Deux chercheurs de l’Université de Genève, Domilé Tautvydaité et Nicolas Burra, ont identifié le moment précis où notre cerveau perçoit la direction du regard d’autrui, une découverte récemment publiée dans la revue NeuroImage.
L’étude, menée par ces spécialistes de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, visait à déterminer le temps nécessaire au cerveau humain pour détecter la direction du regard des autres, une compétence cruciale pour les interactions sociales. « Un contact visuel direct indique une volonté d’engager une interaction sociale, alors que l’évitement du regard enverra le message contraire, » précise le communiqué de l’Université. Les chercheurs ont utilisé le logiciel « Poser 5 » pour créer des images réalistes en 3D de visages masculins et féminins, programmés pour adopter diverses postures. En tout, 17 combinaisons de directions de regard et d’orientations de la tête ont été testées. Deux expériences ont été organisées avec différents participants, tous âgés de 18 à 35 ans et en bonne santé. Trente-deux participants ont pris part à la première expérience, tandis que 34 autres ont participé à la seconde. Pour mesurer l’activité cérébrale des participants, les chercheurs ont utilisé l’électroencéphalographie. Des électrodes placées sur la tête des participants ont permis de détecter les différentes charges électriques des cellules neuronales, converties ensuite en graphique appelé électroencéphalogramme. Lors de la première expérience, les participants devaient rapporter la direction du regard, tandis que la seconde expérience consistait à identifier l’orientation de la tête. Les résultats montrent que notre cerveau perçoit l’orientation de la tête à partir de 20 millisecondes, puis la direction des yeux à partir de 140 millisecondes. L’orientation de la tête sert ainsi d’indice pour percevoir la direction du regard, mais l’inverse n’est pas vrai. Ces résultats pourraient avoir des applications importantes, notamment pour le diagnostic précoce des troubles du spectre de l’autisme chez les enfants. « Concernant la maladie d’Alzheimer, l’un des symptômes les plus frappants avec son avancée est l’incapacité à reconnaître les visages, même ceux des membres de la famille, » souligne le communiqué. Cette étude pourrait ainsi améliorer la compréhension des mécanismes neuronaux liés à la diminution de l’interaction sociale et à la mémoire des visages.
Neila M