À ce jour, il est clair que la santé et la prévention de certaines maladies passent aussi par l’assiette. Un constat opéré par une étude estime que la nutrition est impliquée dans la plupart des maladies chroniques fréquentes, mais qui s’inquiète aussi notamment des aliments transformés et ultra-transformés ou encore de la présence d’additifs dans nos plats.
C’est pourquoi une équipe de chercheurs s’est penchée sur quatre types d’alimentation et sur la façon dont chacun d’entre eux est susceptible d’avoir un effet sur le cerveau et la santé mentale. Leur étude, publiée dans la revue Nature Mental Health le 1er avril 2024, définit laquelle d’une alimentation avec peu ou pas d’amidon, végétarienne, riche en protéines et faible en fibres et équilibrée et sans frustrations serait la plus bénéfique pour les fonctions cognitives et la santé mentale.
Manger équilibré, la clé d’une bonne santé
Réalisée sur près de 200 000 personnes, âgées en moyenne de 70 ans, cette étude a d’abord analysé les habitudes et préférences alimentaires des participants, en les classant en quatre “sous-types” de régime alimentaire : Sans ou à teneur réduite en amidon, avec une préférence plus élevée pour les fruits, les légumes et les aliments protéinés, mais une préférence plus faible pour les féculents. Végétarien : une consommation de fruits et légumes, tout en montrant une préférence plus faible pour les aliments protéinés. Riche en protéines et faible en fibres : une plus grande préférence pour les collations grasses et les aliments protéinés, mais une préférence moindre pour les fruits et légumes. Et ceux adeptes d’une alimentation équilibrée : une certaine harmonie dans toutes les catégories alimentaires, sans restrictions. Selon les résultats, “les individus ayant une alimentation équilibrée ont démontré une meilleure santé mentale et des fonctions cognitives supérieures par rapport aux trois autres sous-types”, informent les chercheurs. Plus précisément, les experts ont pu déterminer quels étaient les effets selon les différents régimes alimentaires. Pour les individus adoptant des habitudes végétariennes, « les scores en termes de santé mentale étaient les moins élevés », concernant des symptômes d’anxiété ou dépressifs. Toutefois, ces scores pouvaient être dus « à la conception de l’étude ou davantage à des causes génétiques », nuancent les chercheurs. Ceux qui consommaient majoritairement des protéines et peu de fibres présentaient également « des scores de bien-être inférieurs à ceux des autres sous-types ». Comparé à une alimentation équilibrée, ce régime présentait aussi des risques plus élevés d’anxiété, de dépression et d’accident vasculaire cérébral. Mais ces personnes avaient également “des volumes de matière grise plus faibles dans une partie du cerveau appelée gyrus post central, qui coordonne la façon dont notre corps se déplace dans l’environnement, que les personnes ayant suivi un régime équilibré”, précise un article paru dans Healthline. Une alimentation équilibrée était donc associée à moins de problèmes de santé mentale et un score de bien-être plus élevé que les autres sous-types, “ce qui suggère qu’un apport équilibré de diverses catégories d’aliments peut être associé à une meilleure santé mentale”, concluent les chercheurs.
Encore du chemin à faire
Cependant, des recherches futures sont nécessaires pour comprendre pleinement les associations potentielles à long terme entre ces habitudes alimentaires et la structure et la santé du cerveau, en particulier chez les adolescents et les populations d’âge moyen. Toutefois, de plus en plus de recherches s’intéressent à la façon dont l’alimentation peut améliorer, ou au contraire, détériorer notre santé physique, cognitive et mentale. C’est d’ailleurs le cas d’une étude, réalisée par l’Université de Barcelone (Espagne), publiée dans la revue Molecular Nutrition and Food Research le 24 octobre 2023. Celle-ci fournit de nouvelles preuves pour une meilleure compréhension des mécanismes biologiques liés à l’impact de l’alimentation sur la santé cognitive de la population vieillissante. Les chercheurs avaient conclu qu’un régime méditerranéen, à base d’huiles, de poissons riches en oméga-3 et de végétaux, avait un effet protecteur contre le déclin cognitif des personnes âgées. Ou encore, des chercheurs de l’Inserm, en septembre 2023, indiquaient que la santé mentale pouvait tout à fait être liée à l’intestin par le nerf vague, lui-même relié à des régions cérébrales impliquées dans la gestion des émotions.