Les enjeux géostratégiques mondiaux, avec le risque de conflits, de la pénurie d’eau douce

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An earthquake survivor drinks water from a well in Port-au-Prince in this October 30, 2010 file photo. Picture taken October 30, 2010. To match CLIMATECHANGE-SUMMIT/CHINA-WATER REUTERS/Eduardo Munoz/Files (HAITI - Tags: DISASTER HEALTH SOCIETY POVERTY)

Selon les études du Groupe intergouvernemental d’experts des Nations unies sur l’évolution du climat, de l’Institut international pour la gestion de l’eau, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et de l’Unesco, soixante-dix pour cent de la surface de la Terre est recouverte d’eau, mais 97,5% de cette eau est de l’eau salée.

Des 2,5% restants d’eau douce, 68,7% est gelé dans les calottes glaciaires et les glaciers. Cela concerne tous les continents, dont l’Afrique  continent  glissant  vers la semi-aridité  avec les risques de désertification restent très élevés. Une étude de l’ONU prévoit une sécheresse de grande ampleur entre 2025/2030 qui aura des répercussions économiques et sociales. Pour l’Algérie , l’état-major de l’ANP/MDN dans plusieurs rencontres présidé par  le chef d’Etat-major de l’NAP reproduites dans la  revue du Ministère  de la  défense nationale  Al Djeich  entre 2020/2023 a mis en relief les enjeux géostratégiques  et mis en garde contre de   pénurie d’eau  touchant la majorité des continents et notamment l’Afrique dont le Maghreb et les récents évènements, tensions sur l’eau dans bon nombre de régions,  ont confirmé ces prévisions

1 – A l’échelle de la planète, on estime qu’environ 40 000 km3 d’eau douce s’écoulent chaque année sur les terres émergées, lesquels, partagés où en  2018  la population mondiale était estimée, selon l’ONU et la Banque Mondiale de 7 570 457 268 habitants et plus  de  8 milliards depuis janvier 20241, , devant  fournir 5700 m3 d’eau douce à chacun soit près de 16 000 litres d’eau par jour. C’est que  plus d’un tiers de l’humanité soit plus de 2 milliards d’habitants survivent avec moins de 5 litres d’eau par jour, moins de 1700 litres par an (1.7 m3), c’est ce qu’on appelle le «stress hydrique» concentré en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Selon l’ONU, au taux actuel de croissance de la population et de ses besoins en eau douce, entre 2025/2030  la quantité moyenne d’eau douce disponible devrait chuter de 6600 à 4800 m3 par habitant et par an, soit une réduction de près d’un tiers. A cette date, les experts estiment que 5 fois plus d’habitants qu’aujourd’hui seront touchés par la pénurie d’eau  Cela présage des conditions naturelles singulièrement plus difficiles qu’aujourd’hui, dont les conséquences commencent à se faire sentir dans beaucoup de régions Nous sommes largement en dessous de ce quota  bien que réserves d’eau douce sont théoriquement globalement suffisantes pour répondre à l’ensemble des besoins s’il y avait une répartition égalitaire et une utilisation rationnelle de cette ressource avec la forte pression démographique qui a fait sue  que  la surface totale des terres irriguées a été multipliée par cinq depuis le début du XXe siècle,  principalement en Asie (Chine, Inde, Pakistan)  Comment ne pas rappeler qu’environ 1500 litres d’eau douce sont aujourd’hui nécessaires pour la récolte d’un seul kilogramme de blé alors que 80% des nouveaux besoins alimentaires planétaires, induits par la croissance démographique d’ici à l’an 2030, devront être satisfaits par l’agriculture irriguée qui monopolise déjà 70% des potentialités hydriques mondiales du tourisme, de l’industrie et de l’irrigation. Avec le réchauffement climatique, l’atmosphère présente