le premier fournisseur de GNL de l’Europe , près de 45% de ses importations  en 2024   sur une  facture énergétique totale de l’UE  qui  s’est élevée à environ à 435,5 milliards de dollars en 2024 . selon l’infographie du Consilium  europa-eu. l4aL’Algérie dans sa future stratégie devra tenir compte  sans compter les pays du Golfe dont l’Arabie Saoudite, les Emirats  et le  Qatar,  les nombreux contrats  signés récemment dont 8 milliards de dollars  en 2023 entre la Libye  et le groupe italien  l’INIE ( premier réservoir de pétrole en Afrique , plus de 44 milliards de barils)  et l’entrée de nombreux producteurs en Afrique, le Nigeria, le   Mozambique,(deuxième réservoir de gaz en Afrique 5OOO milliards de mètres cubes gazeux après le Nigeria )  le Gabon , et le couple Mauritanie-Sénégal risquant d’impacter els exportations algériennes dans le futur

 Quatrièmement , toute baisse des recettes d’hydrocarbures  aura un impact certes sur les capacités de financement  donc sur le taux de croissance  et sur   le système de protection sociale actuel, les transferts sociaux sans ciblage au profit des plus démunis, donc injuste, les favorisés profitant également de ces transferts, ayant dépassé en 2O23, les 5OOO milliards de dinars soit 38,5O milliards de dollars au cours de 13O dinars un dollar et avec un accroissement pour 2O24/ 2O25, représentant environ 37% du budget de l’Etat ( source officielle APS) , qui pourraient être menacés du fait de la baisse des recettes d’hydrocarbures et de la forte la pression démographique devant créer 35O .OOO/4OO.OOO emplois nouveaux par an qui s ‘ajoute au taux de chômage actuel. Avec un danger le recours au déficit budgétaire par la planche à billets ce qui accroîtrait le processus inflationniste.

En conclusion, sans de profondes réformes visant à stimuler l’investissement public  et privé  créateur  de valeur ajoutée dans les segment sors hydrocarbures dont les industries de l’avenir  qui permettaient une  croissance inclusive et la création d’emplois, les actions conjoncturelles de court terme devant se mouler au sein de la fonction objectif à moyen terme, supposant une planification stratégique globale tenant compte tant des mutations internationales qu’internes, l’Algérie pourrait selon la majorité des rapport internationaux, rencontrer des difficultés à maintenir ses finances publiques jusqu’en  2028/2O30  et   connaître de vives tensions budgétaires et sociales   ademmebtoul@gmail.com

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici