Maîtrise des nouvelles technologies dans les domaines économiques et militaires: Une question de sécurité nationale

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La définition des menaces cybernétiques et la mise en œuvre des mécanismes de contrôle et de détection efficaces, tout comme l’état-prêt en cas de risque, constituent aujourd’hui les principales exigences prospectives pour assurer l’entière sécurité requise pour les infrastructures vitales de façon sûre et permanente, et ce, dans le cadre du dispositif de prise en charge de la sécurité nationale, dans ses dimensions politique, militaire, économique et sociétale, voire technologique, ce qui implique le développement de notre stratégie nationale intégrée dans le domaine numérique, la combinaison des aspects prospectifs et de prévention contre les menaces de l’espace cybernétique, la protection des systèmes et des données, la promotion d’une culture numérique citoyenne et patriotique, qui repose sur la sensibilisation permanente, ainsi que la veille stratégique de l’ensemble des institutions. Le  président de la République,   le 07 juin 2023, à l’ouverture du séminaire national sur la stratégie nationale de cybersécurité en présence du général de corps d’armée, chef d’état-major de l’ANP. Cette présente contribution est une brève synthèse conférence que j’ai donnée  à   l’Institut militaire  IMDEP/ MDN en octobre 2019:   «Le terrorisme et  les trafics aux frontières» où j’ai évoqué les dangers de la non-maîtrise des nouvelles technologies d’information où d’ailleurs la revue du MDN/ DJEICH a consacré plusieurs dossiers sur ce sujet stratégique.

1- Avec la révolution du nouveau système d’information, contrairement au passé, il y a trop d’informations et le grand problème est à la fois la crédibilité de l’appareil statistique et la sélection opératoire de cette masse d’informations, pour s’adapter à la nouvelle révolution mondiale du numérique qui a un impact sur le comportement des citoyens, sur la gestion des institutions et des entreprises. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont des implications au niveau de la gouvernance politique, la gestion des entreprises et des administrations et un impact également sur notre nouveau mode de vie renvoyant au savoir et à l’innovation permanente. Politiques, entrepreneurs, citoyens, nous vivons tous aujourd’hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel. La maîtrise du temps étant le défi principal en ce XXIe siècle, engageant la sécurité nationale; toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays.

Les NTIC sont un ensemble de technologies utilisées pour traiter, modifier et échanger de l’information, plus spécifiquement des données numérisées. La naissance des NTIC est due notamment à la convergence de l’informatique, des télécommunications et de l’audiovisuel.

Le développement de l’Internet à haut débit, la démocratisation de l’ordinateur et des nouvelles technologies découlent d’une baisse des tarifs proposés par les fournisseurs d’accès et d’une demande de plus en plus présente de la clientèle. Le boom des blogs et des messageries électroniques donne aux TIC une place de plus en plus vaste dans notre société. Cette interaction de l’électronique et de l’informatique explique que les applications des NTIC puissent répondre aux besoins aussi bien des entreprises et de l’Etat que des ménages et des individus. Désormais, soumises aux mêmes lois du marché que n’importe quelle autre activité de production marchande, les NTIC constituent, en outre, un secteur où la concurrence se joue directement à l’échelle mondiale. La globalisation des entreprises, des marchés et des circuits de la finance n’a pas seulement impliqué un remodelage des structures économiques et des flux d’échange, elle a aussi conduit à la professionnalisation de la communication et de l’information, ainsi qu’à une intégration de plus en plus poussée des phases de la conception, de la création et de la consommation des produits, parallèlement à la fusion de sphères d’activités jadis séparées, voire opposées.

Plus qu’une ouverture vers le grand public, les TIC révolutionnent l’organisation interne de l’entreprise, les logiciels de gestion appelés les ERP (Entreprise Ressource Planning) gèrent différentes tâches comme les stocks ou la trésorerie, le travail collaboratif est simplifié grâce à l’utilisation de l’intranet et de la messagerie, le système «wireless» ou «sans fil» maintient un lien permanent avec des collaborateurs en déplacement tout comme la vidéoconférence, tout cela génère un meilleur partage ainsi qu’une meilleure circulation de l’information interne. Ainsi, le monde est devenu une grande maison de verre, un acquis contre les régimes totalitaires dans la mesure où l’information n’est plus le quatrième pouvoir mais le pouvoir lui-même. L’infrastructure de l’Internet se répand aujourd’hui autour du monde pour créer un large réseau mondial et ce, grâce à l’informatique qui permet aujourd’hui de numériser les informations et de gérer de nouveaux systèmes. L’intégration des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel a donné naissance à la Société de l’information qui fait l’objet d’une attention particulière de la part des Etats et des organisations internationales. Cet intérêt s’est trouvé accru depuis plus d’une décennie en raison des retombées socioéconomiques et culturelles des nouvelles technologies de l’information de la communication (NTIC) : la fracture numérique  transcende en effet les clivages géographiques et traverse de part en part toutes les sociétés humaines. Ces nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) changent profondément la vie au quotidien des citoyens, le fonctionnement des entreprises, de l’Etat.

