Quand l’histoire ironise…

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L’histoire cultive parfois de déroutantes ironies. Quinze ans après le duel inédit Chirac-Le Pen au second tour de la présidentielle, la même configuration se présente aux Français. Avec une Le Pen, digne fille de son père, opposée cette fois à Emmanuel Macron, un inconnu au bataillon qui a fait une spectaculaire percée. C’est là le résultat d’une politique qui a dévoyé la politique et démantelé la classique opposition gauche-droite «tuée» par le binôme Sarkozy-Hollande, le premier ayant détourné la droite gaulliste de sa tradition nationaliste pour en faire une chapelle suiviste de l’arrogance américaine et le second a complètement dénaturé la gauche héritière des grands préceptes humanitaires de Rousseau, Jaurès et les autres. Hollande a réalisé une première dans l’histoire, en attelant le socialisme à l’impérialisme. Alors lassé de tant de turpitudes, l’électorat français a opté pour un sang neuf en consacrant Macron même si les vieux démons du racisme lepéniste sont toujours là. C’est que la dame sait trouver les mots qui mobilisent les laissés-pour-compte, les exclus, les laissés en rade, les «paumés du petit matin» pour qui l’étranger est responsable de tous leurs malheurs et particulièrement l’Arabe. A fortiori quand cet Arabe porte ses habits traditionnels, ceux-là qui ont la prétention de représenter la pureté musulmane : le raccourci vers l’islamiste est vite pris et voilà Marine Le Pen qui surfe avec aisance sur le racisme ordinaire, le renfermement sur soi. Ainsi, comme en 2002, les Français vont reporter leurs voix sur l’adversaire de l’extrême-droite non pas pour élire Macron, mais pour ne pas élire Le Pen. En définitive, ce fut une bien triste campagne qui a abouti à un bien triste résultat obligeant les Français à choisir entre le fascisme et le grand capital. Nous sommes loin de ces joutes électorales au niveau certain. Maintenant, va devoir se rendre au tribunal, Mélenchon cuver sa défaite, Sarkozy comprendre enfin qu’il est fini. Ce n’est pas une mauvaise chose.