Le 7e Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) qui débutera aujourd’hui au centre international des conférences (CIC) Abdellatif Rahal à Alger, revêt une importance capitale dans le contexte actuel et pourrait contribuer à restaurer la confiance entre les pays exportateurs et acheteurs afin d’assurer la stabilité sur le marché.
Inaugurant l’institut de recherche sur le gaz (GRI) relevant du Forum des pays exportateurs de gaz, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab a affirmé que cet institut fera de l’Algérie un centre international de développement du gaz et une opportunité précieuse pour relancer et promouvoir la recherche scientifique et la formation des cadres, en sus du développement des partenariats avec les centres de recherche et les universités des pays membres et les centres connexes. La cérémonie d’inauguration du siège présidée par le ministre a eu lieu en présence du Secrétaire général du GECF, du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, du président du conseil d’administration de la société Gazprom, du représentant spécial de la fédération de Russie pour la coopération avec le GECF, du représentant de l’Etat du Qatar au conseil exécutif du GECF, du président du Conseil national de la recherche scientifique et des technologies et des PDG de Sonatrach et Sonelgaz. A cette occasion, M. Arkab a affirmé que l’Algérie « est honorée d’abriter cet édifice de science et de recherche qui revêt, pour nous tous en tant qu’Etats membres du GECF, une importance considérable et qui assurera un cadre idoine pour le renforcement de la coopération scientifique et technologique entre les pays du Forum ». Cet institut, ajoute M. Arkab, permettra l’échange d’informations et de l’innovation, ainsi que le transfert de technologies en vue de meilleures pratiques, en plus d’œuvrer pour l’usage de technologies modernes tout le long de la chaine de valeur de gaz dans le but d’élargir la base de ressources gazières, d’améliorer l’efficacité et d’assurer son exploitation et sa gestion optimale. Il a rappelé que cet institut qui vient en application de la décision des Etats membres lors du Sommet de Bolivie tenu en novembre 2017, constituait un cadre de coopération scientifique permettant l’échange de l’innovation et le partage des expertises, étant, selon le ministre, « le fruit des efforts consentis par l’Algérie dans la coopération et la coordination avec ses partenaires du GECF, à même de l’ériger en centre mondial de développement de gaz, de formation des cadres, outre le développement de partenariats avec les centres de recherche, les universités des Etats membres et les centres similaires. M. Arkab a souligné que le choix de l’Algérie pour abriter le siège de l’institut s’est fait à l’unanimité, ce qui constitue une reconnaissance de son rôle précieux et efficace sein du forum, ainsi que de sa maîtrise des technologies de pointe relatives à l’exploitation du gaz naturel et de toute la chaîne de production, indiquant que l’Algérie a œuvré au développement durable du gaz en tant que combustible pour la transition énergétique, et adopté une politique gazière axée sur l’amélioration des techniques d’extraction du gaz et la réduction de ses pertes lors de la production et du transport tout en respectant l’environnement et en atténuant l’empreinte carbone. Le ministre s’est dit convaincu que « tous les acteurs, à travers cette institut, ne ménageront aucun efforts pour coopérer et coordonner leurs actions afin de faciliter l’échange d’expériences et d’expertises dans le but de développer la place du gaz naturel et de préserve le rôle crucial qu’il joue dans le mix énergétique de nombreux pays ». Il a, à cet égard, estimé « nécessaire d’œuvrer pour se hisser au niveau des enjeux de la recherche scientifique et technologique et des ses défis en matière d’industrie gazière, et ce afin de préserver cette ressource précieuse et de l’utiliser de manière durable au profit des générations présentes et futures ».Selon de nombreux experts, le sommet d’Alger devrait conforter les prix du gaz sur les marchés internationaux, ayant connu une hausse ces derniers jours, vu l’importance de cet évènement international réunissant les grands pays exportateurs de gaz dans le monde. A ce propos, l’analyste à la bourse de Stockholm, Noureddine Legheliel a affirmé que les prix du gaz « ont connu une hausse de 18% sur le marché américain et de 15% sur le marché européen lundi dernier, une augmentation qui pourrait être considérée, selon les béabas de la bourse, comme l’une des répercussions du Sommet d’Alger, avant même sa tenue ». Il a, en outre, ajouté que les prix ont connu un revirement après avoir atteint une baisse notable. Le prix du gaz aux Etats-Unis s’étant établi à 1,56 dollars par million d’unités thermiques britanniques (UTE), contre 22,61 Euros par mégawatheure en Europe.M. Legheliel, a affirmé que les prix du gaz poursuivaient leur tendance à la hausse prévoyant qu’ils atteindront 2 dollars aux Etats-Unis et dépasseront 30 euros en Europe. Il a, à ce propos, souligné qu’il s’agissait d’une évolution positive pour les opérateurs du marché gazier en Europe et en Amérique suivant ce sommet avec un grand intérêt. De son côté, le professeur de Sciences politiques et des relations internationales, Mustapha Sayedj, a souligné que les observateurs du marché du gaz « suivent de près les conclusions du Sommet d’Alger, qui intervient dans des circonstances exceptionnelles sur le plan géopolitique ». Il a noté que le facteur géopolitique continuait de peser sur le marché du gaz, constituant l’un des « facteurs clés » susceptibles d’impacter les tendances futures de cette ressource énergétique mondiale. En ce qui concerne les consommateurs, le plus important pour eux demeure la garantie d’approvisionnements réguliers, en quête de fournisseurs fiables tels que l’Algérie.Pour sa part, l’expert économique, Larbi Ghouini, a indiqué que le sommet d’Alger était à même de préserver le marché mondial énergétique en parvenant à un consensus entre les pays producteurs. L’intervenant a souligné que la demande mondiale sur le gaz connaissait une « augmentation significative », ce qui confère au Sommet d’Alger d’avantage d’importance, ajoutant que « les experts et les décideurs examineront la réalité du marché en construisant une vision future qui garantit les intérêts des pays producteurs ». Le GECF compte 12 membres permanents (Algérie, Bolivie, Egypte, Guinée Equatoriale, Iran, Libye, Nigeria, Qatar, Russie, Trinité-et-Tobago, Emirats arabes unis, Venezuela) et 7 membres observateurs (Angola, Azerbaïdjan, Irak, Malaisie, Mauritanie, Mozambique, Pérou).Le Forum est une organisation intergouvernementale représentant les principaux pays exportateurs de gaz au monde, soit 70% des réserves mondiales prouvées de gaz, plus de 40% de la production commercialisée, 47% des exportations par gazoduc et plus de la moitié des exportations de GNL dans le monde. Il œuvre à façonner l’avenir énergétique en tant que défenseur mondial du gaz naturel et plateforme de coopération et de dialogue, en vue de soutenir les droits souverains des pays membres sur leurs ressources en gaz naturel et contribuer au développement durable et à la sécurité énergétique mondiale.
T. Benslimane