Oran: Commémoration du 66e anniversaire de l’exécution de cinq moudjahidine  par la France coloniale

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L’exécution sommaire de cinq moudjahidine, tombés en martyrs le 7 février 1957 à la maison d’arrêt d’Oran, demeure gravée dans la mémoire collective comme un crime odieux et barbare commis par la France coloniale.

La commémoration du 66e anniversaire de l’exécution à la guillotine des chahadas Ahmed Bouachria, Sidi Yekhlef Yekhlef, Mohamed Bentayeb, Miloud Kebdani et Benamar Goual, a été l’occasion à Oran de rendre hommage à ces héros, qui se sont sacrifiés pour l’indépendance de l’Algérie. L’historien et enseignant d’histoire à l’université d’Oran 1, Mohamed Belhadj a déclaré que «ce crime révèle le vrai visage de la France coloniale, qui s’est toujours enorgueillie des valeurs d’humanité et de justice». Les cinq martyrs originaires de Djebala, Aïn Témouchent et Beni Saf luttaient, avec d’autres moudjahidine, dans des zones de la région ouest du pays, caractérisées par une importante présence de colons, notamment dans les communes de Remchi (Tlemcen), Boutlelis (Oran), Sidi Bel-Abbès et Aïn Témouchent. Leurs actions se concentraient dans la localité d’Aghlal, appelée autrefois Malherbe, avec comme objectif frapper les intérêts des colons et ruiner l’économie du colonisateur français. En application des instructions du commandement de l’Armée de Libération nationale (ALN) dans l’ouest algérien dans le cadre de l’extension des attaques du Nord constantinois à la région ouest du pays, les cinq martyrs, âgés entre 19 et 45 ans, ont attaqué, en mai 1956, des fermes de colons à Aghlal, détruisant leurs récoltes de blé, d’agrumes et de vigne, ainsi que les entrepôts de vins fabriqués en Algérie et destinés à la France, a expliqué l’historien. Les médias de l’époque parlaient de «personnes utilisant des moyens modestes tels que des cocktails Molotov causant des pertes importantes et effroyables aux colons». Ces actes héroïques ont provoqué une grande panique parmi les colons, poussant les autorités coloniales françaises à agir, en renforçant leur armement et en prenant des mesures répressives après avoir accordé de larges prérogatives à leurs forces militaires pour réprimer avec férocité ceux qui osent se dresser contre le colonialisme, a relevé M. Belhadj. Suite à quoi, un état d’alerte a été instauré à Tlemcen, Sidi Bel-Abbès, Oran et Aïn Témouchent. Et, les vastes recherches menées parmi la population ont conduit à l’arrestation des cinq moudjahidine Bouachria, Sidi Yekhlef, Bentayeb, Kebdani et Goual, ainsi que les moudjahidine Djelloul Bouazza et Mohamed Laïdouni, et leur transfert à Oran sous l’autorité, à l’époque, du préfet Pierre Lambert, qui vouait une grande haine aux Algériens et pratiquait des méthodes inhumaines de torture sur ceux qui s’opposaient à la France, y compris les Européens soutenant la cause algérienne, a-t-il ajouté. S’agissant des conditions d’arrestation et le procès des moudjahidine, M. Belhadj a expliqué que la France coloniale a voulu faire passer un message au peuple algérien en dévoilant des photos illustrant les sévices corporels et les tortures subis par les détenus, afin de semer la peur, avec pour mot : «Quiconque tient tête à la France subira le même sort». Les prisonniers ont été jugés par le tribunal militaire d’Oran lors d’un procès expéditif, à l’issue duquel, une condamnation à la peine de mort a été prononcée à leur encontre fin mai 1956, qu’ils ont accueillie dans la salle d’audience en proclamant «Allah Akbar» et «vive l’Algérie». Durant leur incarcération, les moudjahidine ont subi des tortures, des sévices et des humiliations quotidiennes avant l’exécution par guillotine des moudjahidine le 7 février 1957 dans la prison d’Oran, a rappelé l’historien. Même si les lois internationales stipulent que la dignité des condamnés à mort doit être préservée en leur accordant un traitement humain, les autorités militaires et politiques françaises ont voulu, à travers ces exécutions, intimider et terroriser le peuple algérien pour le pousser à renoncer à sa cause juste, a-t-il poursuivi. Il a fait observer, au passage, que l’exécution des cinq héros a eu lieu quelques jours seulement après la grève des huit jours (du 28 janvier au 4 février 1957), qui a eu un écho retentissant sur la scène internationale, ayant suscité le soutien à la cause algérienne à travers la monde. Ils ont été exécuté peu avant 6 heures du matin. Les cinq chouhada étaient restés impassibles devant la guillotine. Des «Allah Akbar» fusaient de toute la prison, a rapporté M. Belhadj, qualifiant ce crime de lâche et dépourvu d’humanité.

L. Kaddour /Ag.