Les enjeux géopolitiques et économiques de la réunion des BRICS du 22 au 24 août 2023 en Afrique du Sud: Éviter les utopies du passé

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Le prochain sommet, le quinzième des BRICS, est prévu du 22 au 24 août 2023 en Afrique du Sud qui exerce la présidence tournante où sera décidé l’élargissement à de nouveaux membres, soit comme membres soit comme observateurs. Selon nos informations, contrairement à certaines supputations des réseaux sociaux, aucune décision n’a été prise.

L’on devra éviter du fait des systèmes politiques et économiques différents des cinq pays des BRICS de privilégier l’idéologie et le politique, ce qui ne pourrait qu’ entraîner des divergences, voire une dislocation des BRICS mais des critères économiques et sociaux objectifs avec un système de pondération, selon le PIB avec la structure des importations et exportations et les destinations par zones géographiques le PIB par tête d’habitant tenant compte de la pression démographique, le classement de l’Indice du développement humain du PNUD, les réserves de change et le niveau de l’endettement et pour l’ équilibre régional, des candidats par grands continents (voir le professeur Abderrahmane Mebtoul 21 juillet 2023 Dakar/Paris Financial Afrik). La puissance et les impacts dans les relations internationales se mesurant au poids de l’économie d’où l’importance de la stratégie future de la nouvelle banque de développement (NBD), ou banque des BRICS. Pour l’Algérie qui a déposé sa candidature au niveau des BRICS, il faut les erreurs du passé où certains soi-disant experts ayant induit en erreur les autorités du pays espérant avec des louanges contraires à la réalité sociale obtenir une rente, contreproductif pour le pays, les institutions internationales connaissant parfaitement la situation économique du pays. Pour preuve irréfutable, en ce mois de fin juillet 2023, les exportations des hydrocarbures y compris les dérivées comptabilisés dans la rubrique hors hydrocarbures représentant selon les données officielles 60/65% de la rubrique hors hydrocarbures, des recettes en devises de l’Algérie pour 98%. Si l’on inclut le ciment, le rond à béton dominant dans les matériaux de construction, les exportations étant des semi-produits à faible valeur ajoutée et bénéficiant d’importantes subventions dont le prix du gaz à environ 10/20% du prix international) nous avons un taux de 80,60% restant aux autres produits 19,40%. Il faut seulement un discours de vérité, ni dénigrement, l’Algérie étant un pays à fortes potentialités et tout ce qui a été réalisé depuis des décennies n’est pas totalement négatif, ni autosatisfaction source de névrose collective comme cette déclaration récente d’un haut responsable, avec l’impact négatif du réchauffement climatique, que l’Algérie serait prochainement serait le premier exportateur vers l’Afrique, oubliant la Chine, l’Europe, les USA et d’autres émergents.

I – Quelques indicateurs économiques

Le PIB des BRICS et des pays postulant soit en tant que membre ou observateur est le suivant par ordre décroissant (source -synthèse – Pr Mebtoul Banque mondiale) : 1 -La Chine 19911 milliards de dollars pour un 1,41 milliard d’habitant ; 2 – L’Inde 3534 pour 1,428 milliard d’habitants le plus peuplé du monde ; 3 -Le Brésil 1833, pour 219 millions d’habitants 4. -la Russie 1829 pour 146 millions d’habitants; 5 -l’Afrique du Sud 420 milliards de dollars pour 61,5 millions d’habitants. Dix-neuf pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre les BRICS dont 13 ont officiellement déposé des demandes d’adhésion au groupe, soit comme membre ou observateur a annoncé l’ambassadeur de l’Afrique du Sud le 26 avril 2023, au sein du groupe BRICS, Anil Sooklal, dans un entretien avec l’agence américaine Bloomberg. Nous avons selon les différentes informations pour 15 pays postulants en tant que membre ou observateur, par ordre décroissant le PIB suivant qui traduit la création de richesses :

