Les sept raisons interdépendantes du processus inflationniste en Algérie qui menacent la cohésion sociale

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Seion Statisca International corrigeant légèrement  les données de l’ONS  entre 2014 et fin 2023, l’inflation en Algérie  a évolué ainsi : de 2014 à 2023 : 2014-2,92%, 2015 4,78%-2016 6,40%- 2017-5,59% – 2018 -4,27%- 2019- 5,60%- 2020- 6,70%- 2021-8,70% – 2022- 10,20% – 2023- 9,2%,  avec une relative stabilisation entre 5/6% pour le premier trimestre  2024, puis à nouveau une accélération depuis de mai septembre 2024 et sans les transferts sociaux environ 15% du budget de ’l’État en 2023 ( source loi des finances)  le taux d’inflation dépasserait largement  les 20%.

Pour le FMI après correction des données algériennes tenant compte des prix réels sur le marché de 1970 à fin 2023, la moyenne a été de 8,8% par an et durant cette période le taux d’inflation aurait été de 6969,61% où un bien de consommation qui coûtait 100 dinars en 1970, coûte 7069,01 dinars à fin décembre 2022. Il est à préciser que l’indice d’inflation de l’ONS n’a pas été réactualisé depuis 1971. Or, le besoin est historiquement daté, certains biens entre 2000/2024 ont connu une hausse entre 100% et 200% comme les pièces détachées et bien d’autres produits faute de prévisions et  d’une bonne régulation tenant compte de l’offre et de la demande . Aussi comprendre le processus inflationniste interne en Algérie implique, à la fois, de le relier à  l’inflation mondiale, aux équilibres macroéconomiques et macro- sociaux internes, selon une vision dynamique,  à la répartition du revenu par couches sociales, l’évolution des salaires et traitements  pour déterminer le réel  pouvoir d’achat.C’est un problème complexe où chaque gouvernement essaie de concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, qui ne touche pas seulement l’Algérie mais la majorité des pays comme en témoigne  les nombreuses revendications salariales à travers le monde. Pour l’Algérie je recense sept  raisons interdépendantes   du  processus inflationniste en Algérie.

