Ksar Boussemghoun, plus connu sous le nom de « Ksar El Asâad », reste le site historique le plus connu de la wilaya d’El Bayadh.
Il a résisté aux aléas du temps et aux vicissitudes de l’Homme et demeure aujourd’hui une source de fierté des populations locales, témoin d’un passé glorieux. Le ksar Boussemghoun se situe à l’extrême sud d’El Bayadh en direction des wilayas de Naama, Béchar, Adrar isolé entre une chaine de montagnes formant un décor de pierre, ces mêmes montagnes d’où proviennent les pierres qui ont servi à construire le palais. Selon le chef de service patrimoine de la direction de la Culture d’El Bayadh, Ammari Abdelkrim, les sources historiques indiquent que le ksar de Boussemghoun fut édifié depuis 17 siècles dans une zone géographique en amont entourée d’une chaine de montagnes à relief accidenté à proximité de l’oued, source de vie et de stabilité pour les riverains. Le même responsable explique que le choix d’édification du ksar n’était pas fortuit mais répondait à des considérations stratégiques et de sécurité notamment pour les caravanes commerciales et le passage des pèlerins dont il fallait assurer la protection. Selon les récits oraux, le ksar a porté plusieurs noms comme « Oued El Asnam » ou « Oued Essafaih », en référence aux pierres avec lesquelles le site a été édifié. D’autres récits parlent de conflits entre habitants de ce ksar à cause de la délimitation des territoires et du partage des eaux d’irrigation. Le saint patron Sidi Boussemghoun est intervenu à maintes reprises pour régler ses conflits. A sa mort, il fut enterré dans ce lieu qui porta désormais son nom. L’architecture du ksar est en harmonie avec l’esprit du bâtiment saharien qui assure une harmonie avec l’environnement saharien et sécurité pour les habitants en accord avec les traditions et les valeurs morales de la région. Pour le bâti, il a été question d’utiliser des matériaux naturels pour lutter contre les aléas climatiques dont l’argile, la pierre, les troncs de palmier et autres moyens puisés du milieu naturel des habitants. Le ksar épouse les caractéristiques du bâti type islamique, avec une répartition judicieuse des ruelles, des entrées au ksar et aux habitations ainsi qu’à la cour centrale, « Djemââ » ou « Tadjmaât » La population de Boussemghoun, selon les sources historiques, est issue des tribus amazighes de Zenata. A Boussemghoun, la cellule famille est restée fortement attachée à ses traditions ancestrales et cela se manifeste lors de la célébration des fêtes nuptiales et religieuses ou encore dans les manifestations et les actions de solidarité pour le bien collectif et la société. Le ksar a regroupé sur le pan social, un grand nombre de tribus d’origine proche et réparties en sept quartiers composant la société de Samghoun dont les cités « Aghram Akdim », « la place », « Aghram J’did », « Lemcharef » et autres. La vieille mosquée, située au centre du ksar, est en elle-même un chef d’œuvre dont l’édification remonte au début de la conquête islamique de la région. C’est un site attirant la population du Ksar. Ce lieu de culte est entouré de maisons enchevêtrées et sur son flanc sud se trouve l’école coranique. La zaouïa Tidjania, du saint patron Sidi Ahmed Tidjani, fondateur de cette confrérie soufie, est l’un des sites présents au ksar de Boussmeghoun. Il a attire, chaque année, un grand nombre de disciples de cette confrérie résidant en Egypte, en Tunisie, au Maroc, au Nigéria, au Sénégal, au Mali et dans d’autres pays, qui viennent visiter le mausolée de ce saint patron et se recueillir à sa mémoire.
Un paradis sur terre
La visite de ce ksar ne peut être complète que par une promenade dans les vergers verdoyants et les palmeraies avec leurs 4.000 palmiers composant l’oasis du ksar. Ces espaces verts permettent à la population locale de vivre des produits de la terre, dont l’orge, les maraichers, les fruits notamment les dattes et les grenades. Ces palmeraies constituent également une ressource importante pour l’approvisionnement de la cité en divers matériaux de construction comme le bois et les troncs de palmiers. Le ksar devait constituer une destination touristique par excellence mais son état de détérioration, suite aux glissements de terrain dus à des facteurs climatiques, le rend « peu fréquentable », d’où la nécessité urgente de sa restauration pour le préserver. Dans ce sens, une opération d’urgence a été inscrite, l’année dernière, pour restaurer les parties endommagées de la zaouia Tidjania, au sein du Ksar. C’est une première étape en attendant une grande opération de restauration de ce ksar, assurent les responsables du secteur de la culture. Cette opération urgente intervient dans le cadre des démarches des services de la wilaya pour la protection de cet édifice religieux, historique, culturel et touristique qui constitue un symbole de l’identité de la région. Le problème du manque d’une main œuvre locale qualifiée et spécialisée dans le domaine de la restauration des bâtis historiques est un des facteurs ayant retardé le lancement des travaux de réhabilitation du ksar en plus du nombre très limité des bureaux d’études spécialisés agréés par le ministère de la culture pour prendre en charge de telles opérations de restauration. Pour sa part, la direction de la culture œuvre pour classer le ksar de Boussemghoune et autres sites similaires de la wilaya au titre du patrimoine national protégé. Des dossiers ont été déposés dans ce sens au niveau du ministère de tutelle pour permettre au secteur d’obtenir des subventions devant contribuer à restaurer ces sites et leur donner leur éclat d’antan avec une protection juridique. Quant aux responsables locaux du secteur du tourisme, ils œuvrent aussi, à leur tour, pour la promotion des sites archéologiques dans la wilaya en élaborant des programmes, des circuits touristiques en faveur des visiteurs nationaux et étrangers et en incitant les agences de voyage et de tourisme à inscrire ces sites dans leurs circuits et formules proposées à leurs clientèles. Dans cette optique, les gérants de plus de 25 agences touristiques ainsi que des hommes d’affaires ont séjourné auparavant dans la wilaya pour une tournée de prospection des sites de la wilaya, dont Ksar Boussemghoun. Ce site a été très apprécié par ces touristes, a-t-on assuré. La région a enregistré dernièrement le lancement des travaux de réalisation d’un village touristique par un investisseur privé, à proximité du ksar Boussemghoun, sur une surface de deux hectares. L’infrastructure est dotée de 40 chambres conçue dans le style architectural saharien pour préserver la dimension historique et culturelle de la région. La durée des travaux est fixée à 33 mois pour un investissement de 60 millions DA, a-t-on indiqué à la direction locale du tourisme.
A.A