1 – La Corée du Sud 1804 milliards de dollars de PIB pour 52 millions d’habitants ; 2 – le Mexique 1322 pour 127 millions d’habitants; 3 -l’Indonésie 1289 pour 275 millions d’habitants; 4. – L’Arabie Saoudite 833 pour 38 millions d’habitants ; 5 – la Turquie 815 pour 89 millions d’habitants ; 6 – Emiraties 507 pour 9,36 millions d’habitants; 7 – L’Argentine 491 pour 47 millions d’habitants ; 8 – le Nigeria 441 pour millions 224 millions d’habitants ; 9 – Bangladesh 460, 169 millions d’habitant ; 10 – l’Egypte 404 pour 109 millions d’habitants; 11 – le Vietnam 363 pour 99 millions d’habitants ; 12 – l’Iran 360 pour 85 millions d’habitants; 13 – les Philippines 345 pour 114 millions d’habitants ; 14 – l’ Algérie 193 milliards de dollars de PIB pour 45 millions d’habitants ; 15 – Éthiopie 113 milliard de PIB avec 120 millions d’habitants. Pour le PIB par tête d’habitant ((source -synthèse Pr Mebtoul FMI), bien que ne tenant pas compte de la répartition du revenu national par couches sociales. Si l’on prend les données du FMI pour 2021 données qui diffèrent légèrement de celles de la Banque mondiale, pour les cinq pays du BRICS nous avons par ordre décroissant : 1 – Brésil 16594 dollars par tête d’habitant ; 2 -Russie 11 327 3 – Chine 9608; 4 -Afrique du Sud 6377 5 – Inde 2036 Pour les autres candidats postulant en tant que membre ou observateur nous avons par ordre décroissant en dollars courants (source FMI) : 1- Emirates 43517 dollars par tête d’habitant ; 2 -la Corée du Sud 35195 3 – l’Arabie saoudite 23 566 ; 4 -l’Argentine 11627 5 – la Turquie 9346 6 – le Mexique 9807 ; 7 -l’Iran . 5491 8 – l’Indonésie 3871 9 – l’ Algérie 3619. 10 – les Philippines 3104 11 – l’Egypte 2573- 12 – le Vietnam 2551 13 -Bangladesh 2734 14 -Le Nigeria 2049 15 – Éthiopie 853. Pour l’indice du développement humain du PNUD, qui prend outre le PIB, le niveau de l’éducation, de la santé et récemment la protection de l’environnement. Pour les cinq pays du BRIC, sur 189 pays recensés nous avons : 1 -Russie 54e, note 0,822.-Chine 79e position , note de 0,763 -Brésil 87e position, note 0,754; 4 -Afrique du Sud 109e position, note 0,71

5 – Inde 132e position , note 0,63. Pour les autres candidats postulant en tant que membre ou observateur nous avons par ordre décroissant en dollars courants les réserves de change suivant (source synthèse Pr A. Mebtoul -rapport PNUD 2022) donnant les résultats pour 2021) :1 – la Corée du Sud 19e position, note 0,92 2 -Emirates 26e position, note 0,91 3 -l’Arabie saoudite 35e position note de 0,874 -L’Argentine 47e position, note 0,84 -5 -la Turquie 48e position, note de 0,83 6 -L’Iran 76e position, note 0,77 7 – Le Mexique 86e position , note 0,758 -8 – L’ Algérie 91ème position , note 0,745 — 9 .. – l’Egypte 97e position, note 0,73, 10- Afrique du Sud 109e position 0,713 ; 11 – Indonésie 114e position 0,705; 12- Le Vietnam 115e position, note 0,703 12 – Les Philippines 116e position, note 0,699 13 – Bangladesh 129e position, note 0,661 14 – Le Nigeria 163e position , note 0,53 – 15- Éthiopie 175e position, note 0,49. Pour le niveau des réserves de change, autre indicateur (source -synthèse Pr Mebtoul FMI)- pour les cinq pays des BRICS pour février 2023, en milliards de dollars nous avons : 1 – Chine 3133 2 -Russie 12 263 – Inde 572 4 -Brésil 344 5 -Afrique du Sud 61. Pour les autres candidats postulant en tant que membre ou observateur nous avons par ordre décroissant en dollars courants les réserves de change suivant : 1 -L’Arabie saoudite 458 2 – La Corée du Sud 425 – 3 – L’Argentine 275 4 – Le Mexique 206 5 – L’Indonésie 140 6 – Emirates 115- 7 Les Philippines 94 – 8 -Le Vietnam 85 9 -La Turquie 74 10 – L’Iran .; 65 11 -L’ Algérie ; 64 -12 – Le Nigeria 37 . 13 – l’Egypte 34 – 14 -Bangladesh 3215. 15 Éthiopie 1,6 milliard de dollars.

