Il y a lieu d’analyser les impacts des décisions récentes des taxes douanières du président Trump concernant 18O pays et pour l’Algérie qui était jusque-là de 18,9 %, passant à 30%, ce qui aura un impact directement et indirectement sur l’économie algérienne fortement dépendante de la rente des hydrocarbures en rappelant que l’Algérie taxe déjà certains produits américains à hauteur entre de 5O/59% et pour préserver ses réserves de change et protéger sa production nationale entre 2O2O/2O24 a lourdement taxé certains produits étrangers, comme elle a mis en place des tarifs préférentiels pour certains pays dans le cadre d’accords réciproques.
En rappelant que vers les années 2OO4, les échanges commerciaux bilatéraux, étaient environ 8,5 milliards de dollars, et depuis avec la production de pétrole et de gaz de schiste , selon l’ambassade des USA à Alger le volume des investissements directs a triplé étant estimé en 2O23 à 6 milliards de dollars et en 2O24 selon le FMI les échanges ont atteint 3,5 milliards de dollars.
Les importations en provenance des USA en 2O24 ont été de 1 milliard de dollars et l’Algérie a exporté vers les États-Unis pour 2,5 milliards de dollars de biens composé essentiellement d’hydrocarbures- produits pétroliers raffinés ou bruts, des engrais azotés, très accessoirement le ciment, certains produits sidérurgiques et agricoles. Avec ces surtaxes, à moins d’un accroissement proportionnel de la productivité interne, ces produits peuvent n’être plus compétitifs par rapport aux autres pays qui ont eu un taux largement inférieur.
En attendant de plus amples précisions, cependant, selon le Figaro fr du 05 avril 2O25 , certains biens sont toutefois exemptés de cette surtaxe douanière, à savoir le pétrole, le gaz, le cuivre, l’or, l’argent, le palladium, le bois de construction, les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques et les minéraux introuvables sur le sol américain. L’acier, l’aluminium et les voitures importées ne sont pas non plus concernés, car ils sont déjà visés par un taux de 25% de taxes douanières. Si cette nouvelle se confirme, l’impact est limité sur les exportations d’hydrocarbures en direction des USA environ 2/ 2,2 milliards de dollars pour 2O24 soit entre 4/ 5% du volume total de Sonatrach, mais impactant les exportations hors hydrocarbures. Dans le cas où cela toucherait les hydrocarbures , contraire les exportations algériennes ne seront pas concurrentiels du fait que d’autres pays pétroliers ont eu une taxe beaucoup plus faible
Mais le plus grand impact pour l’Algérie et la majorité des pays mono exportateurs d’hydrocarbures brut et semi brut de ces taxes douanières est sur la détermination du cours des hydrocarbures et l’impact d’une baisse de la valeur du dollar, (les produits hydrocarbures étant majoritairement libellées en dollars , diminuant le pouvoir d’achat de la partie réserves de change libellée en dollars), qui est la décroissance de l’économie mondiale .
Et ce comme le montre la panique des places boursières Toutes qui le 04 avril 2O25 étaient majoritairement dans le rouge vendredi : Wall Street le S&P 500 comme le Nasdaq ont reculé de près de 6 %. Paris et Berlin à – 4,26 % et – 4,66 % et la Bourse italienne lâchait plus de 6,53%. Cela a eu un impact sur le cours des hydrocarbures où en plus de l’annonce de ces taxes , avec l’augmentation de la production de l’OPEP+ , le cours du pétrole a été coté le 04 avril 2O25 à 65,58 dollars pour le Brent et 61,99 dollars pour le Wit, une baisse de près de 8/1O dollars en référence au mois de février :mars 2O25 et le prix du gaz représentant plus de 35% des recettes en devises de l’Algérie après avoir dépassé 5O euros , le prix du MWh de gaz en France sur le marché PEG est de 33.048 €/MWh pour le contrat année 2026, alors qu’il s’élevait à 43.863 €/MWh le 11/02/2025 pour le même contrat futur.
