C’est en pleurs que Rachid Taoussi, le coach de l’ESS a quitté la Ligue des champions africaine. Il pouvait nourrir quelques regrets après l’élimination de son équipe, notamment lors du match aller au Caire, où les camarades de Djabou se sont inclinés sur le score de 2 à 0. Net, précis et sans bavure.
Avaient-ils la possibilité de faire mieux ? Pas sûr. Du coup, l’on se demande si l’Entente avait vraiment la carrure pour contrecarrer les plans du Ahly, l’ogre égyptien. A- elle les moyens et l’envergure pour venir manger dans la table des grands clubs du Continent ? Plus concrètement, y a-t-il des équipes algériennes à ce niveau ? Quand on sait que le Ahly va disputer sa 12e finale de la Ligue des champions et que l’ES Tunis sera à sa septième, l’on se rend compte du fossé qui sépare les « grands » clubs algériens du ce qui se fait de mieux sur le plan africain. L’équipe la plus titrée en Algérie, la JSK en l’occurrence, n’a plus atteint une finale de coupe africaine depuis son sacre en Coupe de la CAF en 2002. Son dernier titre en Coupe des clubs champions (l’ancêtre de la Ligue des champions), remonte…à l’année 1990. Soit plus de 28 ans d’absence ! Il faut dire que les exploits des équipes algériennes dans les compétitions africaines sont sporadiques. Elles n’arrivent pas à s’inscrire dans la durée, comme c’est le cas du Ahly, de l’EST ou du TP Mazembe. S’ils ne remportent pas le titre, ces clubs sont toujours présents dans les derniers tours. On les a vus cette année, on les verra les saisons à venir. Alors que l’ESS n’est même pas qualifiée pour la prochaine édition. C’est là toute la différence. Avant de passer au niveau africain, il faut d’abord dominer durablement la compétition locale. Or chez nous, aucune équipe n’est parvenue à gagner le championnat trois fois de suite. Le niveau est pratiquement le même au point où la suprématie des uns est chaque fois contestée par les autres. En début de saison, tout les sociétaires de la Ligue 1 ou presque veulent jouer les premiers rôles, car ils ne se sentent inférieures aux autres. Il n’y a pas une hiérarchie établie à l’avance comme c’est le cas dans les grands championnats ou chez nos voisins. Une sorte de « socialisme » du football que l’on a hérité de la réforme sportive des années 70. Aujourd’hui, il y a des clubs, comme l’USMA, qui essaye de s’extirper de la mêlée, mais pour le moment elle n’y arrive pas. Ses résultats sont trop irréguliers pour pouvoir prétendre au rang de locomotive du football algérien. Le MCA, malgré son immense popularité et l’apport et le soutien de Sonatrach, est englué dans ses problèmes structurels qui n’ont pas de fin. En somme, pour penser grand, c’est la mentalité et la mode de gestion qui doivent changer à tous les niveaux. Il faut cesser de se mentir en pensant qu’on a des grands clubs en Algérie. On n’est pas sorti de l’amateurisme et de l’improvisation. Sans le soutien des pouvoirs publics, aucun club ne survivra. Si nos voisins ont pris une sacrée avance sur nous, c’est parce qu’ils ne se voient pas comme le nombril du monde. Une remise en question perpétuelle qui leur a permis d’évoluer au fil des ans pour devenir des mastodontes. Et dire que le MCA a été le premier club maghrébin à remporter la C1…
Ali Nezlioui
Déclarations de fin de match
Rachid Taoussi (entraineur ES Sétif) : Mon équipe a mené le jeu tout au long des 90 minutes. Nous avons raté des vraies occasions pour marquer, mais nous avons aussi joué contre une équipe égyptienne forte, expérimentée et qui compte dans ses rangs plusieurs internationaux. Je salue mes joueurs pour leur prestation et courage ainsi que leur volte face après le but encaissé. On a pu revenir au score et battre Al Ahly, imbattable depuis le début de cette compétition africaine, mais j’estime que la disqualification de l’Es Sétif s’est dessinée en match aller. Un grand travail attend le staff technique pour retrouver l’efficacité de l’attaque. Mes joueurs ont dominé le match. Nous avons obtenu 18 corners, mais on s’est heurté à une défense bien en place. Je salue le public pour son soutien et tiens à féliciter Al Ahly pour sa qualification. Patrice Carteron (entraineur d’Al Ahly) : ce soir, je n’étais pas satisfait du rendement de mon équipe notamment à la deuxième mi-temps. Nous avons raté des occasions pour renforcer le score mais la qualification pour la finale nous conforte. L’Es Sétif s’est distinguée lors de cette compétition africaine et je trouve que le coach Taoussi a fait un grand travail avec l’équipe qui a pu atteindre la demi-finale. Et ce soir, l’Es Sétif a prouvé que c’est une grande équipe. La formation d’Al Ahly est en phase de construction. L’équipe n’a pas pu décrocher le titre du champion de la ligue africaine depuis 2013 et entre temps le football africain a beaucoup évolué. Les signes de fatigue étaient apparents sur certains de mes joueurs et la force de l’adversaire a compliqué un peu les choses pour nous. On s’est qualifié pour la finale, c’est le plus important pour l’instant.