II. Face à la dominance du dollar, quelle stratégie pour la Nouvelle banque de développement (NBD), des BRICS ?

Lors du sixième sommet annuel, en 2014, les fondateurs des BRICS, la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil et l’Afrique du Sud ont officialisé la création d’une banque commune la NDB, dont le siège est à Shanghai d’un fonds de réserve, visant à s’affranchir de la tutelle du dollar et des institutions de Bretton Woods mises en place après la guerre (Fonds monétaire international et Banque mondiale), banque qui est dirigée actuellement par l’ex-présidente brésilienne, Lors de sa visite en Chine, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a fait savoir que l’Algérie avait demandé officiellement à rejoindre la Nouvelle Banque de développement des BRICS, avec une première contribution à hauteur de 1,5 milliard de dollars. Cette banque avait été dotée d’un capital initial de 50 milliards de dollars, capital qui a ensuite été porté à 100 milliards de dollars dont la Chine a plus de 40% du capital social. Pour février 2023, les réserves de change selon le FMI des BRCS est le suivant : Chine 3133 milliards de dollars, la Russie 1226, l’Inde 572, le Brésil 344 et l’Afrique du Sud 61 milliards de dollars soit au total 5336 milliards de dollars, la part de la Chine étant de 59,11%. Pour d’autres pays candidats au prochain sommet des BRICS soit comme membre ou observateur les réserves de change sont pour -L’Arabie saoudite de 458 milliards de dollars, l’Argentine 275; le Mexique 206; -l’Indonésie 140 ; les Emirates 115 ; les Philippines 94 ; le Vietnam 85 ; la Turquie 74 ; -l’Iran .; 65, l’Algérie 64, le Nigeria 37 ; l’Egypte 34 et l’Éthiopie 1,6 milliards de dollars. En comparaison, les réserves de change des banques centrales étaient selon le FMI à fin octobre 2022 autour de 12.000 milliards de dollars, alors qu’à fin 2021, il avait atteint le niveau de 12.920 milliards de dollars. Une partie des réserves de la Banque des BRICS pourrait être concentrée, par l’émission d’emprunts sur le marché financier international afin de servir à la construction des infrastructures dans les BRICS. Les avantages de la Nouvelle Banque de développement tourneraient autour de cinq axes directeurs . Premièrement, c’est sous l’impulsion des BRICS que le G20 a transformé le forum de stabilité financière en conseil de stabilité financière, les BRICS ayant soutenu le rapport sur les G-SIFI pour réduire les risques moraux des institutions financières systématiquement et globalement importants, les fonds de couverture, le shadow banking, les produits dérivés financiers des marchés offshore et les agences de notation ayant été ramenés pour la première fois sous la supervision. Deuxièmement, utiliser leurs devises étrangères afin de réduire le risque d’inflation et de rétrécissement de leur réserve de devises étrangères, et de mieux servir leurs économies réelles; troisièmement, les bénéfices que la banque de développement pourrait tirer de l’investissement dans les économies réelles et dépasseraient largement ceux que les banques centrales pourraient tirer de l’achat de bons du Trésor des pays développés, et l’investissement dans les infrastructures pourrait stimuler la demande intérieure de ces pays, entraînant la croissance économique; quatrièmement, la Nouvelle Banque de développement ferait la promotion de l’usage des monnaies nationales des pays membres, ce qui pourrait promouvoir le commerce intérieur et l’investissement réciproque de ces pays, réduisant ainsi la dépendance au dollar. Cinquièmement, au prochain sommet il serait prévu la mise en place d’un mécanisme de paiement durable pour le commerce bilatéral, des pays du BRICS, l’objectif à terme, pas dans l’immédiat étant la création d’une monnaie commune adossé à l’or dont les réserves sont pour la Russie 2327 tonnes, la Chine 2068, l’Inde 795; le Brésil 130, et l’Afrique du Sud 125 tonnes. D’une manière générale, l’action des BRICS a permis de soulever des problèmes jusque-là ignorés par les pays développés dans un esprit dépassé de domination, comme le déséquilibre de l’économie mondiale, qu’il ne peut y avoir de développement global sans le