En Algérie, le secteur des soins corporels et cosmiques naturels connaît une dynamique sans précédent, portée par de jeunes universitaires qui associent savoir-faire scientifique et traditions artisanales. Ce marché prometteur, basé sur l’utilisation de plantes et d’huiles essentielles, attire un nombre croissant de consommateurs soucieux de revenir à des recettes ancestrales tout en valorisant des solutions respectueuses de l’environnement.
Samira Kessab, biologiste et entrepreneuse, illustre parfaitement cette évolution. Diplômée en sciences biologiques, elle a transformé son travail de fin d’études, centré sur l’extraction des huiles essentielles et végétales, en une activité florissante. Depuis 2021, sa marque propose des huiles essentielles pour soulager les migraines et douleurs musculaires, ainsi que des produits de bien-être et de soins capillaires. Samira mise sur une approche durable en prévoyant la création d’une pépinière de plantes aromatiques et médicinales pour préserver les ressources forestières locales.
De son côté, Nassima Kahoul, biochimiste et artisane depuis 2019, a puisé son inspiration dans une expérience personnelle. Face au cancer du sein de sa mère, elle a développé des crèmes hydratantes et des shampoings à base de plantes, aidant à réduire les effets secondaires de la chimiothérapie. Forte des encouragements de son entourage et de ses compétences académiques, Nassima a fondé sa propre entreprise, proposant aujourd’hui une gamme étendue de soins naturels adaptés aux besoins variés de ses clients.
De l’industrie pharmaceutique aux soins artisanaux
Amel Khalfi, pharmacienne et ancienne salariée de grandes firmes pharmaceutiques, s’est à son tour lancée dans l’artisanat pendant la pandémie de COVID-19. Aujourd’hui, elle conçoit des produits naturels pour traiter l’eczéma, le psoriasis et les irritations cutanées, tout en perpétuant des traditions familiales telles que la distillation artisanale de l’eau de rose. Parmi ses innovations figure un déodorant naturel à base d’eau de rose et des teintures capillaires à base de henné et d’huile de cade, offrant une alternative saine aux produits chimiques.
Avec une équipe de jeunes chimistes, Amel a élargi sa gamme pour inclure des gels-douche, shampoings, savons liquides et articles parapharmaceutiques. Tous ses produits, garantis sans parabène ni silicone et composés à 98% de matières naturelles, sont certifiés par l’institut Pasteur. Cette démarche lui permet de répondre à la demande croissante des consommateurs à la recherche de solutions écologiques et innovantes.
Un potentiel énorme pour l’industrie nationale
L’essor de ces jeunes entrepreneurs reflète la richesse végétale de l’Algérie. Selon la FAO, le pays abrite près de 1.800 plantes exploitables, dont 640 espèces rares, offrant un potentiel inestimable pour le développement de l’industrie des soins naturels. En alliant innovation scientifique et pratiques traditionnelles, ces universitaires contribuent à faire de l’Algérie un acteur majeur dans ce domaine, tout en valorisant son patrimoine naturel et culturel.
Avec une sensibilisation accrue aux bienfaits des produits naturels et une demande croissante sur le marché international, l’industrie cosmétique algérienne est en passe de devenir un secteur stratégique. Les initiatives de ces jeunes pionniers ouvrent la voie à une économie plus durable, plaçant l’Algérie au cœur des tendances mondiales de la beauté naturelle.