Tout cela entraîne de nouvelles représentations mentales et sociales. Cela est plus patent au niveau multimédia (TV, vidéo à la demande, GPS, musique…) sur les téléphones portables. Sur le plan macroéconomique, les nouveaux processus mis en place grâce aux TIC ont des conséquences sur l’analyse de la valeur des produits et services, que l’on effectue davantage sur le cycle de vie, lequel a tendance à se raccourcir et influe sur les gains de productivité et la croissance liée à l’introduction des TIC. Les TIC influencent également la recherche scientifique et technique et permettent indirectement de réaliser de nouvelles découvertes qui ont à nouveau un effet macroéconomique. Enfin, les TIC ont un impact dans de nombreux autres domaines comme les loisirs, la culture, la santé, la gestion du temps, les comportements en société. L’avènement d’Internet et le développement formidable qu’il connaît depuis quelques années ont pratiquement mis en demeure l’entreprise – de quelque importance qu’elle soit – de s’adapter et d’en faire l’usage le plus judicieux et le plus productif.

La compétitivité l’obligeant à obtenir ou à donner l’information en temps réel, l’entreprise va, en effet, investir la Toile et recourir à l’électronique pour faire face à la concurrence et développer ses activités. Les NTIC permettent de mettre en place des modèles d’organisation du travail dont les principales caractéristiques sont la décentralisation et la flexibilité. Le phénomène de délocalisation de l’emploi tient largement de la recherche des gains de productivité et des possibilités offertes par les NTIC aux entreprises, particulièrement à celles qui sont d’une grande envergure : télé-saisie, télétraitement et télémaintenance informatique sont maintenant une réalité de tous les jours.

2 – D’où l’importance de la maîtrise de l’Intelligence économique qui est le  fondement de la sécurité d’une Nation économique et sa gestion stratégique est devenu pour une Nation et l’entreprise d’une manière particulière, l’un des moteurs essentiels de sa performance globale et de sécurité. En pratique, l’intelligence économique est un processus découlant du cycle du Renseignement intégrant  deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille : la prise de décision et la connaissance de l’information.

Le modèle d’Intelligence Economique recouvre en trois concepts. Nous avons d’abord les données qui sont des nombres, des mots, des événements existants en dehors d’un cadre conceptuel de référence. Ensuite, nous avons l’information qui est l’accumulation de données, traitées et transformées qui deviennent des informations, validées et confrontées, qui commencent à avoir un sens. Enfin, nous avons la connaissance qui est l’ensemble d’informations interprétées qui permet de prendre des décisions. Les passages par ces trois concepts se font de la manière suivante. Je veux avoir de bonnes informations au bon moment. Pour cela, il faut définir des objectifs; rechercher et collecter des données; trier et stocker les données et enfin disposer d’informations pertinentes. Comment puis-je rendre l’information utile ? Une fois les objectifs globaux en matière d’information arrêtés, et les missions de recherche, collecte, tri et stockage validées, il faut analyser l’information, exploiter les résultats de manière à faire ressortir les aspects aidant à la prise de décision, impliquant. Il faut faire évoluer la culture  tant politiques des militaires que des secteurs économiques, le système de prise de décision n’étant pas un système figé, devant s’adapter et évoluer dans le temps. Pour cela, il faut partager l’information, évaluer la qualité et la pertinence des décisions et se remettre en question. Pour faire de l’intelligence économique un véritable avantage concurrentiel, il est indispensable de l’intégrer aux fonctions des différentes institutions, l’administration et des entreprises, l’approche du processus permettant  une meilleure coordination des étapes pour profiter au maximum du gisement informationnel en vue d’actions efficaces du fait d’interactions complexes, une Nation ou une entreprise sera meilleure que ses concurrents si elle possède, avant les autres, les bonnes informations au bon moment afin de créer une asymétrie d’information à son avantage. D’où l’appui pour l’accès aux volumes importants d’informations sur le commerce international détenu par les départements et agences ministériels, les Services de renseignement et de contre-espionnage, mettant en place un service d’information économique au profit des entreprises engagées dans le commerce extérieur. Concernant les retombées technologiques, dans un contexte de concurrence internationale tant politique, militaire, économique, processus lié,   beaucoup d’entreprises tentent de soutirer à leurs concurrents des technologies, des fichiers de clients, des secrets commerciaux, des structures de coûts de produits, des spécifications et procédures de fabrication de produits et des plans de développement. Depuis l’apparition des intranets et des extranets, l’information se diffuse plus rapidement et plus largement hors des frontières, acquérant ainsi une telle valeur stratégique que l’enjeu est désormais de se l’approprier. Au-delà des risques techniques qu’imposent les TIC, la sécurisation des données informatiques commence par la sécurisation et la sensibilisation des ressources humaines. Les interceptions de communications ont aussi évolué. Des écoutes téléphoniques, nous sommes passées aux interceptions des messages électroniques. Lorsqu’un mail est envoyé de façon habituelle, il n’est pas crypté et peut transiter par une dizaine de proxies qui jalonnent le parcours vers sa destination. Or, ces derniers conservent, pour des raisons techniques mais aussi légales, une copie des messages reçus. Les informations contenues dans le corps du message et dans les fichiers joints peuvent donc être lues par autant de responsables de proxies que nécessite le trajet. Les vols de documents ne se produisent pas seulement en accédant, à distance ou non, à un ordinateur ou un serveur, mais également de la façon la plus inattendue par les photocopieuses. Chaque fois que l’on copie un document sur un copieur moderne, une copie est enregistrée sur le disque dur de la machine, étant devenues de véritables centres de stockage. 

