La ville antique de Sedrata, à une dizaine de km au Sud-ouest de la ville d’Ouargla, est confrontée à une menace sur sa valeur patrimoniale et historique, induite par des extensions aux alentours, qui risquent de hâter sa disparition, ont déploré les responsables de l’association locale « Issedraten » (ancienne appellation de Sedrata).
Cette ville antique, remontant au 10ème siècle, est exposée à des extensions effrénées de superficies agricoles et d’activités de services empiétant dangereusement sur ses espaces, entraînant ainsi un rétrécissement de la superficie du site archéologique protégé (4.152 hectares dont 769 ha classés) de Sedrata, classé patrimoine national sauvegardé, a expliqué le vice-président de l’association, Mohamed Lakhdar Baba-Hamou. Les opérations d’extensions en cours, au détriment de ce repère historique, sont allées au-delà de la zone protégée pour altérer indifféremment les importantes caractéristiques archéologiques et historiques du site, a-t-il regretté. Ces extensions, menées à titre individuel par des citoyens, constituent une menace dénaturant ce legs ancestral de Sedrata, témoin du passage de civilisations dans la région et requièrent, par conséquent, une intervention « urgente » pour y mettre un terme. Plusieurs mesures sont entreprises par les pouvoirs publics pour préserver le site archéologique de Sedrata, à travers l’élaboration de plans d’occupation du sol qui permettent une extension de la commune de Rouissat et son développent socioéconomique, sans porter atteinte au site de Sedrata, a assuré une source de la direction de la Culture de la wilaya. L’une des plus anciennes cités, en très grande partie ensevelie aujourd’hui sous le sable, Sedrata a été érigée en 909 par les Rostomides fuyant de Tihert (actuelle Tiaret) et qui s’y sont installés sur une période de trois siècles et y ont fondé cette cité, tout près de l’ancienne Wardjelan (actuelle Ouargla), selon les données de la direction de la culture de la wilaya d’Ouargla.
Essor économique et civilisationnel de l’antique Sedrata
Cette ville antique, dont aujourd’hui plusieurs des composantes sont enfouies sous le sable, du fait d’aléas naturels, exceptés certains pans de murailles et de piliers encore visibles, a connu durant trois siècles une civilisation et un développement, dans divers domaines notamment scientifiques et artistiques, perceptibles à travers les vestiges collectés et des manuscrits témoignant encore de son âge d’or. Selon le vice- président de l’association « Issedraten », le site, avec son cimetière, requiert une intervention urgente pour le préserver, en plus de la conjugaison des efforts de l’ensemble des acteurs pour lui redonner son importance historique, et la recherche de moyens et mécanismes de sauvegarde de ce patrimoine séculaire. Les vents qui balaient fréquemment la région ont largement contribué à déterrer certains vestiges d’Issedraten, à l’instar de pans de la mosquée et de la Mahkama (tribunal), a rappelé M. Baba-Hamou. Par souci de valoriser le site, le même responsable a fait état d’instructions données par le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi, lors de sa dernière visite dans la wilaya, pour la reprise des fouilles archéologie et la mise au jour de ce site civilisationnel, en coordination avec l’institut national d’archéologie (Alger). Suspendues en 2006 après le décès d’Ali Hamlaoui, dont la thèse de doctorat, soutenue à la Sorbonne (France), traitait justement de la ville de Sedrata, les fouilles archéologiques menées en 1997 et confortant d’autres études, ont contribué largement à la valorisation de l’important patrimoine culturel de cette cité antique et qui porte les traces d’une civilisation ancienne.