La première raison est la faiblesse de la production et  productivité  interne et  la non proportionnalité entre la dépense publique et les impacts économiques et sociaux. L’économie algérienne est caractérisée par une désindustrialsiaiton, alors que ce secteur est un des facteurs déterminant de la croissance de l’économie nationale. La part de l’industrie dans le PIB et le PIB hors hydrocarbures (source officielle APS) est sur une courbe décroissante entre 1965/2023, 1965/1977 près de 13% du PIB, 11% entre 1985/1999 et 6,6% en 2000/2005 et, selon le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, le secteur industriel national en Algérie contribue fin 2023 à 4,1% du PIB (source APS – 12 mai 2024) : entreprises publiques et privées ne dépassent pas 15% en 2023 du taux d’intégration, donc dépendantes des importations via la rente des hydrocarbures à plus de 85% pour leur fonctionnement. Selon le premier Ministère, l’assainissement des entreprises publiques ont coûté au Trésor public, environ 250 milliards de dollars, durant les trente dernières années à fin 2020, dont plus de 90% sont revenues à la case de départ et plus de 65 milliards de dollars de réévaluation, les dix dernières années à fin 2020, faute de maîtrise de la gestion des  projets. Malgré des dépenses en devises importantes  entre 2000/2023 plus de 1100 milliards de dollars d’importations en biens et services  (sans compter les dépenses en dinars),   la croissance a été  en moyenne annuelle 2000/2022   alors qu’elle aurait dû dépasser 9/10% : mauvaise  gestion ou corruption ou les deux  à la fois ? . Les perspectives économiques de l’Algérie sont encourageantes, le FMI et la Banque mondiale révisant à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2023  à  4,2 % et pour 2024 tout dépendra selon le FMI du niveau du cours des hydrocarbures . Cependant  pour l‘Algérie, il faut d’une part pour assurer son équilibre budgétaire un cours du baril  de plus e 140 dollars  pour la loi de finances 2023, plus  de 150 pour celle de 2024 contre 110 pour celles de 2021/2022 ,le prix fiscal  et le prix du marché contenu dans les lois de finances 2023/2024 de  60/70 dollars étant simplement un  artifice comptable et  d’autre part,  un taux de croissance  de 8/9% par an sur plusieurs années pour pouvoir absorber le flux additionnel d’emploi d’environ 350.000/400.000/an qui s’ajoute au taux de chômage , estimé en 2023 par le FMI à  14%.   La deuxième raison  est l’accroissement de la population algérienne avec des besoins croissants a population algérienne qui a évoluée ainsi :– 1960 11,27, – 1970 14,69, -1980 19,47, -1990 26,24, -2010 à 37,06  et au 01 janvier 2024,  46 044 729 habitants avec un taux de croissance annuel de 1,42 %, l’Algérie représentant 0,569% de la population mondiale. (voir étude pour la présidence de la république sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul pour la révision salariale, Pression démographique, inflation et évolution salariale  (4 volumes 560 pages .2008) .  La troisième  raison, du fait de  la faiblesse de l’offre nationale, est l’inflation importée du fait de l’extériorisation de l’économie algérienne important près de 85% des biens d’équipement et des matières premières des entreprises et une  grande fraction des biens de consommation des ménages,  encore selon le FMI , l’inflation mondiale devrait régulièrement reculer, de 8,7 % en 2022 à 6,9 % en 2023, puis à 5,8 % en 2024, en raison du resserrement de la politique monétaire facilité par une baisse des cours internationaux des produits de base. L’Algérie est impactée  puisque   85% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées   dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%, proviennent de l’extérieur.  La sécurité alimentaire mondiale est  posée car outre les effets du réchauffement climatique, les prix des produits agricoles qui ont connu un prix élevé surtout depuis la crise en Ukraine.  Malgré une légère hausse des prix des céréales, selon la FAO, l’indice des prix mondiaux en 2023 ont  baissé  d’environ 10% par rapport à 2022 et l’indice des  prix des produits alimentaires  de 13,7%, mais assistant à une relative hausse en 2024, les tensions géostratégiques notamment en Mer rouge ( diminution du trafic par le canal de Suez de près de 40%)  où le coût du container  a été multiplié par  deux à trois selon les distances  entraînant   la hausse des prix des produits  importés.

La  quatrième  raison est l’accroissement du  déficit  budgétaire  qui , c’est une loi universelle applique à tous les pays, contribuant qui tend  à accélérer le processus inflationniste qui après une accalmie tend à s’accélérer depuis juillet 2024,  et par ricochet la valeur réelle du dinar: Pour la loi de 2024, le budget de l’Etat prévoit  des dépenses à 15.275,28 milliards DA en 2024  et des recettes de 9.105,3 milliards de DA, soit un le déficit budgétaire d’environ  46 milliards de dollars.  En effet, du fait de la baisse des recettes de Sonatrach par rapport à 2022, qui ont été de 60 milliards de dollars pour un cours moyen de 106 dollars le baril et 16 dollars le MBTU pour le gaz, avec une moyenne de 80 dollars pour l’année 2023 et 11/12 dollars le MBTU les recettes de Sonatrach ont été de  50 milliards de dollars et en incluant les exportations hors hydrocarbures -67% étant des dérivées d’hydrocarbures- d’environ 5 milliards de dollars en 2023 contre 7 en 2022, la recette totale d’exportation a été d’environ 55 milliards de dollars et pour 2024 les recettes de Sonatrach devrait se situer entre 48/50 milliards de dollars hypothèse de 75/80 dollars le baril moyenne annuelle.  Cette dépréciation  du dinar  officiel permet d’augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures (reconversion des exportations d’hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu’en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l’inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens, montant accentué par la taxe douanière s’appliquant à la valeur du dinar, supportée, en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l’entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité.

