Les fantasmes de Sansal

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L’écrivain Boualem Sansal récidive cette fois dans un magazine français d’extrême-droite, Valeurs actuelles où il dresse un tableau des plus sombres de son pays. «Les Algériens sont les rois de la débrouille, ils habitent des bidonvilles, mangent des pierres, sucent des racines, se lavent avec du sable, mais réussissent à garder en eux la flamme de l’espoir. On la trouve dans la drogue ou dans la religion…» Voilà donc qu’on est ramenés à vivre du temps de l’homme des cavernes ! Comment peut-on à ce point donner une image négative de son propre pays, de plus à l’ancien colonisateur ? Nous n’avons jamais soutenu que l’Algérie est un Eden où il fait bon vivre et nous savons tous les problèmes auxquels sont confrontés les citoyens, la cherté de la vie l’inflation, les harraga, le chômage, le manque de perspectives pour la jeunesse… mais de là à décrire le pays comme un enfer, c’est forcément pour plaire à son employeur, à savoir le magazine sulfureux qui a donc sollicité un écrivain connu pour ses positions très ambiguës sur son propre pays. Aujourd’hui, il est de bon ton de «casser de l’Algérie» pour plaire dans l’outremer et se voir ouvrir les portes de l’édition et des médias. Et il convient de constater la terrible régression de nos intellectuels confinés à insulter leur pays pour être dans les bonnes grâces de l’intelligentsia parisienne. Que ce soit Sansal, Daoud, Khadra, nous sommes loin et en rupture d’avec les Kateb Yacine, Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, patriotes jusqu’au bout et fustigeant l’oppresseur dans son propre territoire. L’heure est désormais au marketing littéraire et on soigne plus sa carrière que son attachement à la mère-patrie. Quitte à trahir la cause palestinienne, à travestir la guerre de libération réduite à un conflit entre deux extrémismes (n’est-ce pas ce que véhicule «Ce que le jour doit à la nuit» de Yasmina Khadra ?) ou carrément renier ses propres racines comme le fait avec art Sansal ? Que ne ferait-on pas pour une distinction littéraire !