Plusieurs activités ont marqué l’événement: Un hommage particulier aux martyrs du 17 octobre 1961

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Un hommage particulier a été rendu hier aux martyrs des massacres du 17 octobre 1961, avec plusieurs conférences et rencontres organisées et une minute de silence observée à travers tout le pays, conformément à l’instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui avait souligné l’importance d’évoquer «les massacres odieux commis par le colonisateur inique contre les enfants du peuple algérien en exil, qui ont démontré par leurs positions à travers l’histoire que pour eux, l’exil ce n’est pas l’abandon de la patrie, ni l’éloignement des souffrances ou des espoirs de leurs compatriotes».

L’accent a été mis, lors de cet événement historique, sur divers aspects du crime commis par les forces de police françaises contre les citoyens algériens sortis dans les rues de Paris pour protester contre le couvre-feu arbitraire et raciste imposé par le préfet de police, Maurice Papon, condamné en 1998 pour crimes contre l’humanité. Dans un message adressé à cette occasion, le président de la République a salué le haut sens de patriotisme dont font montre les enfants de l’Algérie établis à l’étranger à chaque échéance nationale et en toutes circonstances. «Il me plaît de vous adresser, à vous membres de la communauté partout dans le monde, mes salutations et de me recueillir à la mémoire des vaillants chouhada, tombés en martyrs en cette journée douloureuse», a écrit le président de la République dans son message à l’occasion de la Journée nationale de l’émigration, commémorant les massacres du 17 octobre 1961. «Je voudrais, aussi, saluer le haut sens de patriotisme dont font montre les enfants de l’Algérie établis à l’étranger», a-t-il relevé. C’est ce même esprit, poursuit-il, qui «les anime pour faire face aux mensonges et aux campagnes enragées menées par des officines hostiles à l’Algérie, au moment où notre pays franchit des pas inédits dans l’édification de l’Algérie nouvelle». Et d’ajouter: «C’est pour cette même Algérie que nous nous étions engagés, devant notre vaillant peuple, à en jeter les bases institutionnelles et à amorcer son décollage économique, avec pour leitmotiv la préservation de la dignité du citoyen et la primauté des intérêts suprêmes du pays». La commémoration de la Journée nationale de la migration nous offre, souligne le président de la République, «l’opportunité de dire toute notre fierté des gloires et des épopées de notre histoire nationale, mais aussi de renouveler notre fidélité au serment fait aux chouhada qui se sont sacrifiés pour que vive l’Algérie libre et digne. Des gloires et des épopées qui s’ajoutent au riche legs de la lutte en Algérie depuis de très longues années, pour l’ériger en source d’inspiration à laquelle s’abreuveront les générations successives». Le chef de l’Etat a saisi cette occasion pour «réaffirmer le souci permanent de l’Etat de prendre en charge les affaires de notre communauté partout dans le monde, notamment à travers la mobilisation de nos représentations diplomatiques et consulaires pour promouvoir les meilleurs mécanismes de prise en charge des besoins des membres de notre communauté, consolider les acquis réalisés en leur faveur ces dernières années, veiller à se rapprocher d’eux et à écouter leurs préoccupations et coordonner avec les autorités habilitées au sein des institutions de l’Etat pour suivre ces préoccupations et les traiter, de manière sérieuse et dans des délais raisonnables». L’Algérie a célébré cette la Journée, une occasion de rappeler, 62 ans après ce crime abjecte commis contre des Algériens en exil, les massacres et autres pratiques criminelles du colonisateur français pendant la guerre de libération nationale. En effet, il y a 62 ans, des dizaines de milliers d’Algériens se sont rassemblés à Paris, pour dénoncer les pratiques discriminatoires françaises et revendiquer l’indépendance de l’Algérie. Selon les historiens, les autorités françaises avaient élaboré un plan pour réprimer violemment ces manifestations en mobilisant un dispositif sécuritaire important, soutenu par des forces auxiliaires composées de harkis, pour commettre un crime contre l’humanité imprescriptible et non amnistiable. L’avocat de la cause algérienne, Jacques Vergès avait critiqué la politique du «deux poids, deux mesures» dans le traitement des questions relevant du colonialisme lorsqu’il s’agit des Algériens, ainsi que la rapidité avec laquelle les autorités françaises ont condamné Maurice Papon pour son implication dans la déportation des Juifs, sans l’importuner pour ses crimes contre les Algériens dont il a donné l’ordre de jeter dans la Seine. «Nos dirigeants français sont atteints de daltonisme politique et moral», n’a eu de cesse de répéter Maître Vergès. 62 ans après ce crime, la France persiste toujours à ne pas le reconnaître, même si les événements ont été documentés par de nombreux historiens et chercheurs. L’Etat français n’a pas autorisé la création d’une commission d’enquête et aucune plainte n’a reçu une réponse concernant les scènes de violences, de meurtres et de tortures systématiques qui ont coûté la vie à un grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants, dont les corps flottaient dans les eaux de la Seine, et des milliers de personnes ont été victimes d’expulsion et de disparition forcée. Dans ce cadre, de nombreuses organisations des droits de l’homme et des personnalités, y compris en France, continuent de demander à l’Etat français de reconnaître officiellement les massacres du 17 octobre 1961 et d’en assumer la responsabilité historique. L’historien français, Jean-Luc Einaudi, avait déclaré que les massacres du 17 octobre ont eu lieu au cœur de Paris battant en brèche l’allégation officielle que la France est l’Etat des droits de l’homme.

T. Benslimane