Les copieurs et les machines multifonctions les plus modernes stockent les informations avant de les imprimer, des experts en informatique peuvent récupérer ces informations, d’autant plus que la plupart d’entre elles sont généralement connectées à un réseau, soit via un PC (imprimante partagée), soit grâce à une adresse IP propre.

3 – Face à ces  bouleversements  mondiaux, le système de recueil d’information, en Algérie, doit  être  repensé au sein d’une planification stratégique et que l’ONS ne dépende plus de l’exécutif  comme dans la plupart de pays européens, en France, en Allemagne ou aux USA  et donc qu’il soit un organe indépendant- idem pour les institutions de contrôle des  deniers publics (voir l’American Herald Tribune du 11 août 2018 (USA) (Dr Abderrahmane Mebtoul : «Algeria Still Faces Significant Challenges» et  trois parties dans le site international Africapresse Paris 8/9/10 août 2018 sur les défis de l’Algérie).

Il existe un théorème dit des 20/80% en management stratégique : 80% d’actions mal ciblées que l’on voile par de l’activisme ministériel ont un impact de 20% sur la société, 20% d’actions bien ciblées ont un impact de 80% et devant tenir compte du facteur temps combinant les paramètres et les variables pour atteindre l’optimum global. Ce qui est des paramètres à court terme peuvenyt devenir variables à moyen terme, et ce qui est secteur stratégique aujourd’hui ne peut pas le devenir demain. Certes, l’ONS n’a pas vocation à évaluer les politiques publiques en cours et que toute latitude est offerte aux autres d’interpréter les chiffres en reconnaissant qu’il serait souhaitable d’une meilleure coordination interinstitutionnelle, entre les diverses et abondantes sources administratives et l’office, appelant à davantage de «cohérence et d’intégration».

C’est que l’ONS part des données micro-économiques des administrations et des entreprises en les consolidant au niveau macro-économique.

Si l’information de base est biaisée, cela donne des résultats au niveau global qui ne reflète pas la réalité. Et c’est ce que l’on constate malheureusement avec l’effritement du système d’information, où les bases de sondage sont différentes d’un organisme à un autre aboutissant à des données que contredit la réalité. Il faut donc uniformiser les méthodes d’enquêtes qu’elles soient exhaustives ou par sondage. Et surtout, il faut démocratiser l’information en ouvrant les médias lourds à un large débat économique contradictoire, personne n’ayant le monopole du nationalisme. 

Or, des erreurs de politique économique peuvent se chiffrer à des pertes de plusieurs dizaines de milliards de dollars favorisé par un système de prix incohérent où l’on additionne les prix administrés et les prix du marché, ce qui  ne permet pas de cerner la sincérité des comptes et peut donner lieu de la mauvaise  gestion, voire de la corruption. Je rappelle qu’en tant que directeur général des études économiques et premier conseiller à la Cour des comptes j’avais été chargé par la présidence de l’époque en 1983 du dossier surestaries, dossier d’ailleurs toujours d’actualité où j’avais suggéré, en relation avec les services du ministère du Commerce, des Finances et de différents départements ministériels concernés, l’urgence pour lutter contre à la fois les surestaries et les surfacturations l’établissement d’un tableau de la valeur par un la mise en place d’un système d’information en réseaux et en temps réel entre les ports, la douane, les banques, les services de la fiscalité et reliés aux réseaux internationaux afin de connaître la qualité et les  prix en temps réel des marchandises importés produit par

produit. En conclusion, l’Algérie a besoin d’un système d’information rénové car l’information n’est pas le quatrième pouvoir mais en ce XXIe siècle celui qui détient l’information a le pouvoir. L’Algérie ayant toutes les potentialités pour s’en sortir devant éviter le tout-sinistrose, a besoin d’une stratégie d’adaptation face aux nouvelles mutations mondiales et énergétiques avec l’avènement de la quatrième révolution économique qui se fondera sur le numérique avec le développement de l’intelligence artificielle, les nouvelles technologies, les industries écologiques avec un Mix énergétique entre 2023/2030. L’adaptation de l’Algérie, pouvant devenir  un pays pivot,  à ces mutations, son espace naturel  étant l’Afrique et l’espace méditerranéen, est une question de sécurité nationale (voir contribution du

Pr Abderrahmane Mebtoul diffusion 07 juin 2023 de la revue Politis/El-Moudjahid  de mai 2023 sur les enjeux stratégiques de l’Afrique  et le rôle de  l’Algérie).

A. M.