Que reste-t-il du 1er Mai ?

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Elles sont bien loin ces festivités qui marquaient la fête des travailleurs quand les avenues des villes et des villages étaient sillonnées par des chars irisés portant les sigles des entreprises car en ces temps-là il y avait une multitude d’entreprises et des charretées entières de travailleurs. Ainsi, de longs défilés aux couleurs chatoyantes égayaient la rue où des deux côtés, de nombreux citoyens suivaient et applaudissaient à tout rompre. Certains pourraient trouver cette époque «naïve» et ovationner des travailleurs relèverait aujourd’hui de la jobardise. Parce que les travailleurs sont depuis de nombreuses années une denrée de plus en plus rare, un ensemble qui tente vaille que vaille de défendre les maigres acquis qui lui restent. Surtout en ces temps où le smicard est réduit à une pauvreté programmée avec l’incroyable inflation qui sanctionne de larges pans de la société. Bien sûr, le terme de travailleur est aujourd’hui utilisé à toutes les sauces et du gardien de parking sauvage au préposé à l’informel qui étale sa camelote chinoise à même le sol, tout ce monde est considéré comme travailleur par la vox populi. C’est dire la grande déshérence de la valeur du travail depuis que les grandes entreprises ont fermé l’une après l’autre. Alors que la logique aurait voulu que le secteur public cédât la place à un secteur privé performant et compétitif, tel que prôné par le virage libéral pris dans les années quatrevingt, nous avons surtout assisté à l’émergence d’une économie sauvage, improductive qui a fait de l’Algérie le réceptacle de la camelote turque et chinoise. Avec l’euphorie du baril de pétrole à son apogée, le travail au sens de pain gagné à la sueur, a été complètement dévalorisé et le commun des citoyens cherchait le moyen le plus rapide de s’enrichir au lieu de gagner normalement sa croûte. Aujourd’hui, le 1er Mai est placé sous le signe de l’incertitude avec les temps difficiles à venir.