La Première ministre néo-zélandaise,Jacinda Ardern, a déclaré dimanche que les autorités avaient commencé à restituer les corps des victimes des attaques terroristes contre deux mosquées de Christchurch à leurs familles, un processus qui n’en est actuellement qu’à son stade initial.
Le suspect Brenton Tarrant est détenu dans un centre de haute sécurité, a affirmé Mme Ardern lors d’une conférence de presse. Elle a précisé que la présence policière serait renforcée dès lundi à Christchurch, la deuxième ville du pays, avec 120 policiers supplémentaires, ajoutant que toutes les mosquées seraient gardées par la police. Des équipes de spécialistes seront envoyées dans les écoles et les centres d’apprentissage préscolaire à travers la ville, et des lignes de soutien sont également mises en service pour tous ceux qui en ont besoin, a poursuivi Mme Ardern. Un homme armé a pris d’assaut deux mosquées à Christchurch vendredi après-midi, faisant au moins 50 morts et 50 blessés.
Relance du débat sur le contrôle des armes à feu
Les attentats perpétrés vendredi contre deux mosquées à Christchurch et ayant fait 50 morts, ont relancé le débat sur le contrôle des armes à feu en Nouvelle-Zélande, où la plupart d’entre elles échappent à l’obligation d’enregistrement, selon des sources médiatiques, citant un professeur à l’Université de Sydney. « La Nouvelle-Zélande a sans doute les lois des plus sévères sur les armes à feu parmi les pays industrialisés du monde, mais sa législation comporte toutefois d’importantes lacunes », a déclaré à Sputnik le professeur Philip Alpers, de l’Université de Sydney, fondateur et directeur de GunPolicy.org, en commentant la tuerie dans la ville néo-zélandaise de Christchurch. « L’une de ces graves lacunes consiste notamment dans le fait que la Nouvelle-Zélande est pratiquement l’unique pays au monde, à l’exception des Etats-Unis et du Canada, qui n’enregistre pas 90% de ses armes à feu », a poursuivi le spécialiste du contrôle des armes. Et de préciser que les propriétaires d’armes à feu y avaient une licence, mais que chaque pistolet n’était pas enregistré. « C’est plutôt inhabituel, l’enregistrement étant l’un des piliers du contrôle des armes à feu dans le monde entier. (…) La Nouvelle-Zélande ne le fait pas, ce qui facilite sans doute l’acquisition d’une arme à feu par un criminel », a estimé l’universitaire. Selon ce dernier, l’Australien de 28 ans, arrêté par la police néo-zélandaise suite aux attentats contre les mosquées de Christchurch,n’aurait tout simplement pas pu se procurer une arme semi-automatique dans son pays d’origine où les armes semi-automatiques ont été interdites après le massacre de Port Arthur, en 1996. L’Australie n’autorise la possession de ce type d’équipement qu’à condition qu’il soit enregistré. « En Nouvelle-Zélande, 96% des armes à feu ne sont pas enregistrés. (…) On peut par exemple vendre tout à fait légalement son arme à feu à n’importe qui sur un parking d’hôtel sans le notifier à personne, ce qui facilite évidemment l’acquisition d’armes à feu par des criminels », a relevé M. Alpers. De plus en plus de Néo-Zélandais interviennent en faveur d’un durcissement des lois sur le port d’armes, la législation du pays où la quantité d’armes à feu en circulation est importante, n’obligeant qu’à déclarer les armes semi-automatiques, ce qui est une grave lacune. Des tirs ont retenti le vendredi dans deux mosquées de la ville néo-zélandaise de Christchurch. La police a désamorcé plusieurs explosifs artisanaux découverts dans des véhicules garés à proximité. Cette attaque a fait 50 morts et des dizaines de blessés. L’auteur présumé d’au moins l’une de ces fusillades, Brenton Harrison Tarrant, a été inculpé de meurtres et sera maintenu en détention provisoire jusqu’à sa comparution devant la Haute Cour le 5 avril prochai
Diffusion en direct des attaques de Christchurch
Par ailleurs, la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a indiqué hier qu’elle attendait des explications de Facebook et d’autres réseaux sociaux sur la diffusion en direct des images du carnage dans les mosquées de Christchurch, qui a fait vendredi 50 morts et des dizaines de blessés. L’extrémiste australien Brenton Tarrant a filmé et diffusé en direct sur Facebook le massacre, dans une vidéo où on le voit passer de victime en victime, tirant sur les blessés à bout portant alors qu’ils tentent de fuir. Le groupe américain (Facebook) est parvenu à supprimer la vidéo de 17 minutes. Mais elle avait auparavant été partagée de nombreuses fois sur YouTube et Twitter, et les réseaux sociaux ont été à la peine pour retirer les images. Affirmant qu’il demeurait « des questions nécessitant des réponses » des géants de l’internet, Mme Ardern a précisé qu’elle avait été en contact avec la directrice des opérations de Facebook Sheryl Sandberg qui avait « reconnu ce qui s’était passé en Nouvelle-Zélande ». « Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour retirer ou obtenir que soient retirées certaines des images qui ont circulé dans la foulée de cette attaque terroriste », a déclaré Mme Ardern. « Mais au final, c’est à ces plateformes qu’il appartient de faciliter ces retraits ». « Je crois qu’il demeure des questions nécessitant des réponses, a-t-elle ajouté. Dans un communiqué, Mia Garlick, une responsable de Facebook en Nouvelle-Zélande, s’est engagée dimanche à « travailler 24 heures sur 24 pour retirer les contenus en infraction ». « Au cours des 24 premières heures, nous avons retiré dans le monde 1,5 million de vidéos de l’attaque, dont plus de 1,2 million bloquées lors de leur téléchargement », a indiqué Facebook. Le Premier ministre australien Scott Morrison a également fait part de ses doutes quand à l’efficacité des législations en la matière et des possibilités actuelles. Il a indiqué que les réseaux sociaux avaient « coopéré » depuis l’attaque des mosquées. « Mais je dois malheureusement dire que l’aptitude réelle à aider du côté de ces entreprises technologiques est très limitée ». Il a ajouté que des « assurances avaient été données » quant au fait que les contenus retirés ne pourraient pas réapparaître. « Il est évident que ce n’est pas le cas ». « Donc il y a des discussions très concrètes à avoir au sujet des capacités des réseaux sociaux », a-t-il conclu.