développent et de prospérité de la majorité des pays en voie de développement, proposant de créer un partenariat global fondé sur le dialogue productif par une compréhension mutuelle et une coordination des efforts entre le Nord le Sud afin de résoudre les nombreux défis de notre monde. La valeur d’une monnaie étant fonction de la production et des structure des taux de productivité, l’action de la Nouvelle Banque de développement traduit la volonté des BRICS d’une rénovation de leur gouvernance interne, favoriser le co-développement, se fondant sur le respect du choix du système politique et économique de chaque nation, tenant compte de son histoire et de son anthropologie. Mais il faut être réaliste sur un PIB mondial en 2022 dépassant les 100.000 milliards de dollars, les USA avec près de 25.000 milliards de dollars de PIB en 2022, pour une population d’environ 320 millions d’habitants reste la première puissance économique mondiale. L’Europe vient après la Chine avec un PIB de 19100 milliards de dollars mais pour 1,4 milliard d’habitants) y compris la Grande- Bretagne plus de 17.000 milliards de dollars de PIB pour une population inférieure à 600 millions d’habitants. Bien qu’en baisse, le dollar reste dominant dans les transactions internationales suivi de l’euro. Entre 2021/2022, selon les données du FMI du 28 avril 2023, la part du dollar, dans les paiements mondiaux s’élève à environ à 38 %, l’euro faisant jeu égal avec le dollar ; les avoirs de réserves de change sont d’environ 20 % pour l’euro tandis que celle du dollar américain se situait aux alentours de 60% et la part du dollar dans les réserves de changes mondiales est passée de 71% en 1999, à 58% en 2022, l’euro 20,5%, le yen 5,5%, la livre sterling 5% et le yuan chinois 2,7%. Selon le FMI, sur un PIB nominal mondial qui est passé de 96 100 milliards de dollars en 2021 à plus de 100.000 milliards de dollars en 2022 le total di PIB des cinq pays des BRICS est de 27 700 milliards de dollars soit 27,7% du PIB mondial en 2022 pour une population de 3,2 milliards d’habitants. Avec les nouvelles adhésions, hypothèse de structure stable en 2022 par rapport à 2021, nous aurons un ratio de 33/34% du PIB mondial pour 50% de la population mondiale, dépassant le G7, environ 30/31%. Les Brics, accroissent leur part dans le commerce mondial qui a atteint en 2022 32.000 milliards de dollars où la Chine représente 21,5% du commerce mondial , les importations de biens étant de 2688,63 milliards de dollars et les services 441,31, les exportations de biens de 3363,83 et les services 392,19 milliards de dollars, les principaux clients de la Chine pour 2022 étant successivement : les USA avec 16,2%., l’ASEAN avec 15,8% et l’Union européenne avec 15,6%, Mais malgré le poids croissant des BRICS avec une démographie de 3,2 milliards d’habitants, le groupe ne dispose que de 15% des droits de vote à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international.

En conclusion, pour l’Algérie, comme tout autre pays qui voudrait être membre, qui doit tirer les leçons pour l’avenir, il faut analyser avec lucidité les apports de l’adhésion aux BRCIS. Le statut d’observateur est avant tout symbolique et ne confère aucun pouvoir de décision : pour preuve l’Algérie a déposé sa demande d’adhésion (à l’époque au GATT) en juin 1987, étant observateur, mais pas d’accord après plusieurs décennies de négociation ( la Chine et la Russie étant membre de l’OMC ). C’est que la puissance et l’impact dans les relations internationales en ce XXIe siècle se mesurent au poids économique et l’exemple est donné par la Chine qui en quelques décennies représente en 2022 plus de 70% du PIB des BRICS et près de 20% du PIB mondial préfigurant avec l’entrée de nouveaux membres au sein des BRICS entre 2023/2030 avec une profonde reconfiguration du pouvoir économique mondial . Concernant l’adhésion aux BRICS dont le fondement au départ repose sur ses critères strictement économiques, mais ne devant pas oublier les enjeux politiques, il faut un vote unanime des cinq pays, comme au conseil de sécurité, ou l’adhésion à l’OTAN , un seul pays avec un véto pouvant bloquer toute adhésion.

  1. M.