Il faut être réaliste, l’Algérie devant être très attentive à tous ces impacts car, les recettes de Sonatrach représentant l’essentiel des recettes en devises sont passées de 6O milliards de dollars en 2O22, à 5O en 2O23 , des estimations provisoires entre 43/44 milliards de dollars pour 2O24 pour un cours moyen de 75 dollars. Qu’en sera-t-il si le cours moyen pour 2O25 est inférieur à 7O dollars, le déficit budgétaire, source d’inflation, prévu pour 2O25 étant déjà très élevé étant estimé par la loi de finances 2O25 à 61,72 milliards de dollars au cours actuel . Cette dépendance vis-à-vis de la rente des hydrocarbures est d’autant plus inquiétante pour plusieurs raisons :
-Les banques commerciales et d’investissement opèrent non plus à partir d’une épargne puisée du marché, mais par les avances récurrentes (tirage et réescompte) auprès de la Banque d’Algérie et les entreprises publiques déficitaires sont refinancées par le Trésor toujours via les recettes de Sonatrach. Cet assainissement a coûté 250 milliards de dollars durant les trente dernières années à fin 2O2O ( source APS) et cela a continué entre 2O21/2O24 via toujours la rente des hydrocarbures
– la technique de triangularisation de la matrice du produit intérieur brut PIB d montre clairement que majorité des entreprises privées et publiques, que ce soit pour leur investissement ou leur exploitation courante, sont entièrement dépendantes de la «monnaie hydrocarbures » et que le taux de croissance via la dépense publique qui influe sur le taux d’emploi et donc sur le taux de chômage dépendant de cette rente
– elle permet l’allocation chômage, une généreuse politique généreuse des transferts sociaux comme tampon social mais mal ciblées et injuste, bénéficiant à toutes les catégories sociales, évaluées pour 2O23 et 2O24 à plus de 5OOO milliards de dinars soit au cours actuel 37,32 milliards de dollars ainsi que l’augmentation de la prochaine l’allocation touristique évaluée à 4 milliards de dollars /an selon la déclaration du Ministère des Finances en date du 3O mars 2O25
– elle permet 98% des recettes en devises y compris les dérivées d’hydrocarbures inclus dans la rubrique hors hydrocarburée pour près de 65/7O% évalués à 6,9 milliards de dollars en 2O22, 5, O1 en 2O23 et selon les premières estimations du premier semestre 2O24 par l’ONS allant vers 4,3 milliards de dollars en 2O24 et par ricochet les réserves de change estimées à plus de 7O milliards de dollars fin 2O24.
Pour son efficacité , la réforme du système financier doit s’inscrire d’une manière générale s’inscrire au sein de la réforme de l’éco- système et supposant une panification stratégique tenant compte tant des mutations internes qu’internationales. Toute démarche opérationnelle doit partir du général pour revenir au particulier afin de proposer des solutions concrètes aux problèmes multidimensionnels auxquels est confronté le pays durant cette étape décisive, les tactiques devant s’insérer dans le cadre d’une vision stratégique à moyen et long terme. Faute de planification et de cohérence dans la démarche globale, la confusion des rôles joue comme vecteur de blocage dans la mesure où la forme d’organisation ne fait que traduire les objectifs ou les non objectifs qui ont un soubassement politique.De profondes réformes structurelles s’imposent pour résister à la fois aux nouvelles mutations géostratégiques et aux aléas de la conjoncture internationales dont la réforme des institutions, du système socio-éducatif , du foncier et du système financier dans sa globalité – banques, fiscalité, domaines, douanes et afin d’améliorer la gouvernance et de dynamiser le tissu productif.
En conclusion, pour l’équilibre budgétaire ,le niveau du baril selon les rapports du FMI et de la Banque mondiale en référence aux lois de finances 2O24/2O25 devrait se situer entre 125/12O dollars le baril selon les lois de finances 2O24/2O25 , en cas d’un baril tournant entre 55/65 dollars , il y a risque de puiser dans les réserves de change à moins d’un afflux massif des IDE et d’un accroissement substantiel du volume exportable mais tributaire de profondes réformes structurelles afin de s’adapter aux nouvelles mutations géostratégique sécuritaires et économiques et aux aléas de la conjoncture internationale. L’objectif de la réforme globale (symbiose entre efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale) est de redonner confiance à la population algérienne, condition de sa mobilisation pour relever les nombreux défis.