OMS: Des risques de choléra lors du pèlerinage à La Mecque ?

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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait part, vendredi, de son inquiétude concernant l’épidémie de choléra qui sévit au Yémen et son éventuelle propagation lors du pèlerinage à la Mecque, en Arabie saoudite, qui se déroulera en septembre prochain.

Face à l’épidémie de choléra qui continue de s’étendre au Yémen, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint une propagation à l’occasion du pèlerinage à la Mecque, en Arabie saoudite en septembre prochain. Le pèlerinage à la Mecque qui réunira entre deux et quatre millions de musulmans, dont près de deux millions d’étrangers constitue un risque majeur dans la propagation des épidémies à l’échelle mondiale. Cela augmentera également les risques de propagation de maladies telles que la dengue, la fièvre jaune, le virus Zika, la méningite et le choléra, a estimé l’OMS. L’Arabie saoudite n’a pas connu d’épidémie de choléra depuis de nombreuses années grâce à une surveillance accrue et des tests pour détecter les cas rapidement, a indiqué Dominique Legros, un expert du choléra pour l’OMS. « Selon moi, ils sont bien préparés », a-t-il dit lors d’une conférence de presse de l’ONU. Progression alarmante de l’épidémie au Yémen Au Yemen, un peu plus de 313 500 cas présumés de choléra ont été recensés et 1 732 personnes en sont mortes depuis le début de l’épidémie fin avril, selon les dernières données de l’ONU, en date du 11 juillet. «L’épidémie est plus forte et plus rapide que toutes celles que nous avons connues» a déclaré Jamie Mc Goldrick, coordinateur de l’aide humanitaire de l’ONU dans le pays.

Si le choléra inquiète autant les experts de l’OMS c’est que l’épidémie de choléra se propage rapidement au Yémen, pays voisin de l’Arabie saoudite. Plus de 200 000 cas suspects étaient recensés dans le dernier bilan de l’organisation, le 24 juin 2017, soit une moyenne de 5000 nouveaux cas suspects par jour. Un quart des victimes sont des enfants, toujours selon l’OMS. Au Yémen, le choléra s’est répandu très rapidement vu les mauvaises conditions d’hygiènes d’un pays ravagé par deux années de conflit meurtrier. L’effondrement des systèmes de santé, d’eau et d’assainissement impactent directement la santé des 14,5 millions d’habitants. Sans accès régulier à l’eau potable et à l’assainissement, la population devient plus vulnérable face à la maladie. L’effondrement des infrastructures médicales et sanitaires a favorisé fin avril l’apparition du choléra dans le pays pour la deuxième fois en moins d’un an. Les donateurs avaient promis en avril 1,1 milliard de dollars d’aides au Yémen, mais moins de 30% de ces promesses ont été honorées. Le choléra est une maladie infectieuse épidémique, strictement humaine, produite par une bactérie, le vibrion cholérique, caractérisée par des selles très fréquentes, des vomissements, un amaigrissement rapide, un abattement profond avec abaissement de la température, et pouvant se terminer par la mort. Le conflit a particulièrement dégradé les conditions sanitaires déjà précaires dans le pays avant la guerre. Ainsi, actuellement, près des deux tiers de la population yéménite n’a plus accès à l’eau potable selon un rapport des Nations unies. Le spectre d’une famine de masse plane également sur ce pays du sud de la péninsule arabique.

Depuis le début du conflit, 17 millions de personnes, soit plus de deux tiers de la population sont confrontées à des pénuries alimentaires, dont près de sept millions sont proches de la famine, dans un pays très dépendant de l’importation de nourriture. Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des Affaires humanitaires, a critiqué fin mai la coalition militaire conduite par l’Arabie saoudite qui menace d’attaquer le port d’Hodeida tenu par les rebelles, pourtant vital pour les importations, notamment de denrées alimentaires, du Yémen.