une modification importante dans la distribution géographique de la  forte  température globale, pouvant entraîner une nouvelle répartition des climats de la planète, la température risquant  de diminuer dans une région et augmenter dans une autre avec résultat une hausse ou une baisse des chutes de pluies. Ainsi les zones humides peuvent connaître des inondations catastrophiques par suite de l’intensification des pluies  Les  zones arides et semi-arides risquent de subir le phénomène de désertification à cause de la raréfaction des pluies. Au plan mondial, la question de l’approvisionnement en eau devient chaque jour plus préoccupante, mettant  gravement en péril le ravitaillement en eau douce d’une grande partie de l’humanité  Mais fait important, il existe une répartition inégalitaire de la population humaine sur Terre et des ressources en eau,  mal répartie et  inégalement exploitée. Ainsi, selon les études de l’ONU, l’Asie concentre 60% de la population humaine, mais ne dispose que de 30% des réserves en eau disponibles. Les régions arides qui reçoivent moins de 250 mm d’eau par an couvrent près de 20% des terres émergées et 1/5e des continents ne dispose d’aucune ressource propre en eaux fluviales. La consommation d’eau croît avec le niveau de vie des populations, les nombreux équipements qui apparaissent dans les foyers facilitant l’usage de l’eau. Ainsi, les Européens consomment aujourd’hui 8 fois plus d’eau douce que leurs grands-parents pour leur usage quotidien. Un habitant de Sydney par exemple consomme en moyenne plus de 1000 litres d’eau potable par jour, un Américain de 300 à 400 litres, et un Européen de 100 à 200 litres alors que dans certains pays en développement, la consommation moyenne par habitant ne dépasse pas quelques litres. En moyenne, si un Tunisien se contente de 100 m3 d’eau par an, un Français en consomme cinq fois plus, soit 1400 litres par jour. Comme il existe des modalités opératoires différentes dans l’usage de l’eau. Ainsi, selon l’ONU, la Grande-Bretagne consacre 27% de son eau aux besoins domestiques, 71% à ses industries et seulement 2% à son agriculture, et l’Inde 2% pour ses besoins domestiques, 2% pour son industrie et 96% pour son agriculture. Si parallèlement la tendance actuelle à l’augmentation des prélèvements en eau se poursuit, environ   les deux tiers de l’humanité devraient être en situation dite de stress hydrique en 2025, seuil d’alerte retenu par l’Organisation des Nations unies (ONU) et correspondant à moins de 1700 mètres cubes d’eau douce disponible par habitant et par an. Aujourd’hui, déjà un habitant sur cinq n’y a pas accès.  Or, selon l’ONU, sur les 33 mégapoles de plus de 8 millions d’habitants qui existeront dans 15 ans, 27 seront situées dans les pays les moins développés et donc les moins à même de pouvoir répondre aux besoins. Par ailleurs, le risque d’une pénurie d’eau douce existe donc bel et bien et l’ un des problèmes majeurs en matière d’eau douce et d’alimentation humaine est posé par l’irrigation  Car pour nourrir toute la population de notre planète, la productivité agricole devrait fortement augmenter, alors que l’irrigation absorbe déjà aujourd’hui 70% des prélèvements mondiaux, une consommation jugée très excessive, celle-ci devrait encore augmenter de 17% au cours des 20 prochaines années. D’où l’importance d’utiliser d’autres techniques d’irrigation plus appropriée comme le goutte à goutte car le facteur déterminant de l’approvisionnement futur en eau douce sera le taux d’expansion de l’irrigation. Autrement dit, seule une nette amélioration de la gestion globale de l’irrigation permettra  réellement de  maîtriser la croissance de la consommation.