La cinquième raison, est  la dépréciation   du dinar. Le cours officiel du dinar algérien est passé (cours achat) en 1970 à 4,94 dinars 1 dollar,36 dinars un dolalr apres la cessation de paiement  entre 1993/1994 et els accords avec le FMI,  en 1980 à 5,03 dinars 1 dollar ; après la cessation de paiement  vers les années 1992/1993 une dévaluation drastique en 1994 de plus de 40%  cotant le dinar algérien à environ 36 dinars un dollar,  en 2001,   77, 26 dinars 1 dollar et 69,20 dinars un 1 euro- 2005,  73,36 dinars 1 dollar et 91,32 dinars 1 euro- 2010  74,31 dinars 1 dollar et 103,49 dinars 1 euro -2015 , 100,46 dinars 1 dollar et 111,44 dinars 1 euro- 2016 , 100,46 dinars 1 dollar et 111,44 dinars 1 euro -2017,  110,96 dinars  1 dollar et 125,31 dinars 1 euro – 2018,  116,62 dinars 1 dollar et 137,69 dinars 1 euro – 2019,  119,36 dinars 1 dollar et 133,71 dinars 1 euro – 2020, 128,31 dinars 1 dollar et 161,85 dinars 1 euro – 2021 , 134,03 dinars 1 dollar et 157,80 un euro- 2022, 140, 24 pour 1 dollar et 139,30, un dinar pour 1 euro- 2023,  du 21 au 25 septembre 2023 à 137,0471 dinars 1 dollar et 146,2567 un euro – le 12 mars 2024 , nous avons 134.3632 dinars un dollar  et , 146.8993  dinars un euro  et le 24 septembre 2024 l’euro se cote à  147,2087 dinars  à la vente et le dollar américain 132,4177  dinars. La dépréciation officielle du  permet d’atténuer le déficit budgétaire qui le FMI et en référence à  la loi de finances 2023 149 dollars le baril et pour 2024 supérieur à 150 dollars le baril /2024 ,  la loi de finances 2023, l’Algérie a besoin d’un baril de pétrole supérieur  de 150 dollars contre pour  2022 135 dollars  et pour l’exercice 2020/2021 et 100/109  dollars. Sur le marché parallèle, durant l’année 2011, il avait atteint une moyenne de 135 dinars 1 euro et  le 8 octobre 2022, la cotation est de 209 dinars  1 euro. Le  22 septembre 2022, l’euro s’échangeait à 227 dinars à l’achat et 229 dinars à la vente, le dollar américain à 210 dinars à l’achat et 212 dinars à la vente, soit un écart entre l’officiel et  le parallèle de près de 57%.  Le   07 mars 2024, nous avons un :  euro achat 238 dinars un euro, vente 240 dinars un euro-218 dinars un dollar américain  achat, vente 220 dinars –  Le 12 mars 2024, la monnaie continue  sa dépréciation et   un euro s’échange à 241,5 dinars vente  au niveau du Square Port Saïd à Alger  et  un  dollar   à 223 dinars. Entre les  18/20 septembre 2024, l’euro s’échange à 146.79 dinars algériens à l’achat et à 146.82 dinars à la vente  et le 24 septembre 2024 un nouveau record historique, pour 100 euros à l’achat , la cotation est de  24.900 dinars,  s’orientant vers 250 dinars un euro. La  dépréciation officielle  du dinar permet d’augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures (reconversion des exportations d’hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu’en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l’inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens finis, le  taux douanier  s’appliquant à la valeur du dinar, supportée, en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l’entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité. La sixième raison, est  l’importance de la sphère informelle produit de la faiblesse de l’offre avec des restrictions aux importations sans ciblage et  la désorganisation des circuits  de distribution  Pour la Banque d‘Algérie dans sa note de conjoncture de février 2024 indique que la circulation fiduciaire hors banques représente 33,35% de la masse monétaire globale en Algérie, soit quelque 7395 milliards de dinars à fin septembre 2022, contre 6712 milliards de dinars à fin décembre 2021, au cours de 137 dinars un dollar   53,98 milliards de dollars,  reflétant un état de sous-bancarisation où des entrepreneurs, gros commerçants , ménages et autres intermédiaires préfèrent le cash pour moins de traçabilité et surtout pour mieux échapper au fisc alors que dans les pays développés les plus bancarisés, la part de la circulation fiduciaire ne dépasse guère les seuils de 4 à 5% de la masse monétaire globale . Le  marché informel dans le commerce dominant  fait  que  bon nombre de produits non subventionnées ont tendance à s’aligner sur le cours du marché parallèle  La finance islamique n’a pu drainer fin 2023 que moins de 8% du montant global de la sphère informelle , donc un résultat mitigé  en n’oubliant jamais que tout agent économique, opérateur ou ménage guidé par la seule logique du profit, n’existant pas de nationalisme et de sentiments dans la pratique des affaires ( voir étude sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul- Institut Français des Relations internationales IFRI Paris « ,les enjeux stratégiques de la sphère informelle -2013-reproduite en synthèse réactualisée dans la revue Stratégie IMDEP du ministère de la défense nationale octobre 2019). La sphère informelle est amplifiée par  la fraude fiscale et la corruption à travers les surfacturations, les trafics aux frontières des marchandises subventionnées, qui se répercutent sur le prix final des biens et accroît le processus inflationniste. La septième raison est la fraude fiscale  et la  corruption  , les trafics aux frontières des marchandises subventionnées,  qui se répercutent sur le prix final des biens et accroît le processus inflationniste. La directrice générale des Impôts le 04 avril 2023  a fait état de 6000 milliards de dinars d’impôts non recouvrés soit au cours de 137 dinars un dollar 43,79  milliards de dollars. Pour les  transferts illicites de capitaux à l’étranger,  selon les données du FMI, les entrées en devises entre 2000/2023 sont estimées, approximativement, à plus  de 1100 milliards de dollars avec une importation de biens et services de plus de 1030 milliards de dollars le solde étant les réserves de change. Et qu’en est- il des surfacturations , montant difficile à récupérer  soit placés dans des paradis fiscaux ou par des  personnes de nationalités étrangères, si on applique un taux variant entre 10/15% ?

