Le Plan d’action du gouvernement pour la mise en œuvre du programme du président de la République, qui sera présenté demain devant les membres de la chambre haute du parlement, s’articule autour du renforcement de l’Etat de droit, la modernisation des finances publiques et du système bancaire, l’assainissement de la sphère économique, la promotion de l’investissement et la valorisation des richesses du pays.
Il vise à mettre en œuvre le nouveau modèle de croissance économique, tout en préservant les acquis sociaux. La principale préoccupation du gouvernement est de trouver des solutions permettant de préserver les équilibres financiers majeurs pour éviter le recours à l’endettement extérieur, renforcer la cohésion sociale et préserver la sécurité et la stabilité du pays, comme l’avait souligné le Premier ministre devant les députés. L’objectif est d’assurer une transition souple vers un système économique moderne qui se libère progressivement de la dépendance aux hydrocarbures. Concrètement, le gouvernement prévoit de soumettre au Parlement des projets de loi découlant de la dernière révision constitutionnelle visant à renforcer l’édifice institutionnel. Il s’agit fondamentalement d’un approfondissement de la réforme de la justice dans le sens d’une protection accrue des droits et libertés des citoyens. Au titre de la bonne gouvernance, l’Exécutif œuvrera, notamment, à renforcer la moralisation de la vie publique, à éliminer les situations de conflit d’intérêt et d’incompatibilité dans l’exercice des mandats et fonctions, à protéger les biens publics, à renforcer la lutte contre la corruption et à prendre toutes les mesures visant à lutter contre le gaspillage. M. Tebboune a annoncé, dans ce cadre, la création, au niveau du Premier ministère, d’une inspection générale ayant pour mission de contrôler les finances publiques et conférer davantage de transparence au financement et à la réalisation des projets publics.
En matière de développement humain, la Plan d’action indique que les efforts seront orientés dans le sens de l’achèvement, à la fin 2019, des 1.600.000 logements publics en cours de réalisation, le logement demeurant une « priorité nationale ».
Dans le même registre, l’accès aux énergies et à l’eau, l’amélioration du système national d’enseignement et de formation et la modernisation du système national de santé, figurent parmi les priorités du gouvernement.
Le Plan d’action met également l’accent sur la préservation du système national de sécurité sociale et de retraite, la promotion de l’emploi et le renforcement des mécanismes de solidarité nationale.
Dans cet ordre d’idées, une réflexion sera engagée en vue d’un meilleur ciblage, à travers des « statistiques fiables », des catégories sociales ouvrant droit aux subventions de l’Etat.
Dans le domaine financier et économique, le gouvernement prévoit de transformer le régime de croissance en l’orientant vers le développement des secteurs productifs de richesse et de valeur ajoutée et d’emploi en optant, notamment, pour une démarche budgétaire rénovée, une rationalisation des dépenses publiques, une réforme du système fiscal, un renforcement du rôle économique des collectivités locales, une amélioration du climat des affaires et un encouragement de l’investissement.
Concernant le volet fiscal, le gouvernement entend élargir le recouvrement de la fiscalité ordinaire, pour compenser la fiscalité pétrolière en recul à cause de la baisse des cours de l’or noir, augmenter les taxes sur les produits de luxe et l’impôt sur la fortune et exonérer davantage les citoyens à faibles revenus des charges fiscales en vue de préserver leur pouvoir d’achat.
Pour le commerce extérieur, M. Tebboune a indiqué que le gouvernement poursuivra ses efforts pour limiter les importations et préserver ainsi les réserves de change du pays estimées actuellement à quelque 114 milliards de dollars.
Dans le même temps il veillera, a-t-il dit, à éviter une pénurie ou une rupture d’approvisionnement du marché, l’objectif étant, a-t-il ajouté, de protéger la production nationale.
Il a précisé, à cet égard, que le gouvernement œuvrera, à la faveur de la politique de réduction des importations des produits de luxe et la lutte contre la surfacturation, à réduire le déficit de la balance commerciale de 16 milliards de dollars en 2016 à moins de 10 milliards de dollars à la fin de l’année cours.
Le Premier ministre a fait savoir que le gouvernement poursuivra l’activation des programmes de recrutement et l’accompagnement des tous les efforts centrés sur la création davantage de PME, mettant en exergue le rôle important des dispositifs d’emploi dans l’éradication du chômage, notamment parmi les jeunes, tout en veillant à la promotion des capacités de recrutement de manière à répondre au marché du travail et à la dynamique économique que connaît le pays à tous les niveaux. S’agissant des jeunes recrutés dans le cadre des dispositifs d’insertion socio-professionnelle, M.Tebboune a indiqué que l’Etat n’abandonnera pas cette tranche de la société, soutenant que le gouvernement a instruit le ministère des Finances en coordination avec le ministère de la Solidarité nationale de poursuivre le payement des affectations financières estimées à 5 milliards de dinars, et ce jusqu’à fin 2017. M. Tebboune a fait état d’un « effort particulier » de la part du gouvernement dans le cadre de son plan afin de « moraliser davantage la vie publique en se basant sur de nouvelles règles pour encadrer les cas de trafic d’influence à des fins personnels, les cas d’incompatibilité au sein des instances élues et d’imbrication entre les domaines politique, économique et associatif ». « L’Algérie est un pays de libertés et le demeurera, chaque citoyen est libre de s’engager dans les affaires, la politique ou même les deux mais pas à la fois », a indiqué le Premier ministre. « Nous allons œuvrer à la séparation entre l’argent et le pouvoir », a-t-il ajouté. Affirmant que cette démarche ne se veut nullement « une confrontation » avec le patronat, les hommes d’affaires et l’argent, le Premier ministre a soutenu que l’argent ne doit pas « s’immiscer dans les rouages de l’Etat ». Il a ajouté que le gouvernement œuvrera à l’enrichissement des droits du citoyen à travers le respect des libertés publiques nouvellement constitutionnalisées et au renforcement de la pratique de certains droits ainsi qu’à l’approfondissement du processus de réforme en matière d’indépendance de la Justice.