Nouvelle organisation des structures de la Présidence de la République: Objectifs, une planification stratégique face à un monde turbulent et à une situation socio-économique complexe

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Le décret présidentiel numéro 23-331 du 10 Rabie El Aouel 1445 correspondant au 26 septembre 2023, signé par le Président de la République a pour objet de réorganiser les services de la Présidence de la République et d’en fixer les attributions, l’objectif étant d’éviter de naviguer à vue au moyen d’une vision stratégique.

1.- Outre les conseillers et d’un secrétariat particulier, la cheville ouvrière sur le plan économique de ce décret  est le  directeur de cabinet,  assistés d’organes et de structures, de chargés de missions, de directeurs d’études, de directeurs, de chargés d’études et de synthèse, de sous-directeurs, de chefs d’études ainsi que de personnels administratifs et techniques. Il   est   chargé  de  suivre l’activité gouvernementale, de faire le bilan des activités des institutions , d’informer le Président de la République sur la situation politique, économique, sociale et culturelle du pays, de son évolution,  de lui fournir les éléments nécessaires à la prise de décisions  et de   réaliser toutes études liées aux dossiers politiques, économiques, sociaux, culturels ou énergétiques, d’impulser leur mise en œuvre et d’en évaluer l’impact . A ce titre le directeur de cabinet est chargé d’étudier et de mettre en œuvre des dossiers politiques et de relations internationales , de  suivre l’activité gouvernementale, l’état de l’opinion publique sur les grandes décisions et  de  suivre le traitement et l’analyse des requêtes des investisseurs, opérateurs économiques et autres requêtes spéciales, en coordination avec les conseillers, la sécurité des communications et des télécommunications relevant du secrétaire général. En attendant les modalités du fonctionnement , c’est une prise de conscience de l’urgence d’une planification stratégique liée au renouveau du système d’information au plus haut niveau de l’Etat,  car la visibilité et la cohérence de la politique socio-économique  font  cruellement défaut. Je ne puis qu’adhérer à cette initiative , la seule motivation de tout patriote étant les intérêts supérieurs de l’Algérie.    actions que  nous avons toujours préconisées  à travers nos différents audits durant près de  50 années au niveau des structures de l’Etat. Cette présente contribution est  une synthèse de toutes les directions d’audits que j’ai eu l’honneur de diriger  entre 1974 à 2023 où j’ai mis en relief l’importance d’une visions stratégique pour l’Algérie ( Audit  sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul auteur de 20 ouvrages et 700 contributions nationales/internationales : bilan de Sonatrach  et politique  énergétique 7 volumes 1974/1976-  même sujet MEM 2006 assisté du bureau américain Ernst & Young –7 volumes et en 2015 assisté d’experts nationaux et cadres de Sonatrach  sur la transition énergétique – Bilan du processus d’industrialisation 1965/1978 Ministère Industrie- Energie assisté –Alger – 6 volumes – direction audit sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul « réformes et place du secteur privé au sein de l’économie nationale 1979 ,8 vol MEM Alger –direction audit sur les surfacturations et le coût du BTPH en tant que directeur général des études économiques à la Cour des comptes 1980/1983 –direction audit sur l’optimisation des moyens de la DGSN cabinet DGSN 1997-  audit sur la revalorisation des salaire présidence de la république 2009 6 volumes –quatre audits sur l’évaluation  du bilan des entreprises publiques en tant que président du conseil national des privatisations 1996/1999 Ouvrage collectif sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul « Les enjeux de l’Algérie : réformes et démocratie » 2 volumes Casbah Édition Alger- 2005 (520 pages) -Interview du Pr Abderrahmane Mebtoul- à Afrik Économie Paris décembre 2018 « réformes en Algérie, pour un large front social anti -crise » –A. Mebtoul -Le poids de la sphère informelle produit de la bureaucratie et les enjeux géostratégiques Institut Français des Relations Internationales IFRI décembre 2013 réactualisé dans la revue stratégie IMDEP Ministère de la défense nationale octobre 2019-   -American Herald Tribune-USA- « Prof. Abderrahmane Mebtoul: Any Destabilization of Algeria would have Geo-strategic Repercussions on all the Mediterranean and African Space 28 décembre 2016 » – Dr. Abderrahmane Mebtoul: « Algeria Still Faces Significant Challenges 11 août 2016 » – « Prof. Abderrahmane Mebtoul: “The Widespread Financial Scandals Affecting most Sectors of National Activity Threaten the Foundations of the Algerian Stat »-19 octobre 2019 -AfricaPress Paris: 23 juillet 2019- conférences  2019/ 2023-Ecole supérieure de Guerre/MDN , à l’Etat-major  de la gendarmerie nationale/MDN sur les  trafics aux frontières –invitation ambassade USA et de l’Union européenne « Impact de la crise politique  et  économique mondiale, cours des hydrocarbures  sur l’économie-différentes conférences à Bruxelles, parlement européen  Washington et à Paris