2 – Avoir accès à l’eau est devenu un enjeu économique et géostratégique, voire militaire à l’échelle planétaire et les récents évènements des tensions Russie/Ukraine montrent tous les enjeux de la sécurité alimentaire. Selon l’Organisme mondial de la Santé en 2022, 50% des cas de sous-nutrition chez les enfants sont dus à la consommation d’eau non potable et plus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès à des services d’assainissement sûrs.  Il y a risque de de tensions sociales internes  et des conflits mondiaux pour le contrôle de l’or bleu  Plus de 40% de la population mondiale est établie dans les 250 bassins fluviaux transfrontaliers du globe où ces populations doivent partager leurs ressources en eau avec les habitants d’un pays voisin. Or, une telle situation peut être à l’origine de conflits récurrents, notamment lorsqu’un cours d’eau traverse une frontière, car l’eau devient alors un véritable instrument de pouvoir aux mains du pays situé en amont. Aujourd’hui, les contentieux à propos de l’eau sont nombreux à travers le monde, notamment au Nord et au Sud de l’Afrique, au Proche-Orient, en Amérique centrale, au Canada et dans l’Ouest des États-Unis. Au Moyen-Orient des tensions peuvent s’accélérer. Au Proche-Orient, selon l’ONU, une dizaine de foyers de tensions existent. Ainsi l’Égypte, entièrement tributaire du Nil pour ses ressources en eau, doit néanmoins partager celles-ci avec dix autres États du bassin du Nil : notamment avec l’Éthiopie où le Nil bleu prend sa source, et avec le Soudan où le fleuve serpente avant de déboucher sur le territoire égyptien. Quant à l’Irak et à la Syrie, ils sont tous deux à la merci de la Turquie, où les deux fleuves qui les alimentent, le Tigre et l’Euphrate, prennent leur source. Grâce aux nombreux barrages qu’elle a érigés sur le cours supérieur du fleuve, la Turquie régule le débit en aval. Autre point névralgique,  l’Asie du Sud-Est, qui pourrait bien devenir une poudrière où le nord-est de la Chine recèle seulement 15% des ressources en eau du pays pour 45% de sa population totale. D’où les projets du gouvernement pour pomper l’eau au sud afin de l’acheminer au nord-est grâce à de grands projets de canaux de dérivations   Le premier à l’est de la Chine où un grand canal puisant son eau dans le fleuve Bleu pour l’acheminer vers la région de Pékin, le second étant dérivation au centre. Mais c’est le   troisième projet qui peut être source de tensions notamment avec l’Inde, le Bangladesh, voire le Pakistan. Puisqu’il concerne directement les fleuves prenant leur source dans les contreforts tibétains de l’Himalaya , expliquant  que la Chine entend garder la main sur la région du Tibet, le «château d’eau de l’Asie» où  l’Indus, le Gange, le Brahmapoutre et le Mékong  qui y ont leur source afin de  puiser ou dériver l’eau de ces fleuves. Toujours en Asie où est concentrée la plus grande fraction de la population mondiale , le partage des eaux du Brahmapoutre apparaît comme l’une des sources de conflit potentiel entre la Chine, le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam. Aussi, le   défi majeur du XXIe siècle en matière d’eau sera donc vraiment d’assurer la rentabilité de la gestion de l’eau, tout en garantissant aux plus pauvres le droit d’accéder à cette ressource vitale. D’énormes investissements seront donc nécessaires pour moderniser l’existant et créer de nouveaux équipements (usines de production, réseaux de distribution, stations d’assainissement), mais aussi pour développer de nouveaux systèmes d’irrigation. Ces investissements ont été évalués par le Conseil mondial de l’eau à 180 milliards de dollars par an pour les 25 prochaines années, contre 75 milliards de dollars actuellement investis chaque année.  D’où l’importance d’institutions internationales de régulation et d’un marché mondial de l’eau régulé, évitant un calcul monétaire de rentabilité immédiate. Ce seront donc les décisions politiques, au niveau national et international et des agences de financement, qui joueront un rôle déterminant dans la gestion future du risque de pénurie d’eau douce. Pour l’Afrique, des actions coordonnées doivent être mises en œuvre pour éviter des tensions futures essentiellement au nombre de quatre Premièrement la réduction de l’envasement des barrages qui pour de nombreux pays comme devient préoccupant. Deuxièmement, le traitement approprié des eaux usées qui nécessitent la maîtrise technologique. Troisièmement, une lutte contre le gaspillage, où  globalement, seuls 55% des prélèvements en eau sont réellement consommés, les 45% restants étant perdus surtout en cas de fortes précipitations se déversant  sur la mer pour les pays côtiers  et détruisant la couche arable . Dans certaines grandes villes d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine comme Le Caire ou Mexico, jusqu’à 70% de l’eau distribuée est perdue par fuite dans les réseaux. Certaines nappes, qui pourtant ne se renouvellent plus ou quasiment plus à l’échelle humaine, sont exploitées faute de vision stratégique à long terme  sont fortement exploitées, notamment à des fins  de consommation et d’irrigation, ce qui risque à terme leur assèchement . Quatrième mesure, est le développement des projets de dessalement d’eau. Mais l’on devra protéger l’environnement en évitant que les déchets chimiques se déversent sur la mer et  utiliser les énergies renouvelables car ces unités demandent  une forte consommation de gaz traditionnel, pouvant à court terme combiner le gaz et le solaire. Cette opération, est financièrement coûteuse, mais comme dit l’adage l’’eau na pas de prix,  devant avoir  une production à grande échelle afin de diminuer à moyen terme les coûts,  le prix du mètre cube d’eau  actuellement étant excessivement cher et une des solutions est une politique des prix appropriée afin d’éviter le gaspillage de cette ressource rare.

En conclusion, selon les rapports des Nations Unies l’augmentation des températures modifie les précipitations à l’échelle régionale et mondiale, et, partant, le régime des pluies et celui des saisons agricoles, ce qui a des répercussions majeures sur la sécurité alimentaire, la santé et le bien-être des populations. D’où l’importance d’ adopter des politiques coordonnées sur l’eau et le climat, afin de parer aux  aléas hydrologiques, tels que les inondations et les sécheresses , le stress hydrique étant aggravé par la croissance démographique et la diminution des ressources disponibles. 

A.M

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