En conclusion, le cadre macro-économique est  relativement stabilité grâce aux recettes des hydrocarbures,  les réserves de change  fin 2023 sont estimées à 70 milliards de dollars,  83 avec les réserves d’or  de 173 tonnes, et une dette extérieure inférieure à 1,6% du PIB. Pour  parer au  processus inflationniste  il a été prévu une augmentation de 4.470 dinars qui touche  2,8 millions de fonctionnaires et contractuels avec une  incidence financière   de 340 milliards de dinars,  la masse salariale globale étant  estimée à  4.629 milliards de dinars , soit  18,44 milliards de dollars , représentant  47,39% du budget de fonctionnement .pour 2023   Il y a eu également   y a eu  l’exonération de l’IRG (Impôt sur le revenu global) de tous les salaires de moins de 30.000 dinars ayant bénéfice selon l’APS  à 6,5 millions de citoyens. Outre l’allocation chômage , depuis sa mise en œuvre le 25 février 2022, a permis à de nombreux bénéficiaires de profiter d’un soutien financier à hauteur de 15 000 dinars mois, où  le Ministère du travail ( source APS)  a fait  état de 2 350 000 bénéficiaires en 2023, soit pour une population active  d’environ 13 millions, un taux de chômage officiel à cette date, de  18%, l’État ayant  alloué un budget  de 457,47 milliards de dinars.. Par ailleurs,  le gouvernement a consacré en 2023  environ 5000 milliards de dinars aux transferts sociaux  soit au cours de 134 dinars un   dollar, 37,31 milliards de dollars.  Mais des subventions non ciblées sont  injustes, celui qui perçoit 200.000 dinars par mois bénéficiant au même titre que celui qui perçoit 20.000/300.000 dinars et plus . Attention à la vision populiste : doubler les salaires sans contreparties productives entraînera une dérive inflationniste qui pénaliserait les couches les plus défavorisées, l‘inflation jouant comme distributeur au profit des revenus spéculatifs Aussi, ces mesures conjoncturelles ne peuvent   être que transitoire d’où l’urgence d’ une planification  stratégique par la relance économique  2024/2025/2030 conditionnée par la lutte contre le terrorisme bureaucratique qui étouffe les énergies créatrices. La structure des sociétés modernes s’est bâtie d’abord sur des valeurs et une morale, comme nous l’ont enseigné les grands penseurs dont le grand sociologue Ibn Khaldoun qui, dans son cycle des civilisations, montre clairement que lorsque l’immoralité atteint les dirigeants qui gouvernent la Cité c’est la décadence de toute société.

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