2.- Toute planification  stratégique  doit tenir compte  à la fois les mutations mondiales, de  la morphologie interne de la société, de son histoire, de sa situation présente et de son évolution  car tout projet de société étant porté forcément par des forces politiques, sociales et économiques, les réformes étant fonction des rapports de force au niveau de la société et non au sein de laboratoires de bureaucrates déconnectés de la société. C’est pourquoi, il faut insister sur l’effort d’une information de vérité, accessible à toute la population, pour montrer l’opérationnalité de l’action gouvernementale au profit des générations présentes et futures. Le défi 2023/2030 pour l’Algérie est la refondation de l’Etat passant renvoyant à un nouveau mode de gouvernance dont le fondement est la liberté au sens large pour une société participative et citoyenne, impliquant une réelle décentralisation autour de grands pôles régionaux. Les responsables algériens s’adapteront –ils à ce nouveau monde dynamique en perpétuel mouvement, n’existant pas de modèle statique, par une nouvelle politique économique tenant compte  des nouvelles filières  mondiales axée sur la transition numérique  et énergétique . L’action économique de la nouvelle organisation de la présidence  doit définir clairement les objectifs stratégiques et les actions opérationnelles datées auxquelles doit s’atteler le gouvernement afin d’établir  un bilan des réalisations et des insuffisances de chaque département ministériel   qui s’articulent autour de cinq  axes : premièrement, comment se pose le problème ;  deuxièmement quelles sont les contraintes externes (engagements internationaux de l’Algérie); troisièmement , quels sont les contraintes sociales, financières et techniques internes; quatrièmement, quels sont les choix techniquement possibles et les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix ;  cinquièmement, quelles méthodes de travail choisir qui permettent de déterminer les paramètres (moyen et long terme) et les variables (court terme) dont dépend un système complexe. Après avoir décomposé la difficulté en éléments simples, il convient de se poser des questions et apporter des réponses opérationnelles, loin des théories abstraites, réalisations physiques et plan de financement sur chacun des éléments : Quoi ? Qui ? Où? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? Comment faire ? L’on devra distinguer dans la hiérarchisation les projets capitalistiques dont le seuil de rentabilité, si le projet est lancé en 2023, ne sera rentables qu’à l’ horizon 2028/2030 des projets hautement  capitalistiques, donc au  bout de cinq à sept  années et pour les  projets faiblement capitalistiques (PMI/PME) au bout de 2/3 années- C’est dans ce cadre qu’ils ‘ati d’encourager   les industries de l’avenir d’avenir: la santé, l’alimentation, l’écologie, l’hygiène, l’éducation, la recherche, l’innovation, la sécurité, le commerce, l’information, la culture; et bien d’autres, ces segments étant capables d’augmenter leur productivité, et d’améliorer sans cesse leur capacité de satisfaire la demande sociale nouvelle, fonction de nouveaux comportements, devant éviter ces assainissements à répétition des entreprises publiques  revenues à plus de 80% à la case de départ,  un véritable gouffre financier,  où selon les données du premier ministère(source APS)   250 milliards de dollars ont été consacrées  durant les trente dernières années  à fin 2020  , supposant une réorientation de la politique industrielle,

