Les yeux, un outil précieux pour détecter la démence des années avant le diagnostic

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Une nouvelle étude a révélé une observation inédite qui pourrait révolutionner le diagnostic précoce de la démence. Avec l’évolution des technologies, les yeux pourraient un jour devenir un outil clé pour diagnostiquer un large éventail de maladies.

Grâce à leur transparence partielle, les yeux permettent des examens beaucoup moins invasifs que d’autres parties du corps. Même sans technologie, simplement en observant les yeux – les nôtres ou ceux de nos proches – on peut déjà détecter des problèmes de santé mineurs : une anomalie dans la dilatation de la pupille ou un changement de couleur de la sclérotique, par exemple. Cependant, des scientifiques explorent actuellement des moyens de détecter les signes précoces de troubles neurologiques, tels que la maladie d’Alzheimer, à travers l’examen des yeux. La dernière étude en date, menée par des chercheurs de l’Université de Loughborough et publiée dans la revue Scientific Reports, suggère que des problèmes oculaires pourraient être l’un des premiers signes de déclin cognitif. Plus précisément, une perte de sensibilité visuelle pourrait prédire la démence jusqu’à 12 ans avant son diagnostic. Cette recherche, relayée par The Conversation, a suivi 8 623 personnes en bonne santé pendant de nombreuses années. À la fin de l’étude, 537 participants avaient développé une démence, et les chercheurs ont cherché à identifier les facteurs précoces qui auraient pu prédire ce diagnostic. Pour rappel, la démence est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé comme un terme générique englobant plusieurs maladies évolutives qui affectent la mémoire, les capacités cognitives et le comportement, altérant ainsi fortement la capacité à réaliser les activités quotidiennes. Les formes de démence les plus courantes sont la maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire. Bien que la démence touche principalement les personnes âgées, il est crucial de noter que, contrairement à une idée reçue, elle n’est pas une conséquence normale ou inévitable du vieillissement. L’OMS estime que plus de 55 millions de personnes dans le monde sont atteintes de démence chaque année, dont plus de 60 % dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. L’étude en question a commencé par un test de sensibilité visuelle : les participants devaient appuyer sur un bouton dès qu’ils percevaient un triangle se former dans un champ de points en mouvement. Il s’est avéré que les personnes qui allaient développer une démence étaient beaucoup plus lentes à détecter ce triangle que celles qui n’en seraient pas atteintes. Les chercheurs avancent l’hypothèse que les problèmes visuels pourraient être un indicateur précoce de déclin cognitif, car les plaques amyloïdes associées à la maladie d’Alzheimer peuvent d’abord affecter les zones du cerveau liées à la vision, avant de toucher les parties du cerveau responsables de la mémoire. Selon la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM), deux types de lésions distinctes sont observées dans le cerveau des malades d’Alzheimer : les plaques amyloïdes et la dégénérescence neurofibrillaire. Ces lésions sont présentes bien avant l’apparition des symptômes : environ 15 ans pour les plaques amyloïdes et 10 ans pour la protéine Tau. Outre ces dommages, d’autres aspects du traitement visuel sont affectés, comme la capacité de voir les contours des objets ou de discerner certaines couleurs, ce qui peut perturber la vie des patients sans qu’ils s’en aperçoivent immédiatement. Un autre signe précoce de la maladie d’Alzheimer est le déficit de « contrôle inhibiteur » des mouvements oculaires, où les stimuli distrayants captent plus facilement l’attention. Les personnes atteintes semblent avoir du mal à ignorer ces stimuli, ce qui peut se manifester par des difficultés à contrôler les mouvements oculaires, augmentant ainsi le risque d’accidents, notamment en voiture. Cette découverte pourrait avoir des implications significatives pour l’avenir du diagnostic de la démence. Cependant, les chercheurs soulignent que l’accès aux technologies de suivi oculaire, souvent coûteuses et complexes, reste un défi majeur. Pour l’instant, l’utilisation des mouvements oculaires comme outil de diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer n’est possible qu’en laboratoire. Des chercheurs de l’Université de Californie à San Diego proposent une solution basée sur une application smartphone utilisant une caméra infrarouge pour la reconnaissance faciale et une caméra classique pour suivre l’évolution de la taille de la pupille.

Neila M.

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