En l’espace de quelques jours, les Algériens sont en train de refléter, à travers moult comportements et actions, une prise de conscience évidente quant à la dangerosité du coronavirus, dont le bilan des cas positifs et des décès va en s’accroissant.
L’exemple édifiant qui atteste que la sensibilisation sur la dangerosité du Covid-19 a porté ses fruits est la suspension des marches du vendredi, à travers l’ensemble du territoire national avec des rues quasiment désertées de leurs occupants, les rideaux des commerces en grande majorité baissés et de rares passants. Telle est l’image dominante pour une journée associée, depuis plus d’une année, à une mobilisation politique pacifique, que les animateurs ont préféré momentanément mettre entre parenthèses, l’immense enjeu étant de préserver, avant leurs propres vies, celles de leurs proches, de leurs concitoyens et de l’ensemble de la population. Se faisant, ils ont fait montre d’une maturité, à l’image de celle qu’ils ont affichée au reste du monde en donnant un caractère exclusivement pacifique à leurs revendications de changement. Ils ont, par la même attitude, également rectifié le tir, après la négligence et la nonchalance affichées durant les premières semaines de l’apparition de ce redoutable virus. Des appels multiples s’en sont suivis, notamment via les réseaux sociaux, pour mettre en garde la population contre les risques de ces comportements qualifiés d’ «irresponsables», arguant du nombre des cas recensés en Algérie, parallèlement à l’évolution de la situation dans les pays les plus affectées par cette pandémie mondiale. «Nous avons décidé de suspendre le Hirak que nous menons depuis plusieurs mois, car la santé de la population passe avant toute autre considération», ont soutenu de nombreux animateurs de ce mouvement, pour tenter de convaincre les marcheurs de «privilégier la raison».
A une situation exceptionnelle, une démarche exceptionnelle Ainsi et au fur et à mesure que les citoyens réalisaient la dangerosité de ce nouveau virus, ils ont adapté leur riposte en fonction des moyens dont ils disposent et des précautions sanitaires qui leur sont dispensées, de manière continue, via tous les supports médiatiques. La démarche la plus conseillée étant, en priorité, d’éviter autant que faire se peut tout rassemblement et les contacts à l’extérieur, les amenant à se conformer à l’exigence de confinement, «sauf nécessité absolue». Les rues, les espaces publics et autres lieux communs, tels que les marchés, les commerces en tous genres, les transports sont de plus en plus boudés par la quasi majorité des Algérois. Sur les réseaux sociaux des appels pour «demeurer chez soi» sont relayés dans toutes les langues et largement commentés par les internautes. «D’habitude, la circulation est monstre en ce deuxième jour de week-end, j’ai pu rapidement régler mon affaire en dépit de l’éloignement du lieu. N’était-ce cette urgence, je ne serais certainement pas sorti de chez moi», assure Mohamed, un fonctionnaire résidant à Bab-El-Oued (Alger). A l’instar de toute la capitale, ce quartier grouillant de monde les jours ordinaires a perdu de son animation au profit de l’exigence de l’heure, si ce n’est quelques passants vaquant à des occupations essentielles, notamment l’approvisionnement en denrées alimentaires ou autres nécessités absolues. Les personnes âgées et les enfants sont les grands absents du dehors, a-t-on constaté. «C’est triste et lugubre, et ce temps maussade n’arrange pas les choses, mais c’est un mal nécessaire. Pourvu que cette crise sanitaire prenne fin le plus tôt possible et avec le moins de pertes humaines. Puisse Dieu préserver la vie de nos enfants et celles de tous les Algériens», commente une mère de famille résidant dans le même quartier.
Le bénévolat s’intensifie Signe d’une conscience accrue face à un danger collectif, les actions de bénévolat pour gérer au mieux cette conjoncture délicate se multiplient. Qui pour confectionner et offrir gracieusement des bavettes de protection, qui pour nettoyer et désinfecter les espaces communs ou encore pour mettre à la disposition des citoyens des denrées alimentaires, au moindre coût, voire parfois à titre gracieux. À coups de jets d’eau et de divers détergents ainsi qu’une énergique dose de bonne volonté, des rues, des poignets et autres devantures de commerces, des sols de marchés, entre autres, sont requinqués et frottés. Autant d’actions qui drainent autour d’elles des jeunes qui meublent, de la sorte, leur temps oisif en se rendant utile à la collectivité. Autant de scènes, largement diffusées via les réseaux sociaux, qui donnent également à voir des élans de générosité et d’entraide sociale, dictés par une conjoncture que d’autres citoyens ont, hélas, mis à profit pour se faire des rentrées d’argent supplémentaires. Le président de l’Association algérienne d’infectiologie, le Pr Ismail Mesbah a affirmé que la prévention était «la seule arme efficace disponible pour le moment en Algérie et dans le monde» pour faire face au Covid-19. Spécialiste en infectiologie à l’Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) des maladies infectieuses El-Hadi -Flici (El Kettar), le Pr Mesbah a expliqué qu’en cette conjoncture, la prévention «meilleure et seule arme pour combattre cette épidémie de plus en plus propagée dans le monde» était de mise, rappelant que les scientifiques ne sont toujours pas parvenus à un remède ou un vaccin contre ce virus. L’expert a appelé, à ce propos, à prendre en considération les mesures recommandées par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à l’exemple du lavage des mains avec de l’eau et du savon pendant au moins 20 secondes ou à l’aide d’une solution hydro-alcoolique. Afin de se prémunir et protéger son environnement, le Pr Mesbah a mis l’accent sur l’impératif respect de la distance séparant les individus en cas de sortie pour subvenir aux besoins, une distance d’un mètre au moins, rappelant qu’il est tout de même nécessaire de faire preuve de civisme et de responsabilité face à ce danger qui guette le monde entier. Quant à l’hygiène de son environnement, le médecin a souligné l’obligation d’essuyer et de nettoyer les espaces en contact avec les mains, à l’instar du téléphone portable, de la tablette, de l’ordinateur ou encore des poignées. En cas de toux ou d’éternuement, il est recommandé d’utiliser un mouchoir à usage unique ou à son coude fléché pour éviter toute transmission en cas de contamination, a-t-il poursuivi. Selon le Pr Mesbah, la conjugaison des efforts contribue grandement à limiter la propagation du virus, en réduisant, bien entendu, le contact entre les personnes, en évitant de se serrer la main ou de s’embrasser, et en protégeant le personnel soignant pour lui permettre de poursuivre la prise en charge des citoyens.
Yasmina D. / Ag,