3.- Le grand défi pour l’Algérie , devant éviter de vivre sur l’illusion de la rente éternelle  des hydrocarbures,  existant un lien entre sécurité et développement est la relance économique fondée sur la bonne gouvernance et la  valorisation du savoir, afin de réduire le taux de chômage , 14/15%  et le taux d’inflation,9/10% ( source FMI-2022),   L’Algérie possède en 2023 des  marges de manœuvres  Sur le plan  macro-financier,  la dette publique totale globale est estimée en 2022 à 63% du PIB mais selon le FMI  l’Algérie est le pays Arabe le moins endetté en 2023 , son taux d’endettement extérieur étant  de 1.6% par rapport à son PIB avec des  réserves de change qui ont évolué de- 2013 à  194,0 milliards de dollars, à 60 milliards de dollars en 2022  et se situerait entre 82/85 milliards de dollars fin  2023. Mais ce cadre financier dépendant  de la  rente des hydrocarbures est éphémère sans de profondes réformes structurelles. L’action en faveur des réformes est globalement formée de cinq segments qui fondent le processus opérationnel de mise en œuvre: l’administration qui constitue la cheville ouvrière par son importance stratégique, la société civile/syndicats, les citoyens dans leur diversité, les partis politiques et les opérateurs publics et privés. C’est une entreprise d’envergure consistant principalement à réorganiser: premièrement, le champ des partis politiques et de la société civile, le mouvement  qui ont de moins en moins d’audience auprès de la société ; deuxièmement, la réforme des institutions centrales et locales impliquant la débureaucratisation, , et une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux; troisièmement, revoir le système information au sens large  avec la numérisation qui n’est qu’un moyen qui en ce XXIème siècle, car posséder la bonne information, c’est  le cœur du pouvoir même; quatrièmement , la promotion de la femme signe de la vitalité de toute société; cinquièmement , la réforme de la justice par l’application et l’adaptation du Droit tant par rapport aux mutations internes que du droit international; sixièmement , adapter le système éducatif, centre d’élaboration et de diffusion de la culture et de l’idéologie de la résistance au changement et à la modernisation du pays où la déperdition du primaire au secondaire et la baisse du niveau devient alarmant; septièmement  la réforme du secteur de l’énergie avec le primat à l’efficacité énergétique et un nouveau modèle de consommation,, dont un nouveau management stratégique de Sonatrach, lieu de production de la rente pour plus de transparence dans sa gestion; septièmement, la réforme du foncier  agricole et industriel du système financier( banques, fiscalité, domaine, douane)  qui est un préalable essentiel à la relance de l’investissement public, privé national et étranger, les banques publiques et privées étant au cœur d’importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l’ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente.

En conclusion, l’Algérie ne peut revenir à elle- même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétences, de loyauté et d’innovation sont instaurés comme passerelles de la réussite et de la promotion sociale. Ainsi, s’impose un Etat régulateur (non Etat gestionnaire) au moyen d’une planification stratégique fondée sur la moralisation de la société, la lutte contre la bureaucratie et la corruption qui accentuent le divorce Etat-citoyens et constituent un frein à l’investissement national ou international créateur de valeur ajoutée. Pour réussir les réformes, l’Algérie a besoin de nouvelles intermédiations politiques, sociales, culturelles et économiques, loin des aléas de la rente, afin d ‘éviter un affrontement direct forces de sécurité citoyens en cas de malaise social. Un  regard critique et juste doit être posé sur la  situation de l’Algérie , sur ce qui a déjà été accompli de 1963 à 2023, et de ce qu’il s’agit d’accomplir entre 2023/2030 au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d’une même ambition et d’une même espérance, la sécurité nationale et le développement économique et social du pays.

A.M.